Outre la couleur, que la baignoire décline sur tous les tons, la tendance est aux cuves rondes : basses façon tub ou hautes inspirées par l’art du bain japonais. Plus que jamais depuis qu’elle s’est détachée des murs, la baignoire n’a plus de limites.
A l’ISH 2019, la couleur ne se cantonne pas à la céramique, la déferlante ayant atteint la baignoire. Faisant suite aux six finitions de peinture standard proposées avec succès depuis 2016, Victoria+Albert lance un service inédit de personnalisation qui donne accès à 194 couleurs RAL pour les finitions extérieures de ses baignoires et vasques en Quarrycast (décliné aussi maintenant en blanc mat, très tendance). Un challenge productif qui démultiplie les possibilités offertes, pour un total dépassant les 28 000 variantes pour les baignoires et 5 000 pour les vasques (photo ci-contre) !
Villeroy & Boch a également donné carte « blanche » à Gesa Hansen pour présenter « His & Hers », un travail prospectif sur la thématique homme/femme. Basé sur l’utilisation de tonalités de caractère dont l’organisation et l’intensité diffèrent selon le genre, ce concept chromatique est plus audacieux que la palette douce et nuancée qu’elle a déjà créée pour la série de lavabos Artis. Parmi les propositions, la plus spectaculaire est sans doute la baignoire îlot Aveo New Generation entièrement réalisée en… rouge vif, qui reste – hélas – pour le moment, au stade de prototype (photo d’ouverture).
La couleur « à la carte », presque généralisée, débride l’imagination des fabricants qui osent parfois des associations tapageuses. Derrière l’outrance, on devine le potentiel, comme cette tri-coloration (jaune/rouge/noir) vue chez Aqua Design Studio (Aquamass).
Plus en phase avec le marché, certains ont fait le choix d’exposer des baignoires en total look noir, parfaitement en accord avec les nombreuses vasques – et cuvette de WC – foncés aperçus ici et là (Atmosphere Ovale de Colacril, en solid surface ; BetteSpace en acier émaillé…).
Avec ou sans pigment, une matière originale 100 % recyclable a fait son show sur le stand de la bien-nommée société finlandaise Woodio, où trônait une baignoire en copeaux (du bois de tremble, produit localement) liés par une résine polymère durable. Résistant à l’eau, ce prototype est coordonné à deux séries de vasques (Soft, Cube) déjà commercialisées, disponibles en mat ou brillant et en cinq couleurs. A suivre, une cuvette de toilette est annoncée pour 2019…
Des lignes à l’unisson
La couleur n’est évidemment pas le seul vecteur de l’harmonisation dans la salle de bains. Sans le design, la notion de collection n’est rien. Et les baignoires sont l’objet d’exercices de style souvent brillants. Duravit et Sieger design ont par exemple dévoilé la baignoire en îlot XViu, pièce maîtresse qui partage les mêmes profilés en forme de V que le point d’eau console, en contraste avec la cuve en acrylique blanc brillant.
Dans la collection Sonar de Laufen, la baignoire vient de faire une entrée remarquée. Dotée d’une plage de dépose qui sert aussi à encastrer la robinetterie, elle reprend les codes visuels installés par Patricia Urquiola sur les vasques, avec notamment de fines stries verticales en surface. Mais elle intègre aussi des éléments de confort, comme un dos inclinable et un plateau circulaire qui se pose à cheval sur le rebord, ces deux accessoires étant amovibles pour suivre l’utilisateur.
Et si le vrai luxe, c’était l’aisance ?
Plus une baignoire (ou presque) sans son pont, pour disposer ses accessoires, son verre… Glamourisées par des finitions soignées, les poignées (ou accoudoirs qui servent d’appui au sortir du bain) reviennent en force. Elles sont notamment présentes sur les modèles de grand standing, comme chez Toto qui prône une détente totale dans ses nouvelles baignoires à flottaison à l’ergonomie poussée (technologie Recline Comfort) ou encore sur la très cossue Baia d’Armani Roca.
Le cercle comme un retour aux sources ?
Comprenant une vasque à poser, un receveur rond et une baignoire, tous bicolores (extérieur noir, intérieur blanc), la collection Bowl de l’entreprise slovène Kolpa San rend clairement hommage au tub en métal, ancêtre de la douche, mais pas que (photo-ci-contre)… Destinée à toutes les sortes d’ablutions, l’antique cuvette large et basse donne ici sa forme (et sa relative profondeur) à une douche originale, et se trouve dans chacun des éléments, telle une « bague ».
Même clin d’œil au bain-douche des origines chez Flaminia qui, aux côtés de vasques inédites, remettait en avant la baignoire Fontana en Pietraluce. Dessinée par G. Cappellini en 2005, elle se distingue par son diamètre ample (Ø 135 cm) comparé à sa faible hauteur (H 44 cm seulement).
Plus généreuse encore, la Forma développée par Ludovica + Roberto Palomba en collaboration avec Matteo Bollati et Stefano Contini pour la firme espagnole Inbani se décline en format XXL, toujours relativement basse au regard de ses proportions hors norme (L 190 x 150 x H 53 cm).
Cette année, nouveau rime plus que jamais avec anneau, à l’instar de la baignoire Pond de Bette, en acier titane vitrifié, ou encore de la Taizu de Victoria + Albert (hauteur 60 cm) réalisée en collaboration avec Steve Leung, architecte d’intérieur et designer basé à Hong Kong. Larges (Ø 150 cm) et profondes, ces deux baignoires circulaires permettent une immersion complète du corps. Ce qui leur donne des airs de bain japonisant. C’est là une autre tendance-phare du salon ISH 2019, repérée aussi chez VitrA, au travers de la baignoire ovale Voyage. Signée Arik Levy, on s’y plonge grâce à un marchepied en lattes de bois qui ritualise l’accès au bain.