Plusieurs études d’opinion le signalent : consommer local a désormais du sens pour les Européens, et pas seulement pour leurs achats alimentaires. Parmi eux, 45 % des Français sont d’avis que la fabrication régionale ou nationale est un critère de choix d’un meuble.
A l’heure du commerce mondialisé, acheter local est considéré au mieux comme un « repli sur soi », selon l’expression consacrée, au pire comme un mouvement à contre-courant, une forme de protectionnisme anachronique. Du moins pour les économistes patentés. Car les consommateurs, eux, commencent à voir les choses autrement, intégrant le made in France/Europe dans un mode de consommation durable destiné à limiter l’impact sur l’environnement, mais aussi sur l’économie et la société. Une tendance que certains distributeurs prennent d’ailleurs en compte, confirmant la mutation. Ainsi, sur le site Darty.com, un nouveau filtre s’est ajouté aux autres, qui permet de choisir la zone de fabrication de son électroménager : en Europe, en France ou ailleurs. Plus près de nous, Bricoman reconstruit sa gamme de receveurs de douche en matériau de synthèse avec un fabricant européen.
Nos emplettes sont nos emplois*
Le « think local, act local », qui est aussi le titre du rapport de l’Observatoire Cetelem 2019, ne concerne plus seulement l’alimentaire, comme on a tendance à le croire, mais gagne d’autres secteurs. « L’appétence des Européens pour le localisme est réelle », résume cette étude dans laquelle les motivations des consommateurs européens sont décryptées : un sur deux considère qu’acheter local est une manière de soutenir l’économie (49 %), et ils sont presque aussi nombreux à penser que l’emploi en profite aussi (43 %). Autres motivations : le fait d’acquérir des produits de meilleure qualité (35 %), dont on connaît l’origine et la composition (32 %), mais aussi de créer du lien social (30 %), de limiter l’impact environnemental (25 %) et de permettre à des savoir-faire de perdurer (14 % des Européens et 21 % des Français).
La proximité constitue, selon l’Observatoire Cetelem, une sorte de label : 94 % des personnes interrogées estiment que la fabrication dans leur pays et une garantie de confiance. La provenance européenne rassure encore 75 % d’entre elles, celle des Etats-Unis 61 %. En revanche, les produits venus de Chine ne convainquent plus que 26 % des sondés…
L’équipement de la maison est concerné
Le dernier sondage Opinionway pour Lapeyre, effectué en octobre 2019, fait le même constat : 76 % des Français essaient de mieux consommer lors de leurs achats pour la maison (meubles ou aménagement). Dans la pratique, leurs critères sont la durabilité (75 %), la qualité (67 %), le respect de l’environnement (49 %) et la production française (48 %).
Certes, il y a la réalité économique, complexe : cherté des produits, définition du made in France/Europe, fabrication versus assemblage, disponibilité des produits locaux (notamment en France, qui est l’un des pays d’Europe les plus désindustrialisés), confusion entre marque et lieu de production… Toutefois, les consommateurs sont de plus en plus informés et les produits français ne sont pas toujours les plus chers.
Laissons le mot de la fin à Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem qui, dans son éditorial de présentation de l’étude, concluait : « Les entreprises et les marques qui n’intègreront pas ces exigences nouvelles de leurs clients perdront inexorablement des parts de marché. Ce sera progressif, mais inexorable. »
* Slogan d’une campagne des Chambres de commerce et d’industrie datant de 1993.