A l’instar d’une constellation de domaines (publicité, marketing…)[1], la salle de bains semble avoir la tête dans les étoiles : on la rêvait spacieuse, la voilà spatiale ! Alors que le voyage interstellaire est en passe de devenir une réalité, bien qu’encore réservée aux globe-travelers les plus fortunés, un véritable « cosmic trip » (in)fuse ici-bas, et nous met, clin d’œil à Méliès, des navettes plein les mirettes.
En décoration, les planètes sont plus que jamais alignées. Depuis que Thomas Pesquet, promu ambassadeur de la France et de l’humanité, rend compte de ses balades intersidérales sur les réseaux sociaux tandis qu’Elon Musk annonce l’imminence du premier vol orbital privé, l’espace est (re)devenu tendance. A défaut d’embarquer le commun des mortels dans ces vols habités qui resteront encore longtemps l’apanage des milliardaires, c’est lui qui colonise notre planète. Et bien qu’on ait pu le croire à des années-lumière du phénomène stellaire, l’univers du sanitaire n’échappe pas à la force de son champ gravitationnel. Car si l’apesanteur fascine autant en ces temps de pandémie, rappelons qu’elle est l’antithèse logique à la lourdeur et au marasme ambiants, un échappatoire…
Mission to bath
Avant que la situation sanitaire n’occulte l’éclat des salons (qui tels des astres éteints continuent à briller dans nos mémoires), notre sonde avait déjà repéré quelques ovnis pénétrant la galaxie astro-nautique. Sur le dernier ISH (celui dont nos pieds ont foulé le sol pour de vrai, comme Neil Armstrong le satellite naturel de la Terre en son temps), c’est par exemple dans une atmosphère intersidérale que Keuco avait mis en scène son incroyable ciel de pluie/éclairage. L’anneau de lumière de la Shower Light Royal Midas (photo ci-contre) se détachait dans la pénombre sur un ciel d’étoiles alors qu’un cosmonaute de faïence, en l’occurrence le soliflore Cosmic Diner Starman de Diesel living x Seletti prenait la pose dans un coin de la pièce. A noter que cette même marque de déco décalée a également lancé une série de patères rondes comme des planètes, à mettre en orbite au mur, pour accrocher vêtements et serviettes à l’heure de la toilette (photo ci-dessus).
De corps céleste, il est aussi question avec les toilettes habillées par la firme japonaise Artoletta, dont la collection Space Odyssey constitue un hommage au système solaire. Avec ces décors qui enveloppent toute la cuvette, les WC changent littéralement d’univers, deviennent des territoires détachés du reste de l’habitat, du moins symboliquement. Lunette comprise, ceux-ci se parent du bleu de la Terre, du rouge de Mars ou des nuances jaspées de Jupiter. Le rendu, minéral et tel qu’un vaisseau spatial pourrait l’observer, met l’accent sur des dégradés, des diaprures, des reflets irisés, qui donnent l’impression d’une réelle profondeur, faisant plonger le regard vers l’infini… et au-delà (photo ci-contre).
Cet effet de roche 3D est recherché par les spécialistes du revêtement. Lors du dernier salon de Bologne, le carrelage explorait volontiers la fusion pierre/cosmos avec de vrais-faux minerais, traités comme des pierres précieuses.
Ainsi, Sant’Agostino présentait InsideArt (photo ci-dessus), une collection de grès cérame dans laquelle le traditionnel format 20×20 accueille en son centre un globe de couleurs chatoyantes ou une nuance foncée dite Liquid Moon. Une voie assez proche de celle suivie par la collection Raktion chez Codicer (photo de gauche), mais couvrant tout le carreau, hexagonal cette fois, avec un rendu aquarellé des abysses de l’univers.
Du côté des plaques XXL, un marbre brun-beige de Kale prend par exemple le nom d’Asteroid (photo de droite), traversé d’une sorte de voie lactée, et chez Cerdomus, un ultra sombre ressemblant à de la matière noire ou une météorite celui de Galaxia.
Même la lave émaillée se prend au jeu, avec la collection Cassiopea du spécialiste Pecchioli, en 60×60, quand, à l’inverse, Styl’Editions ne mise pas sur l’effet de matière mais un motif figuratif signé Gum Design pour envoyer le décor mural sur une Luna stylisée à la Méliès (photo de gauche), déclinée en papier peint (un lé) ou en céramique (quatre plaques, 100 x 300).
Autre exemple de cet attrait pour l’immensité de l’éther, l’exposition Famous Bathroom qui, lors du dernier Cersaie, imaginait des salles de bains et toilettes d’illustres personnages sous la houlette des architectes et designers Angelo Dall’Aglio et Davide Vercelli. Pas moins de trois tableaux se consacraient à des figures de l’espace, de l’astronome Galilée à Isaac Azimov, biochimiste de renom et auteur d’ouvrages de science-fiction, sans oublier Neil Armstrong, le premier homme à avoir mis le cap sur la lune (photo de droite).
[1] Sélection d’articles et de publicités (vidéos) récentes en lien avec la tendance spatiale :
L’ADN Tendances : Objectif pub : tout le monde veut Thomas Pesquet pour faire sa promo
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