L’iconique carreau du métro affiche une surprenante jeunesse, proposant moult formes et formats dérivés. Valeur sûre, ces briquettes new look font une halte à la station Tendance. Mate ou brillante, lisse, en relief ou biseautée, pose horizontale ou dynamique… Coup de projecteur sur ces collections qui réactualisent les mythiques carreaux de faïence blanche, entre fausse citation et vrai détournement.
La première ligne de métro parisienne a été inaugurée quelques mois avant le début de l’Exposition universelle de 1900. Les stations Porte Dauphine et Porte de Vincennes ont conservé leur décor d’origine : des carreaux de grès biseautés en émail blanc de 7,5 cm par 15 cm qui habillaient voûtes et quais. Leur fourniture était assurée par deux faïenceries : Gien (qui en plus de ses barbotines s’est lancée dans la production de revêtements en céramique en 1882) et Choisy-le-Roi (entreprise Boulenger).
Le choix de ce type de parement est alors dicté par plusieurs raisons, plus pratiques qu’esthétiques. A l’orée du XXe siècle, l’hygiène est une préoccupation émergente : offrant peu d’adhérence à la saleté, la surface lisse du « carreau de métro » facilite le nettoyage et, in fine, le maintien de la propreté dans les rames. En plus de conforter les voyageurs dans l’idée qu’ils se trouvent dans un lieu « net », l’option du blanc répond à un manque cruel de luminosité dans les galeries, particulièrement sombres. La puissance des ampoules de l’époque est si faible (15 W) que cette teinte est d’évidence appréciée pour sa clarté naturelle. Et ce d’autant plus que les surfaces émaillées sont brillantes et que les biseaux qui animent leurs côtés renvoient le peu de lumière.
Métro-rétro-déco
Passé depuis longtemps du Métropolitain à l’habitat, ce type de carreau est un genre qui, mine de rien, se renouvelle sans cesse. Dévoilé au Cersaie 2018 par la division carrelage de Villeroy & Boch, Metro Flair est un nouveau concept d’habillage mural qui ré-interprète les traditionnels parements du métro parisien. Biseautés, ceux-ci sont déclinés sur trois formats qui invitent à créer des compositions d’une grande modernité : suivant le principe de pose adopté (à joints décalés ou coupés, en chevron), le rectangle de 10 x 20 cm n’est déjà plus si classique. Deux dimensions de carrés complètent cette collection de faïence au look urbain (10 x 10 cm et 20 x 20 cm) et un panel de huit couleurs actuelles conforte le charme néo-rétro de Metro Flair : snow, midnight (noir), alabaster, clay, light dove (trois gris-beige), sage (vert), mystic navy (bleu) et berry (rouge).
Autre collection disruptive qui se dédouane des conventions tout en s’inspirant du passé, Bowl d’Iris Ceramica (photo) mérite également d’être distinguée. Appliqués à la verticale ou à l’horizontale, les reliefs en 10 x 20 cm apportent du volume en alternant surfaces brillantes et mates, teintes chaudes, pastel clair et sombres.
En interaction avec la lumière
A l’image de leur illustre modèle, les récentes collections Hanami (Vives, ci-contre), Brick Inspiration (Cerdisa), Materia (Vogue) ou encore Ewood (Caesar) affichent des surfaces émaillées qui maximisent les reflets sans toutefois présenter de bordure taillée en oblique, détail que ne présentaient d’ailleurs pas les carreaux d’origine des voûtes du métro, en simple brique vernissée (du moins jusqu’en 1902). Comme Brooklyn, série résolument vintage lancée par FAP en 2017, Materia (Vives, en 10 x 20 cm, huit variations de couleur dont quatre opaques), Brick Inspiration (Cerdisa) et Ewood (Caesar, 7,5 x 30 cm, quatre tons) présentent une surface légèrement grainée qui fait danser la lumière, la matière semblant vibrer sur les murs. Cette irrégularité maîtrisée est le signe d’une facture artisanale qui ajoute du caractère à la salle de bains, de même que les joints en couleur qui soulignent chaque segment dans un esprit géométrisant (Materia, Vogue voire photo au-dessus).
Chez Cerdisa, le nouveau revêtement en pâte blanche Brick Inspiration (ci-contre) porte un nom explicite car il autorise toutes sortes de fantaisies géométriques, son unique format (10 x 30 cm) étant décliné en huit tons, eux-mêmes proposés en deux séries avec ou sans micro-motif. Bien que léger, ce décor ton sur ton possède une réelle expressivité. Il peut être utilisé pour valoriser un élément fort du décor et « éclairer » une zone de la salle de bains grâce à l’aura de sa surface légèrement miroitante.
L’antithèse de la matité
A contrario de ces carreaux vernissés, la firme 41zero42 (photo de droite) vient de mettre sur le marché une collection qui mise sur une matité dont le côté dépoli va bien au-delà des déclinaisons « satinées ». Biscuit se réfère à la très ancienne technique de porcelaine ou faïence éponyme, dépourvue de glaçure, et offre six surfaces géométriques différentes : Plain, Dune, Peak, Stud, Waves et Strip. Tridimensionnelles, d’inégal relief, intaillées ou chanfreinées pour certaines, elles jouent avec les lumières tout autant que les ombres pour souligner l’architecture de la pièce. En combinant verticalement de petits formats (5 x 20 cm) proposés en blanc ou Terre, tout simplement, la collection Biscuit s’approprie certains codes des carreaux de métro pour en livrer une interprétation décalée, entre référence pointue au passé et créativité débridée. Parmi les nouveautés repérées, citons également une entrée au catalogue 2019 de Tonalite (photo de gauche) : la collection Floor se décline en un décor sombre, Graffiti Cloud, constellé d’incisions gravées dans la matière et dont le format (10 x 20 cm) les convoque de façon lointaine mais certaine.