Récupérer les carrelages d’aujourd’hui pour les écouler ? C’est la spécialité de Maison Carrelle, créée par Caroline René-Bazin, qui collecte les surplus de chantiers et autres erreurs de commande pour les revendre et contribuer ainsi à la réduction des déchets du bâtiment…
Après plus de trente ans dans l’univers du carrelage, Caroline René-Bazin a créé Maison Carrelle et fait du réemploi de carreaux sa raison d’être. En trois ans d’existence, elle a permis l’utilisation de près 4 000 m² de produits déjà fabriqués, soit 86 tonnes de matières sauvées de la mise en déchetterie. Mais attention, il ne s’agit pas de carreaux de ciment, tomettes et autres dalles en pierre posés sur lit de sable qui, eux, sont aisément déposés et reviennent sur le marché du bâtiment via les spécialistes des matériaux anciens. Ce que propose Maison Carrelle, ce sont les surplus de chantier, les erreurs de commande, les fins de séries, les retours d’invendus du négoce ou de l’industrie, des produits chinés… qui, n’étant pas issus de la déconstruction, sont d’ailleurs presque toujours dans leur emballage d’origine.
Du sauvetage plus que du réemploi
C’est donc en s’appuyant sur un réseau de professionnels du carrelage que Maison Carrelle dispose d’un stock de 5 000 m², composé de lots de un (les pépites !) à plus de 900 m² (en moyenne 15 m²), et a permis la réalisation, en trois ans, d’à peu près 230 projets de terrasses, locaux techniques, sanitaires publics, mais surtout de salles de bains, qui sont « propices à l’utilisation des carreaux de réemploi, puisque l’on peut se faire plaisir avec de petites surfaces », explique Caroline René-Bazin ; qui précise que, pour des raisons de coûts de transport et de difficulté de stockage, elle évite les carreaux dont le format est supérieur à celui de la palette Europe, soit 120 x 80. Photo ci-dessus : salle de bains revêtue de carreaux fournis par Maison Carrelle, architecte d’intérieur Céline Basque, photo Jérôme Narbonne.
Si l’entreprise est basée à Toulouse, les acheteurs, eux, viennent de toute la France. Ce sont principalement des architectes, qui peuvent faire des demandes spécifiques, Maison Carrelle se mettant alors en quête des produits similaires disponibles en stock. Parce qu’elle est aussi force de propositions, jouant le rôle de conseil, les professionnels peuvent envoyer leurs projets et plans.
Des carreaux éco-responsables et… disponibles
Les architectes sont fidèles à Maison Carrelle en raison des prix pratiqués, qui sont inférieurs de 10 à 15 % aux prix publics des produits équivalents, de l’approche écoresponsable, mais aussi de la disponibilité immédiate des revêtements, sachant que, de plus en plus, le négoce carrelage travaille à la contremarque… Si les ventes se font surtout dans le cadre de chantiers de rénovation, des constructeurs commencent à s’intéresser à ce type de réemploi, intégrant ces carrelages issus d’une filière de réemploi unique en son genre.