Ils sont en stratifié, PVC, solid surface, résine gelcoaté, acrylique ou autres matériaux composites… et veulent remplacer le carrelage mural dans la douche et dans la salle de bains. Mais ont-ils un avenir ?
Les panneaux destinés à habiller la douche et la salle de bains appartiennent à la famille des revêtements muraux, où ils côtoient les papiers peints, toiles de verre, lambris, carrelages et revêtements en PVC. Petits nouveaux dans la famille, en tout cas en France, ils ne sont pas ou mal recensés, en particulier quand ils équipent la salle de bains.
Selon MSI Reports, le marché des revêtements muraux aurait représenté 270 000 millions de m² en 2015. Il serait en recul par rapport à 2014 : papier peint (-5 à -6 % en volume), toiles de verre (-4 %), revêtements muraux en PVC (-8 %), de même pour le carrelage mural. Mais les panneaux muraux seraient, eux, en croissance, à deux chiffres si l’on en croit les fabricants implantés sur ce marché. Dans la salle de bains, mais aussi dans la douche, ils remplacent le carrelage. Alors que la France est le troisième consommateur de carrelage au monde (source Négoce) et que le carrelage est le revêtement de prédilection de la salle de bains, comment ces produits, moins attractifs du point de vue décoratif, arrivent-ils à séduire les consommateurs ?
Une offre diffuse, des fabricants de toutes origines
C’est la télé qui a popularisé les panneaux muraux. Parce qu’ils assurent une rénovation en deux temps trois mouvements et à moindre coût, les nombreuses émissions de relooking et autre home staging les mettent souvent en œuvre, notamment D&co et Maison à vendre. De diffusions en rediffusions, le concept fait son chemin : le stratifié haute pression (BerryAlloc), l’acrylique (MadrePerla), les feuilles de pierre (Slate-Lite)… ouvrent le chemin des lames en PVC (Grosfillex), et des panneaux en résine gelcoatée (Ambiance Bain), polyuréthane (Acquabella et Fiora) ou composites (Artweger, KWC, Jacob Delafon, Lazer…)…
Ainsi, MadrePerla, fabricant de plaques en acrylique, a commencé par équiper une douche dans l’émission D&co, alors présentée par Valérie Damidot. Ces plaques, qui ressemblent à du verre coloré, séduisent pour leur effet décoratif spectaculaire, leur prix, mais aussi leur simplicité de mise en œuvre : contrairement au verre, elles se découpent facilement, sans qu’il soit nécessaire de faire appel à un miroitier. Patrice Le Toullec, responsable Madreperla France, annonce des ventes en progression de 40 % en 2015 par rapport à 2014, et remarque que de plus en plus de professionnels s’intéressent à son produit.
Selon BerryAlloc, qui propose les WallPanels, panneaux en stratifié haute pression produits en Norvège par une usine du groupe Beaulieu auquel il appartient, les hôteliers en raffolent dans ce pays : ils assurent une rénovation rapide de la salle de bains et conservent leur aspect au fil du temps, sans pratiquement d’entretien. La marque est en train de faire certifier son produit par le CSTB, afin de rassurer les hôteliers en ce qui concerne l’étanchéité dans la douche.
Avec Panolux, Jacob Delafon vise également le professionnel. Lorsqu’il habille la douche avec ces plaques composites, l’installateur, qui n’est pas carreleur, est gagnant sur plusieurs plans : le produit est différenciant, il est à sa portée en terme de pose, il lui permet d’avancer son chantier vite et bien, et de facturer une prestation complète. Toutefois, sur le marché du sanitaire, les distributeurs semblent moins réceptifs au concept, en particulier s’ils ont une offre carrelage. On les comprend : ces panneaux sont susceptibles de cannibaliser une part importante de leur fonds de commerce.
Si l’installateur demande encore à être convaincu, ou simplement informé, le consommateur, lui, a compris : le produit, peu coûteux, est rapidement posé et rassurant du point de vue de l’étanchéité, complexe à obtenir dans la douche avec une solution carrelée. De plus, il le débarrasse des joints de carrelage, particulièrement difficiles à maintenir propres et sains dans nos salles de bains sans fenêtre et mal ventilées.
Un avenir assuré
Facilité de mise en œuvre – 35 % des revêtements carrelés sont, selon le magazine Négoce, posés par les particuliers eux-mêmes –, étanchéité garantie, absence de joints… plaident en faveur du développement des panneaux de douche, tous matériaux confondus. D’autant qu’ils répondent parfaitement à l’habitude qu’ont les particuliers de rénover de façon parcellaire la salle de bains : il suffit de quelques panneaux pour la transformer totalement.
Si, lorsqu’il est proposé par les spécialistes du revêtement, le produit est très « GSB », les spécialistes de la salle de bains l’ont déjà « professionnalisé ». Ainsi, Ambiance Bain et Acquabella, par exemple, le coordonnent à leurs receveurs de douche et meubles-vasques, tandis que Jacob Delafon associe Panolux à Ecrin, un panneau qui embarque une robinetterie encastrée et un rangement, et aux tabliers de ses nouvelles baignoires. L’offre couvre aujourd’hui tous les segments du marché, du basique PVC au très haut de gamme, avec le solid surface, mais aussi le grès cérame, avec les dalles XXL.
Photo : lames en PVC « Element » de Grosfillex.
Très intéressant, merci pour cette enquête.