Les cartouches de mitigeur dites progressives ou séquentielles, qui sont très utilisées dans les pays anglo-saxons, se développent en Europe. Pour quels avantages ?
Les cartouches progressives, également appelées séquentielles, sont courantes au Royaume-Uni et outre-Atlantique. Elles sont désormais proposées en Europe, plus particulièrement dans les établissements de santé. Mais qu’ont-elles de différent ?
Avec une cartouche progressive/séquentielle, seule la température de l’eau est réglable
Lorsque la robinetterie est équipée d’une cartouche progressive ou séquentielle, qu’elle soit mécanique ou thermostatique, la course de la manette est uniquement horizontale – dans le sens horaire au lavabo et antihoraire dans la douche –, ne permettant pas de régler le débit de l’eau, mais seulement sa température, du plein froid vers le plein chaud. Le robinet s’ouvre sur l’eau froide, qui coule d’abord petitement, puis à 100 % lorsque le débit nominal est atteint, à environ un tiers de la course de la manette. Puis le « mélangeage » commence, jusqu’au plus chaud en bout de course.
Ainsi, une seule manœuvre, latérale, est requise pour faire fonctionner ce type de robinet qui, lorsqu’il est pourvu d’un levier allongé, peut être ouvert d’un simple coup de coude, par un chirurgien par exemple.
La fermeture des mitigeurs à cartouche progressive/séquentielle se fait sur l’eau froide
Avec une cartouche séquentielle, la fermeture du mitigeur se fait systématiquement sur l’eau froide. L’utilisateur est donc obligé de ramener la manette à son point de départ. C’est un avantage du point de vue des économies d’énergie, mais aussi lorsque la sécurité antibrûlure est nécessaire, notamment dans les établissements de santé. Delabie, qui emploie cette technologie, met aussi en avant l’aspect antibactérien : étant donné qu’il n’y a pas d’interconnexion possible entre l’eau chaude et l’eau froide, on évite le clapet antiretour, interdit par la norme NF Milieu Médical.
Dans la salle de bains d’une chambre d’Ehpad ou d’hôpital, en présence de personnes âgées ou d’enfants, la sécurité antibrûlure est indispensable. Néanmoins, le grand public est habitué à actionner le levier du mitigeur également vers le haut, au risque d’endommager ceux à cartouche séquentielle. Une initiation est donc nécessaire, qui n’est pas toujours compatible dans les lieux à fort passage.
De plus, dans la douche, la nécessité de fermer le robinet sur l’eau froide n’incite pas aux économies d’eau : pour ne pas perdre son réglage de température et pour éviter d’être arrosé d’eau froide lors de la réouverture, l’utilisateur aura tendance à laisser couler l’eau chaude même lorsqu’il se savonne.
Débit fixe et fermeture sur l’eau froide limitent l’usage des cartouches progressives/séquentielles dans l’habitat
Si les cartouches progressives ont des atouts dans les établissements de santé, qu’en est-il dans les salles de bains des particuliers ? Parce qu’elles présentent un diamètre réduit jusqu’à 25 mm, elles autorisent des corps de robinet filiformes, surmontés non pas d’une manette, mais d’une poignée. Toutefois, la technologie a ses limites dans l’habitat : d’une part elle ne permet pas d’obtenir de l’eau chaude à faible débit, d’autre part le mode d’utilisation n’est pas intuitif. Sauf, éventuellement, sur un lave-mains, où l’on est habitué à trouver des robinets simples.
Les cartouches progressives équipent parfois de (faux) mélangeurs trois trous, dont l’une des poignées sert au réglage de la température et l’autre à celui du débit. L’eau chaude et l’eau froide arrivent sur la cartouche progressive et, la température voulue obtenue, le mélange est envoyé via un flexible à la poignée de réglage du débit avant de repartir vers le bec. Avantage de cette solution : la température de l’eau, aisément modulée, est toujours retrouvée même si l’on ferme le robinet. Inconvénient : il faut connaître le mode d’emploi.
Photo : cartouche progressive Geann Industrial Co.