Consacrée sur ISH 2019, l’une des dernières créations de Flaminia puise dans un répertoire de formes… ecclésiastique. Par son nom, Settecento fait référence au XVIIIe siècle tandis que son design s’inspire directement des bénitiers en marbre de l’époque.
Giulio Cappellini, le créateur de Settecento de Flaminia, a façonné cette vasque circulaire à l’image des bassins contenant l’eau bénite à l’entrée des églises baroques italiennes. Originale, cette idée fait symboliquement de la salle de bains un sanctuaire et, par extension, de l’eau une « onde céleste » destinée en quelque sorte à la purification du corps.
Outre des proportions généreuses caractéristiques de l’objet liturgique d’ordinaire consacré aux ablutions des fidèles dans le culte catholique, Settecento affiche un motif extérieur très dynamique.
Avec ses rainures à intervalles réguliers dans la matière, le contour polygonal renvoie aussi à celui délicatement dentelé d’un coquillage géant, le tridacne, autrefois employé comme bénitier, fond baptismal ou fontaine, à l’instar du spécimen décrit par Jules Verne comme ornant le salon du capitaine Nemo à l’intérieur du Nautilus, dans Vingt mille lieues sous les mers.
La céramique texturée, placée très haut actuellement sur l’autel des tendances, ne se contente pas ici d’imiter l’austérité du marbre ou la préciosité de « l’ivoire des mers », caractéristique du style rocaille. Paradoxalement, par ses échancrures fuselées héritées du passé en référence à son design sacré, la matière affirme sa modernité. Elle permet aussi à la marque de démontrer sa dextérité.
La maîtrise d’un tel process de céramique tridimensionnelle apparaît en effet comme un vrai challenge productif, rendu possible par l’allègement de la matière qui a bouleversé la filière au cours de ces cinq ou six dernières années. Les nouvelles formulations, qui donnent des céramiques plus dures, permettent de réaliser des arêtes vives, impossibles jusqu’alors. Au catalogue de Flaminia, il suffit de comparer Settecento avec le lavabo Doppio Zero de Paola Navone (2011) : parcouru de lignes courbes qui lui donnent, selon les avis, un air de moule à gâteau surdimensionné ou de fleur résolument seventie’s, il ne présente pas un tracé aussi incisif, les bords n’atteignent pas la même finesse, spectaculaire.
La recherche de mouvement et les lignes courbes qui particularisent Settecento prennent visiblement le contrepied des formes et des finitions lisses, classiques. Une opposition à la convention qui se retrouve justement dans les fondements de l’art baroque dont s’inspire (et que revendique) ce modèle. Incarnant cette novation, la vasque en céramique Settecento de Flaminia se met au service d’une exubérance décorative pour nous surprendre et nous émouvoir avec un objet qui, mine de rien, sacralise le rituel de la toilette.