Alors que le design reste consensuel, l’épidémie de Covid-19 enrichit l’offre de robinetterie électronique destinée à l’habitat, même si nul ne sait si le particulier est prêt. Mais une autre révolution est en marche, qui ne dit pas son nom…
Avec la pandémie, les ventes de robinetteries électroniques progressent, même si l’on ne sait où elles sont installées : dans le petit tertiaire, les collectivités locales, l’habitat… ? Le sans contact rassure et engendre des économies d’eau mais, dans la salle de bains, il réduit le confort : difficile de remplir un lavabo par exemple… Malgré tout, les industriels espèrent qu’il va la conquérir bientôt et certains vont jusqu’à proposer un modèle sans contact par collection, par exemple Hansa et Grohe. Ce dernier a également ajouté à sa gamme Eurosmart revisitée un mitigeur à la fois électronique et équipé d’une manette (photo ci-contre). Ce type de produit, qui combine les deux modes d’ouverture, existe dans la cuisine et n’est pas une nouveauté dans la salle de bains, Hansa l’ayant déjà proposé en 2015 (HansaSignatur) et arrêté depuis – c’était avant le Covid-19. Car le sans contact est pratique lorsqu’on se rase, se lave les dents, que les mains sont très sales ou contaminées… L’arrivée chez Grohe de ce modèle hybride est-il le signe que le tout électronique Bau Cosmopolitan E, en catalogue depuis 2019 et conçu pour la maison, n’a pas trouvé son (grand) public ? Ce n’est pas à exclure.
De son côté, Ideal Standard annonce la commercialisation imminente de son robinet électronique distributeur de savon Intellimix, tandis que l’espagnol Tres sort le sien. A la différence du précédent, ce dernier sépare la commande de l’eau de celle du savon, dont la cellule de déclenchement n’est pas positionnée sous le bec, mais sur le côté du mitigeur, incitant à un geste spécifique (photo ci-contre).
Plutôt que le sans contact, d’autres robinetiers ont fait le choix de l’antibactérien. C’est le cas de Nobili, qui a doté deux de ses mitigeurs (lavabo et cuisine) d’un revêtement antibactérien/antiviral Biomaster, développé avec le spécialiste anglais Addmaster. De même pour l’italien Webert qui, lui, a travaillé avec Greentech_Bio. Ces deux technologies utilisent les ions argent, ajoutés dans le revêtement thermolaqué noir.
Des robinetteries au design élancé
Ce noir mat, toujours tendance, se fait raffiné lorsque la robinetterie monte en gamme. Grâce au PVD, les fabricants arrivent à suggérer des matériaux tels que le carbone, l’acier… Ce sont les canons de fusil, platines et autres dark chrome que l’on rencontre plus souvent désormais (Dornbracht, photo ci-contre, Horus, THG…).
Le design est consensuel. Les becs des mélangeurs et les corps des mitigeurs sont coniques ou élancés, comme en mouvement (CL1 de Dornbracht, photo ci-contre), fusionnant les arrondis et les lignes droites, les courbes et les plats. Le guillochage est toujours d’actualité, mais en petites touches, appliquées par exemple sur la manette ou les croisillons. Ceux-ci sont d’ailleurs de retour, redessinés, réinventés, parfois seulement suggérés, mais cependant bien présents, y compris sur les mitigeurs (Helm de Zucchetti…).
Avec le rachat d’ESS Easy Drain, Hansgrohe a rapidement intégré les caniveaux et niches de rangement à son offre, renforçant son expertise autour de la douche. Il a présenté plusieurs gammes de robinetterie à l’occasion de ses AquaDays, notamment Finoris, dont le mitigeur de lavabo intègre une douchette extractible qui élargit les fonctions autour du point d’eau sans enlever à l’esthétique. De même les accessoires muraux WallStoris, fixés sur une barre collée ou vissée au mur, près du lavabo, de l’évier et dans la douche, pour mieux harmoniser les équipements de la salle de bains. Chez Axor, la collection Axor One s’enrichit d’un mitigeur col de cygne dont l’extrême finesse a nécessité de déporter la cartouche sous le plan de toilette. Sa commande dispose d’un bouton Select qui, tel un interrupteur, est positionné sur la manette de réglage de la température (photos ci-contre). Une innovation technologique qui simplifie l’usage et ajoute au design.
L’hydrothérapie pour tous
Hansgrohe relance sa douchette Jocolino pour enfants – les vétérans de la salle de bains ne l’auront pas oubliée – et présente Furly, destinée à la toilette des chiens. Notons qu’avec Mafalda, Damast, spécialiste italien, commercialise lui aussi une douchette canine dont les picots de la tête brossante se rétractent à l’aide d’une molette.
Après Hydrao, Hansa veut, avec HansaActive Jet, favoriser les économies d’eau dans la douche, selon le principe des nudges, c’est-à-dire en incitant plutôt qu’en obligeant. Sur la tête de la douchette, les consommations d’eau et d’énergie s’affichent en temps réel, tandis que sous la poignée, visible lors de l’utilisation, une barrette change de couleur au fur et à mesure que l’eau s’écoule. En attendant d’intégrer le réseau de distribution professionnel, le pommeau est vendu par le fabricant sur son site, de manière à rapidement créer le buzz.
Une révolution silencieuse…
Indépendamment des tendances et des innovations, une révolution est en marche, qui ne dit pas son nom. Sous la pression des réglementations sanitaires (matériaux en contact avec l’eau potable) et environnementale (Reach, qui concerne les finitions appliquées), mais aussi des prix des matières premières, les robinetteries sont de moins en moins en laiton, alliage essentiellement composé de zinc et de cuivre et, dans une faible part, de plomb. L’inox a des avantages (anticorrosion, recyclabilité, PVD directement applicable…), mais il est coûteux, usiné (et non pas coulé) et cantonné dans une niche occupée par des petits fabricants, en tous cas pour l’instant. Les matériaux plastiques eux, peuvent être coulés/injectés, de même que le zinc. Ainsi, le Bau Cosmopolitan E de Grohe évoqué plus haut est en polymère, tandis que d’autres robinetteries sont pudiquement dites « en métal », sans plus de précisions. Car le sujet est tabou, les installateurs évaluant aussi la qualité d’un robinet à son poids… A suivre, donc.