Au-delà des tendances et des chiffres, il faut écouter les consommateurs (réels et potentiels), ainsi que les professionnels de l’agencement et de la décoration.
Le plus souvent, quand une salle de bains est créée ou rénovée à 100 %, c’est dans le cadre d’une création (immobilier neuf) ou de la rénovation totale d’un logement existant. Lorsque la salle de bains est seule en question, après avoir envisagé son renouveau dans son ensemble, le projet, près de huit fois sur dix, dévie sur le remplacement d’une fonction, la rénovation d’une zone particulière ou le remplacement d’un produit. Les exemples sont connus : remplacer la baignoire par une douche, refaire le point d’eau, adopter un mitigeur thermostatique ou introduire un radiateur sèche-serviettes…
Pourquoi passe-t-on du global au local ? Cela tient en trois mots : compliqué, long, cher.
Dans un marché « pauvre », l’abondance de l’offre perturbe, il n’y a pas de maître d’œuvre pour coordonner, et le fait de réduire son ambition initiale permet de hausser d’un cran le budget réinterprété a minima.
On ne raisonne pas ainsi pour la cuisine où le « détail » concerne le plus souvent un produit (petit ou gros électroménager, évier…), mais où la rénovation s’applique généralement à « l’ensemble », jusqu’à l’éclairage, au sol et aux murs…
Espace et budgets demeurent contraints
Il en résulte que si l’enveloppe financière prévue doit être dépassée, elle le sera beaucoup plus facilement pour une cuisine que pour une salle de bains. Cette dernière pâtit au contraire d’une remarque que l’on entend souvent après le chiffrage du projet souhaité : « Je ne comptais pas mettre si cher ». L’usage de l’imparfait est révélateur : non seulement le budget a été sous-estimé, mais le projet initial appartient déjà au passé. Tout est revu à la baisse, et Internet joue un rôle déterminant dans cette révision.
Il suffit de consulter les offres des constructeurs et promoteurs pour s’apercevoir que la surface dévolue à l’espace bain n’évolue pas. Par rapport à plusieurs pays voisins (Allemagne, Italie, Espagne, pays scandinaves…), la salle de bains française n’intègre pas les toilettes, localisées à part. Ensuite, dès que le logement compte plusieurs chambres, la règle est d’équiper les chambres secondaires d’une salle d’eau (lavabo + douche). Du reste, la règle est valable dans un grand nombre de pays. Une publicité pour un immeuble New-Yorkais de très haut standing, proche de la 5e Avenue, présentait ainsi un plan type d’appartement de 175 m², où la salle de bains principale (suite parentale), avec une baignoire, une douche, et 16 m² environ, n’offrait pas une surface exceptionnelle, pas plus que les salles d’eau accompagnant les autres chambres. Et pourtant, on était dans le grand luxe.
Lorsque la surface de la salle de bains excède largement la moyenne, c’est uniquement parce que le donneur d’ordre l’a voulu ainsi. Ce n’est pas la règle, c’est l’exception.
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