A côté des mitigeurs en laiton, ceux en zamac et polymère, déjà présents sur le marché, vont se développer rapidement, que ce soit pour des questions de coûts, de réglementations ou de contraintes administratives. Mais une autre génération de robinets arrive, en rupture avec l’objet que nous connaissons…
Le zamac n’est pas une nouveauté en robinetterie, employé notamment par Presto, spécialiste des collectivités, pour fabriquer les corps de ses mitigeurs électroniques dans lesquels sont insérés les piles, capteur, électrovanne… nécessaires à leur fonctionnement. Mais le matériau est incompatible avec l’eau potable, qui circule donc dans une tubulure en plastique (POM), de la sortie de la cartouche céramique à l’aérateur en bout de bec.
Des robinets en zamac et polymère
Dans la salle de bains, les mitigeurs en zamac – corps et manette – sont plus récents. Grohe, sans doute pionnier en la matière, les fabrique dans son usine thaïlandaise construite en 2017. D’autres marques européennes s’y sont mises ou vont s’y mettre prochainement, en particulier pour leurs modèles d’entrée de gamme. Car, composé à 95 % de zinc, le zamac est bon marché, léger, moulable sous pression, donc adapté aux productions volumiques, et recyclable à l’infini. Mais il n’est pas la seule alternative au laiton. Il y a encore le polymère, lui aussi léger, insensible à la corrosion, non conducteur de chaleur, et moins coûteux que le laiton. Il est par exemple employé par Grohe (mitigeur électronique Bau Cosmopolitan E) et Hansa (Hansafit).
Des contraintes réglementaires
En plus du cuivre (environ 60 %) et du zinc (environ 40 %), le laiton contient du plomb, destiné à limiter la corrosion et à faciliter l’usinage en réduisant la dureté de l’alliage. Dans sa « nuance » la plus couramment employée en Europe, la teneur peut atteindre 5 %.
Or, depuis le début de l’année 2023 [1], les laitons qui sont en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine doivent contenir moins de 3,5 % de plomb s’agissant des barres (décolletage) et de 2,2 % des lingots (fonderie). Certains d’entre eux sont donc interdits désormais, notamment les moins coûteux.
Une solution clé en main qui va favoriser les nouveaux matériaux
A ISH 2023, Neoperl, fabricant d’aérateurs et autres accessoires vissés en bout de bec, a lancé Watertrain, une voie d’eau en polymère à installer dans un corps de robinet creux, de n’importe quelle forme ou matériau (photo ci-contre). Elle conduit l’eau, des flexibles d’alimentation à l’aérateur, évitant tout contact avec le matériau constituant le mitigeur. Avec ce système, non seulement le mitigeur peut être en zamac, polymère ou autre, mais le metteur sur le marché n’a plus à se soucier des divers agréments et certifications : c’est la voie d’eau qui est concernée.
Ce produit est d’autant plus intéressant que, partout en Europe, les contraintes administratives retardent les lancements des produits. En France par exemple, toute mise sur le marché d’un produit métallique en contact avec l’eau potable doit attester du respect de la réglementation et faire l’objet d’une Attestation de conformité sanitaire (ACS), à renouveler au bout de 5 ans.
De quoi les robinets de demain seront-ils faits ?
Parce que le laiton, du fait de son taux élevé de cuivre, est très sensible aux cours des matières premières, il est probable qu’il soit bientôt réservé au segment moyen/haut de gamme, et le zamac et les polymères à celui du bas/confort. Cela étant, dès lors que l’eau est acheminée dans une tubulure insérée dans un corps creux et non plus directement dans le mitigeur, l’éventail des matériaux employables devient sans limite.
Mais il y a une autre perspective, celle d’une rupture du point de vue du design, où le tube en question deviendrait le robinet proprement dit, avec une ouverture/fermeture du débit et un réglage de la température obtenus à l’aide d’un bouton séparé. Là serait la véritable révolution, d’autant plus concevable que la réduction des consommations d’eau, donc d’énergie, avance à marche forcée. Cette manière d’envisager l’objet, Hansgrohe l’a donné à voir à ISH 2023, dans sa prospective Green Vision Beyond Water où le point d’eau est alimenté via un tube en arc, les deux formant un ensemble indissociable.
Et l’on mesure, dès lors, la nécessité pour les industriels de la salle de bains d’en maîtriser chacun des éléments, par exemple en devenant des multispécialistes.
[1] Suite à la directive 98/83/CE et à l’arrêté français du 25 juin 2020, obligatoire depuis le début 2023, relatif « aux matériaux et produits métalliques destinés aux installations de production, de distribution et de conditionnement qui entrent en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine.»
Photo d’ouverture : Neoperl.
HANSA n’est plus commercialisé en France, il est inutile de les citer dans votre article.
Oui, Weber, nous savons cela. Néanmoins, les robinets Hansa sont accessibles sur des sites de vente en ligne, y compris implantés en France. De plus, nos lecteurs fabricants et distributeurs ont une vision européenne du marché. Enfin, il ne s’agit pas là d’un article sur les produits, mais sur leur fabrication. En vous remerciant pour votre lecture attentive, cordialement. Sdbpro.