S’il est un marché insaisissable, c’est bien celui de la robinetterie de lavabo sans contact, temporisée ou automatique. Dominé par deux experts aussi discrets que possible, il est difficile à mesurer, mais aussi à pénétrer. Néanmoins, l’électronique est en train de le bousculer…
Le marché français de la robinetterie de lavabo automatique, temporisée ou électronique, est mal évalué, y compris par les producteurs d’études de marché qui, d’après un industriel spécialiste, sont très loin du compte. Ainsi, alors que l’une d’entre elle annonce 42 000 robinets de lavabo électroniques vendus en 2021 – soit 6,4 millions d’euros et 2,5 % de la totalité des modèles lavabo –, notre interlocuteur suggère que le marché se situerait plutôt aux alentours de 180-200 000 produits électroniques et de 320-350 000 produits temporisés. Ce que d’autres sources confirment…
Des ventes boostées par la crise sanitaire
Il est vrai que le Covid-19 et la crainte des contagions ont fait bondir les ventes de robinets électroniques au point d’eau. Dans les entreprises et les services publics (écoles, mairies…), ils sont venus remplacer des modèles domestiques, voire temporisés, sans toutefois résoudre tout à fait la question de l’hygiène, quand il faut saisir la poignée de la porte des toilettes pour en sortir…
Quoi qu’il en soit, la peur des contaminations manuportées est retombée, relayée par des problématiques tout aussi anxiogènes que les sécheresses et la flambée du prix des énergies… Car, en réalité, le véritable argument du sans contact est les économies d’eau, qui ne datent pas d’aujourd’hui, puisqu’elles ont permis le développement des robinets temporisés. Mais, plus que jamais d’actualité, elles sont en train d’assurer celui des modèles électroniques, un cran plus efficaces de ce point de vue.
Les économies d’eau vont bouleverser le marché
Hier, quand il s’agissait d’équiper des sanitaires publics avec une optique de réduction des consommations d’eau, les prescripteurs se tournaient pour la plupart vers les spécialistes des ERP : la robinetterie temporisée, aussi banalisée soit-elle, fait appel à une technologie qu’ils sont seuls à véritablement maîtriser (ou étaient : Hansgrohe propose désormais Talis, mitigeur temporisé design et positionné en prix). En revanche, lorsqu’ils étaient en quête d’esthétique, ils avaient tendance à s’adresser plutôt aux robinetiers, dont les produits, parfois signés par un designer, contribuent à l’image de marque. Mais ce schéma n’est plus tout à fait de mise aujourd’hui…
Spécialistes vs robinetiers
La question qui se pose désormais est : dès lors qu’ils sont en quête à la fois d’esthétique et d’économies d’eau – ce que la RSE pousse –, à qui vont faire appel les maîtres d’œuvre ? Les spécialistes, Delabie et Presto en tête, sont-ils plus légitimes que les Grohe, Hansgrohe et autres robinetiers ou ensembliers ? Les premiers sont réputés sur les économies d’eau, mais pas (encore) sur le design, tandis que c’est l’inverse pour les seconds. Si les uns ont intégré le design, les autres se sont emparés du sans contact, dont l’offre a explosé depuis la crise du Covid. Citons Grohe qui, avec Cosmopolitan Bau, mitigeur électronique en polymère, a établi un nouveau prix d’accès à l’électronique, obligeant chacun à réviser son offre.
De l’hygiène des mains à l’hygiène des réseaux
Au lavabo (et ailleurs aussi), les économies d’eau passent d’une part par l’interruption de l’écoulement, qu’elle soit mécanique ou électronique ; d’autre part par la réduction de son débit, d’autant plus facile à obtenir que c’est grâce à l’aérateur (ou mousseur) qu’elle est réalisée. Cette petite pièce hyper technique n’est pas fabriquée par les différents industriels de la robinetterie, qu’ils soient spécialistes des ERP ou de l’habitat, mais achetée, dans la plupart des cas au leader mondial : Neoperl.
Ainsi les spécialistes, qui ont longtemps œuvré pour que les sanitaires publics soient équipés non pas avec des mitigeurs domestiques au débit de 9 ou 12 litres/min, mais avec des robinets sans contact économes en eau, sont challengés sur leur propre terrain par les robinetiers classiques, qui font désormais la promotion des économies d’eau, grâce à des robinets dont le débit est inférieur ou égal à 5 litres/min.
C’est pourquoi le développement des robinetteries électroniques se fera avec les robinetiers. D’autant qu’ils intègrent, du moins certains d’entre eux (Geberit, Grohe, Hansgrohe, Porcher/Ideal Standard…), les fonctions qui sont nécessaires aux collectivités : le rinçage automatique des réseaux (antilégionnelles), les paramétrages via Bluetooth, etc. Et dès lors que leur notoriété sur ces marchés sera établie – leurs équipes de prescription y travaillent, ils viendront rogner sur le territoire des spécialistes. Pour autant, la progression de l’électronique ne se fera pas au détriment de ces spécialistes qui sont, eux, rompus à l’antivandalisme, au maintien de l’hygiène dans les réseaux, à la résistance aux usages intensifs avec des robinets faciles à poser (sans boîtier sous le plan) et à entretenir…
Toute cela en attendant l’éveil du consommateur…
Photo d’ouverture : i-stock photo, mgstudyo.
L’alimentation électrique a aussi son importance.
Pour moi lorsque le mitigeur est branché sur le réseau il est plus écologique que celui qui utilise des piles qui iront à la poubelle.
Par ailleurs, le réglage température imposera un contact manuel, ce qui annule l’effet “non contamination”
Cordialement
Marc
C’est vrai ! Merci pour ces remarques. Cordialement. Sdbpro