Dans la douche à l’italienne, faut-il ou non récupérer les eaux d’infiltration et les évacuer, un sol carrelé n’étant pas toujours durablement étanche ? C’est la question de l’évacuation secondaire des caniveaux et siphons, qui fait débat en Europe du Nord, et commence à interroger les prescripteurs Français. Certains fabricants sont pour, d’autres contre… Points de vue.
Joints poreux, carreaux fissurés… Dans la douche à l’italienne, c’est-à-dire carrelée, y compris au sol, il arrive que des infiltrations se produisent, l’eau étant susceptible de stagner entre l’étanchéité sous carrelage (SEL ou natte) et le revêtement. Selon certains fabricants spécialisés d’Europe du Nord, ces eaux résiduelles doivent être évacuées, au risque de provoquer des moisissures et des mauvaises odeurs, mais aussi le décollement du revêtement. Pour d’autres, le remède serait pire que le mal…
Oui, il faut drainer et évacuer les eaux d’infiltrations
Ess Easy Drain et Kessel sont parmi les fabricants spécialisés qui ont fait de l’évacuation des eaux secondaires leur cheval de bataille.
Ainsi ESS en est un fervent promoteur, considérant que celles-ci doivent être, autant que possible, récupérées par le système d’évacuation. Pour cela, l’industriel ménage, sur ces modèles Modulo, Basic Drain et S-line, une fente entre le caniveau et le cadre supérieur réglable en hauteur, laquelle permet la récupération puis l’évacuation de ces eaux d’infiltration. C’est le système TAF (Tile Ajutable Frame, schéma ci-dessus), breveté, qui donne la possibilité à l’installateur ou au carreleur d’un réglage à la hauteur de la finition du revêtement de sol, et qui permet de mettre en fonctionnement l’évacuation des eaux secondaires.
Autre exemple avec Kessel, qui donne lui aussi les moyens de créer ou pas cette évacuation secondaire. Ce que le poseur fait à l’aide d’un cutter, en ouvrant, sur les caniveaux, les encoches d’infiltration prévues à cet effet. Dans le même esprit, les bondes de la marque sont dotées d’un joint à lèvre qui peut être enlevé pour laisser les eaux secondaires s’écouler entre la rehausse et le corps du siphon (voir illustration d’ouverture).
Non, il ne faut pas ouvrir le passage aux eaux secondaires
Pour Tece, autre fabricant spécialisé, il ne faut pas ouvrir le passage aux eaux secondaires, parce qu’il n’y en a pas. Pire : en ménageant un espace entre le corps du siphon et la colle/joint à carrelage, on génère des infiltrations sous le carrelage, par effet de capillarité. Ce phénomène physique agit comme une pompe, faisant remonter l’eau de la douche sous le revêtement, de la même manière que l’eau d’un verre dans lequel trempe un coin de mouchoir finit par imbiber tout le tissu. Selon Tece, la capillarité est plus forte que la gravité et si un joint est fissuré, l’eau s’évapore et diffuse également par capillarité, sans s’écouler. Enfin, conclut le fabricant, quand le carrelage se décolle, c’est que la douche doit être entièrement refaite. C’est pourquoi il préfère fermer ses rigoles de douche pour empêcher les mauvaises odeurs liées à la décomposition des saletés entraînées par capillarité. Toutefois, pour satisfaire les carreleurs outre-Rhin, le fabricant a créé Drainline Evo (photo ci-contre), un caniveau qui bloque les remontées et les infiltrations, mais récupère les eaux secondaires, ne les libérant que lorsque le panier amovible (ou tube plongeur) est ôté afin d’être nettoyé. Ainsi, il n’y a pas de passage entre l’eau de la douche et la zone sous carrelage, susceptible d’être atteinte par capillarité.
Soigner l’étanchéité sous carrelage et le jointoiement
En tout état de cause, il convient de soigner d’une part l’étanchéité sous carrelage (SEL ou natte, le Spec étant réservé aux parois verticales) et le jointoiement du revêtement sachant que, en présence d’un petit format (mosaïque en particulier), il est vivement recommandé d’utiliser une colle-joint époxy.