Avec le Covid-19, la contamination microbienne est devenue un sujet sensible, qui a entraîné l’apparition de multiples procédés biocides. Mais sur quelles bases faire une sélection ? Dans quelle mesure peut-on s’appuyer sur les normes existantes ? Quelles technologies sont disponibles ? Peut-on simplement désinfecter les surfaces ? Réponses.
Que l’on soit un prescripteur en quête d’un équipement intégrant un biocide – robinetterie, cuvette WC, poignées de porte, receveur de douche… – ou un industriel à la recherche d’un procédé adapté à ses produits, la question des critères de choix a d’autant plus de sens que les normes actuelles ne s’attachent qu’à l’un d’entre eux : l’efficacité.
Surfaces biocides : deux normes disponibles (et leurs déclinaisons)
Deux normes internationales ont cours actuellement pour les surfaces non-poreuses, l’Iso 22196 (bactéries) et l’Iso 21702 (virus), ainsi qu’une norme française récente, la NF S90 700.
♦ Les normes internationales Iso 22196 (bactéries) et Iso 21702 (virus) sont souvent complétées d’une norme japonaise, la JIS Z 2801 (bactéries), qui introduit la notion de critère d’acceptation. Bien que l’on s’y réfère couramment, elles ont l’inconvénient d’être décalées des conditions d’usage habituelles, notamment dans les sanitaires publics et privés : l’efficacité du procédé est en effet mesurée au bout de 24 heures de contact à une température de 20 ou 35°C et à plus de 90 % d’humidité relative. Certains acteurs ont appris à modifier ces normes (temps de contact, humidité relative…) pour en faire un outil utile dans l’évaluation in-vitro (en laboratoire) du comportement d’usage.
♦ La récente norme NF S90 700 (bactéries), en cours de réécriture pour une éventuelle transposition au niveau international (référentiel Iso), tente de proposer une méthode d’évaluation de projection de gouttelettes pour se rapprocher des conditions de terrain (température, lumière, temps de contact et humidité).
Une surface biocide doit répondre à trois critères : efficacité, sécurité, durabilité
Les critères donnés ici, sur lesquels il convient d’obtenir des réponses claires et documentées, ont été énoncés par le professeur Christine Roques, présidente de la Commission européenne Antiseptique et Désinfectant et de la Commission internationale Surface antimicrobienne [1].
1. L’efficacité – qui doit être démontrée – concerne le spectre d’action (virus, bactéries, bactéries résistantes, champignons…), le temps de contact requis pour la destruction des micro-organismes ainsi que les conditions de température et d’humidité nécessaires dans le cadre de l’usage envisagé. Cette efficacité doit être mesurée en laboratoire selon les standards Iso cités précédemment, mais idéalement au cours d’essais grandeur nature de l’usage réel.
2. La durabilité de l’efficacité au cours de la vie du produit, dans ses conditions d’usage et d’entretien. Par exemple, le traitement de ces mains courantes nettoyées quotidiennement à l’aide de détergents est-il suffisamment résistant ? Ces surfaces vont-elles s’oxyder, se détériorer, s’épuiser en actif ?…
3. La sécurité du procédé, du point de vue de l’environnement (éco-toxicité, risque de relargage et d’épuisement en actif – réduisant aussi l’efficacité), des usagers (cyto-toxicité, irritation, flore cutanée…), qui sont en contact avec lui sans même le savoir, et des éventuels applicateurs. Elle doit être évaluée compte tenu des conditions d’usages (milieu sec ou humide, passages fréquents et/ou rapides, contact prolongé…).
Sachant que sa toxicité/dangerosité augmente classiquement avec sa vitesse d’action, un biocide doit être sélectionné prudemment en fonction de l’usage, des besoins et des données disponibles sur les critères énoncés ci-dessus. Est-il pertinent d’éliminer en quelques minutes la totalité des germes ? Une surface antimicrobienne, toujours active, réduit les contaminations de manière progressive, contrairement à un produit désinfectant, plus puissant/toxique, mais éphémère (séchage, évaporation…), qui sera utile pour abattre rapidement une forte contamination de la surface. En réalité, le biocide permanent et le désinfectant ponctuel sont complémentaires, d’autant que même les surfaces antimicrobiennes doivent être, comme les autres, nettoyées/dégraissées régulièrement pour agir correctement.
Trois familles de produits biocides
Contrairement aux solutions de désinfection par traitements manuels, diffusion aérienne ou lumière, les surfaces antimicrobiennes promettent une efficacité persistante, en évitant la prolifération des micro-organismes et/ou en assurant leur destruction. Pour la plupart, elles sont obtenues à l’aide d’additifs intégrés lors de la fabrication du produit ou de son revêtement. Trois types de solutions sont actuellement disponibles :
♦ Les solutions à base de molécules organiques, types ammonium quaternaire, zinc pyrithione, triclosan…, qui ont la capacité de faire baisser très rapidement la charge microbienne, mais sont d’autant plus puissantes que toxiques (allergènes a minima). On les trouve plus souvent dans les produits désinfectants.
♦ Les solutions à base de métal. Dans cette famille de produits apparaît notamment l’argent (Ag), sous forme d’ions (BioCote, Biomaster…), encore beaucoup utilisés, ou de nanoparticules. S’y trouvent également le cuivre (Cu) et ses alliages, massifs (Steriall by Lebronze Alloys) ou intégrés à un revêtement liquide ou un film adhésif (solution brevetée MetalSkin).
♦ La technologie minérale proposée par la PME française Pylote (solution brevetée Pylote) depuis une dizaine d’années, issue de la chimie verte et basée sur des microsphères en céramique (sans métal ni nano), est déjà déployée sur de nombreux matériaux/applications.
Notons que tous les procédés ne sont pas adaptés à toutes les surfaces susceptibles d’être contaminées dans un même lieu (peinture, vernis, céramique, plastique, métal…) et qu’un même procédé peut avoir des niveaux de réponses différents selon la surface sur laquelle il est appliqué. La transversalité d’une solution peut donc constituer un critère de choix supplémentaire.
[1] Contamination par les surfaces : comment choisir la bonne solution pour se protéger ? Webinaire organisé par Gergonne Industrie, avec Christine Roques, présidente de la Commission européenne Antiseptique et Désinfectant, et de la Commission internationale Surface antimicrobienne ; Jean-Michel Wendling, docteur spécialiste Occupational Health Physician ; Loïc Marchin, PDG de Pylote ; Christophe Chauvin, directeur commercial Industrial Adhesive Tapes de Gergonne Industrie.
Photo : James Thew, via Adobe Stock.
Tres bonne vulgarisation dans cet article sur un sujet compliqué.
Bravo et merci.
Marcello Farina
commercial chez PRESTO
Merci de votre confiance. Cordialement. Mt