Alors que la matité essaime dans les collections, du point d’eau à la baignoire en passant par les façades de mobilier, le brillant (notamment sur la céramique) entame son retour, éclatant et coloré comme jamais, offrant à la salle de bains un lustre inédit.
Les derniers lancements confirment cette tendance, qui n’est donc pas au mix… mais au match entre le mat et le brillant. Car, manifestement, les surfaces réfléchissantes redeviennent tendance, au même titre que celles qui absorbent la lumière. Quid alors ? (Photos ci-dessus, de gauche à droite et de haut en bas : Bettecraft de Bette, Acque de Cielo, Terra Nordic mat de Alape).
Ce paradoxe s’explique. Pour le comprendre, il faut s’intéresser au dénominateur commun entre ces deux effets : la couleur. Car si le développement de la céramique blanc mat pour les vasques et lavabos permet un coordonné parfait avec les baignoires en solid surface et autres mineral marbre qui ne brillent pas (à l’exception du Quarrycast de Victoria+Albert, lequel se décline désormais aussi en mat), le traitement « sourd » d’une couleur atténue toujours son impact (voir la note ci-dessous).*
Délestée de ses reflets clinquants, n’importe quelle teinte semble moins tape-à-l’œil. Et ce n’est pas pour rien que les nuanciers qui ont contribué à relancer la mode des couleurs face au dictat du tout-blanc sanitaire, ont d’abord misé sur un registre naturel, à l’instar de Terre di Cielo, dès 2013. Les nuances étaient alors plutôt terreuses, du beige aux gris laiteux ou profonds, dans des traitements à peine satinés sinon mats. Basée sur un principe physique simple (l’opacité altère la profondeur de coloration), cette modération a un mérite non négligeable, celui de faciliter l’adhésion du client. Pour « sa » couleur, mais aussi in fine pour « la » couleur en général. De demi-teintes en pigments « éteints », le marché a ainsi, sans se faire peur, repris progressivement de l’appétence pour la couleur, la lame de fond de la personnalisation jouant-là le rôle de catalyseur.
Affaire de goûts… et de couleurs
Le mot « brillant », qui désigne aussi une pierre précieuse taillée en diamant, prend alors tout son sens, faisant symboliquement de la salle de bains soumise à cette tendance un bijou… Il est vrai que la couleur donne à la céramique brillante un éclat inhabituel, une flamboyance qui frappe l’imagination. De l’ordre de l’expérience sensorielle, cet argument est notamment repris par Cielo qui vient de lancer un second nuancier à effet glossy. Véritable pendant (pour ne pas dire antithèse) du nuancier Terre di Cielo, celui-ci comprend une palette de six couleurs vernies brillantes, de nature à transmettre des émotions dans la salle de bains : Acque di Cielo (outremer, émeraude, algue, corail, nénuphar et anémone).
Mais la compétition entre mat et miroitant en cache en fait une autre, tout aussi fondamentale que formelle. Au point d’eau, les matériaux rivalisent, les effets de surface entretenant la confusion. Nonobstant l’indication de matière fournie de facto par le nom du fabricant, bien malin celui qui peut affirmer autrement qu’au toucher, plus ou moins froid, de quoi sont faites certaines vasques, que la finesse (et le design) ne distinguent plus.
Made in shinny
Céramique ou acier, leur aspect est plus que jamais émaillé. Ce terme dépasse désormais le seul registre technique pour parer les appareils d’une nouvelle rutilance, que l’on dirait moirée, la nuance changeant selon l’angle, pour un rendu métallique digne d’une peinture automobile.
Dans cette veine, parmi les avant-premières au salon Il bagno de Milan (reporté mi-juin), Bette, spécialiste de l’acier titane vitrifié, a dévoilé à la presse de nouveaux rendus colorés, particulièrement lumineux, entre irisation et scintillance pour le lavabo BetteCraft dessiné par Tesseraux + Partner (Midnight, Blue Satin, Daylight, Forest). Ces quatre couleurs définies comme « à effet » sont à distinguer des cinq brillantes déjà existantes dites « sanitaires » (donc standard) et viennent compléter les vingt-deux « exclusives » (finition mate) qui incarnaient jusqu’alors la pointe de la tendance (qui se dédouble donc).
Couleurs élémentaires
Sur ce même matériau, un autre fabricant joue lui aussi sur les deux types de traitement surface en mettant à l’honneur deux des quatre éléments. Alape offre en effet depuis le salon ISH 2019 le choix entre un rendu poudré sur des tons pastel assez neutres (« Terra ») et une surface chatoyante servie par des couleurs océaniques, intenses et profondes (« Aqua ») qui coulent de source dans la salle de bains où l’eau est reine. Une dichotomie (Terre/Eau, chaud/froid, sec/humide) qui n’est pas rappeler celle instaurée par Cielo avec ses deux palettes de céramique colorée, mate ou brillante…
* Note : La page Wikipedia explicitant les notions de « brillant et mat » précise qu’elles « sont des caractéristiques opposées d’une couleur, que la colorimétrie mesure par la différence entre la réflexion diffuse (lumière réfléchie dans un grand nombre de directions) et la réflexion spéculaire d’une surface (lorsque le rayon incident donne naissance à un rayon réfléchi unique). »
Bonjour,
vous parlez d’une présentation à la foire de milan qui n’a pas eu lieu ?
Bonne journée
jean marc
Bonjour Jean-Marc, le salon de Milan, qui devait avoir lieu en avril, a été annulé, pour cause de coronavirus. A bientôt. MT