Dans une étude publiée en 2024, l’Agence Qualité Construction indique que ce sont les installations de plomberie sanitaire, en particulier celles en tubes cuivre encastrés, qui génèrent le plus de sinistres dans le résidentiel collectif ou individuel, du fait des phénomènes de corrosion. Elle signale les points de vigilance pour les éviter.
Selon une étude [1] réalisée à la demande de l’Agence Qualité Construction (AQC), les installations de plomberie sanitaire sont à l’origine de l’essentiel des pathologies dans les logements collectifs et maisons individuelles, qui sont des fuites dans la quasi totalité des cas. Les alimentations en eaux chaude et froide, en particulier quand elles sont en tubes cuivre encastrés, constituent près des trois quarts des sinistres. Ceux survenant sur les réseaux PER concernent aussi et avant tout les alimentations d’eaux froide et chaude sanitaire, et beaucoup moins les réseaux de chauffage ou de climatisation. A noter encore, les logements collectifs représentent près de la moitié des dossiers, contre un tiers pour les maisons individuelles.
Dans le neuf, les canalisations étant encastrées, les causes des pathologies sont rarement prouvées, car les investigations coûtent cher. Néanmoins, concernant le cuivre, les experts évoquent la corrosion, interne ou externe. Pour les tuyauteries en PER, ils mettent en cause la qualité des tubes et les blessures des canalisations.
Cuivre : éviter les différents phénomènes de corrosion
→ Le pitting (piqûres)
Il serait la cause essentielle du percement des canalisations en cuivre. Dans les années 1970-80, il était dû à la présence de résidus de fabrication sur la surface des tubes. Un défaut corrigé, ce que certifie la NF EN 1057 pour tubes de cuivre nus et la NF EN 13349 pour le cuivre et les alliages de cuivre gainés.
Aujourd’hui, dans la plupart des cas, la surchauffe du métal lors du cintrage est responsable, qui entraîne la formation d’oxyde de cuivre favorisant localement la corrosion. Sont également cités : la présence de résidus dans le tube ou véhiculés par l’eau ; des défauts de surface internes ; une composition locale du métal différente ; une rupture de continuité dans une couche protectrice ; un temps de chauffe trop élevé au niveau des brasures ; et la composition physico-chimique de l’eau (acide ou basique).
→ La corrosion-érosion
Récurrente dans les expertises, elle survient lorsque la vitesse de circulation de l’eau est trop élevée, notamment dans les réseaux de bouclage dont le diamètre est faible comparé à celui des canalisations d’alimentation. Le cuivre est tendre, donc sensible à l’érosion résultant du frottement de l’eau et des particules qu’elle charrie, et au phénomène de cavitation. Celui-ci surgit lorsque la pression de l’eau baisse, créant des bulles qui implosent à proximité des parois du réseau, et sont localement destructrices.
Le rapport suggère de prêter attention, lors de la conception, au choix de la vitesse, tout en incriminant les erreurs de calcul ou de dimensionnement, les pompes de circulation surpuissantes, la géométrie des réseaux qui ne permet pas un réglage correct des débits dans toutes ses branches. Les vannes d’équilibrage peuvent également être absentes, ou de dimension ou de conception inadaptées. En phase d’exécution, le rapport souligne la mise en œuvre de tuyauteries de diamètre inférieur à celui prévu, les accidents de parcours trop nombreux, l’absence ou le mauvais réglage des organes d’équilibrage, le défaut de mise en service des réseaux. Enfin, au niveau de l’exploitation, il accuse les modifications des réglages de l’installation au niveau des vannes d’équilibrage ou des pompes.
→ La corrosion externe
La corrosion externe des tubes en cuivre encastrés est souvent provoquée par des liquides agressifs à l’intérieur des fourreaux, en particulier les produits de nettoyage du sol qui pénètrent dans le fourreau, coupé trop bas.
PER : des précautions à prendre pendant et après la mise en œuvre
Les blessures et pliures du PER au cours du chantier sont évoquées dans différents rapports d’expertise. Mais l’étude cite plusieurs cas de percements intervenus après la réception des travaux, par exemple celui d’une canalisation sous fourreau circulant dans le doublage, effectué accidentellement par un locataire au moment de son aménagement.
Au-delà de la plomberie sanitaire, l’étude mentionne la présence d’oxygène dans les réseaux de chauffage, qui provoque l’embouage des circuits. Car le PER est perméable à l’oxygène lorsqu’il n’intègre pas de barrière antioxygène (BAO). De plus, en l’absence d’un traitement de l’eau du circuit de chauffage, l’oxydation des composants métalliques de l’installation peut entraîner une formation de boues, qui provoquent à terme une obstruction partielle ou totale des réseaux ou de leurs composants (échangeurs de chaleur, robinetterie, filtres, voire radiateurs). Attention également aux appoints d’eau trop fréquents, à l’utilisation de systèmes de maintien de pression à vase ouvert, aux purgeurs défectueux, aux raccords non étanches… qui sont également des causes de désordre.
[1] Etude réalisée par Daniel Oisel et Brahim Bayri du réseau Stelliant Expertise, mandaté par l’Agence Qualité Construction. Non exhaustive, limitée à l’analyse des causes de sinistres affectant les réseaux traités dans les rapports d’expertise collectés de 2007 à 2016 dans le cadre du Dispositif Alerte de l’AQC. Il est précisé que si les résultats statistiques ne sont pas représentatifs des sinistres au niveau national, « l’échantillon est, par contre, représentatif de la typologie des sinistres. »
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