Un an après l’intégration d’Ideal Standard par Villeroy & Boch, effective depuis mars 2024, les filiales se sont mises en ordre de marche. Ainsi, en France, Véronique Ollivier, ex-cluster leader Europe du Sud d’Ideal Standard, a été nommée cluster leader de V&B Group Europe de l’Ouest, qui réunit les deux entités. Interview.
Sdbpro – Avec le rachat d’Ideal Standard, un industriel plus gros que lui si l’on considère la seule division Salle de bains & Wellness, Villeroy & Boch est entré dans la cour des grands du sanitaire…
Véronique Ollivier – En effet, si l’on considère la salle de bains uniquement, en 2023, Ideal Standard devançait Villeroy & Boch en termes de chiffre d’affaires, qui était de 737 millions d’euros pour le premier et de 579 pour le second. Sur les neuf premiers mois de l’année 2024, les ventes de produits de salle de bains de V&B Group ont atteint 800 millions d’euros, sachant qu’Ideal Standard n’a été intégré que le 1er mars. Donc oui, nous entrons dans la cour des grands européens, dont nous devenons une très bonne alternative… Après, si l’on observe les marchés, tout dépend. Par exemple en France ou en Italie, les ventes d’Ideal Standard sont supérieures à celles de Villeroy & Boch, alors qu’en Allemagne, Belgique, Scandinavie…, c’est l’inverse. Les structures de business sont différentes dans chaque pays.
Jusqu’à quel point les deux entreprises sont-elles complémentaires ?
Véronique Ollivier – Elles sont complémentaires en termes de produits, de marchés et de niveaux de gamme. Il ne faut pas sous-estimer la robinetterie, qui représente la moitié du chiffre d’affaires du groupe Ideal Standard. Hier, Villeroy & Boch sous-traitait cette fabrication. Ce n’est plus le cas : les premières gammes de robinetteries Villeroy & Boch sont en train de sortir de l’usine de Wittlich en Allemagne et de celle de Sevlievo en Bulgarie, qui est l’une des plus importantes d’Europe. Que V&B Group devienne fabricant de robinetterie, ça va tout changer. Ensuite, géographiquement parlant, Ideal Standard est très présent en Afrique, Moyen-Orient et dans les pays du Golfe. Pas la division Salle de bains & Wellness de Villeroy & Boch. En Angleterre et Italie, Ideal Standard est également mieux établi. En revanche, en Allemagne, Scandinavie, et plus généralement dans tous les pays du nord, c’est l’inverse, Villeroy & Boch est très, très fort. La marque est également installée en Chine, en Asie-Pacifique, Australie et Amérique, contrairement à Ideal Standard.
Combien d’usines possède désormais le groupe ?
Véronique Ollivier – Il y a quatre usines de robinetteries, dont trois en Europe, une usine de meuble en Allemagne et douze usines de production de céramique sanitaire et wellness, dont neuf en Europe et une France. Nous disposons également de treize plateformes logistiques, dont deux en France, à Dole dans le Jura et à Valence-d’Agen dans le Tarn-et-Garonne.
Que deviennent les différentes marques ?
Véronique Ollivier – Les marques conservent leur positionnement naturel, c’est-à-dire premium, voire luxe pour Villeroy & Boch, avec une offre large, inspirationnelle, qui s’inscrit dans la durée. Ideal Standard est, elle, positionnée sur un segment du marché que nous appelons smart premium. Roberto Palomba reste son directeur artistique, qui s’attache à créer une identité visuelle commune entre chaque élément de la salle de bains. Les deux marques poursuivent donc leur stratégie en matière de design et conservent leur identité qui, pour Villeroy & Boch, est plutôt classique, intemporelle – elle est qualifiée de timeless dans le groupe, c’est-à-dire hors du temps – et plus contemporaine et minimaliste pour Ideal Standard.
Et Porcher ?
Véronique Ollivier – En France, Porcher est une marque très connue du grand public, donc de tout le monde, comme d’ailleurs Villeroy & Boch. L’attachement à Porcher est instinctif, presque émotionnel… La marque est très bien positionnée sur le segment Projet du marché et représente les trois quarts des ventes d’Ideal Standard en France. Elle est bien sûr maintenue, au même titre que certaines dans d’autres pays, comme Armitage Shanks en Angleterre ou Gustavsberg en Scandinavie. Maintenue dans sa spécificité.
Qu’en est-il de la nouvelle organisation commerciale ?
Véronique Ollivier – Sur le terrain, les commerciaux, soit plus de 50 personnes, représenteront les trois marques, sous la responsabilité de Maximilien Sprenger, directeur national des ventes en charge des réseaux grossiste showroom et libre-service ; de Paul-Louis Villeroy de Galhau en tant que directeur national e-commerce, GSB et Cuisine ; et de Jean-Luc Boulay, directeur national Projets, résidentiels et non résidentiels. Les équipes sont en train d’être construites, avec l’idée d’un équilibre entre les deux marques, afin que la connaissance et le savoir de chacune demeurent.
Vous serez à ISH, sous la coupole… Un emplacement prestigieux !
Véronique Ollivier – Au-delà du prestige, après avoir été géré par un fonds d’investissement, Ideal Standard est très heureux d’avoir été racheté par un industriel. Désormais, nous travaillons sur le long terme plus que sur le court terme. C’est un fonctionnement complètement différent. Derrière nous, il y a une histoire, des familles, des valeurs, des investissements…