La robinetterie Nihal, de THG, transporte la salle de bains vers de légendaires horizons. Une ode aux arts d’Orient placée sous le signe ornemental de l’étoile et du croissant.
Nihal est un prénom féminin rare. Il signifie qui « se désaltère ». Dans la très ancienne constellation de Lepus (le Lièvre) que les astronomes égyptiens avaient déjà épinglée sur la carte du ciel, une étoile porte ce nom-oasis. Selon la mythologie, cet astre symbolise la barque d’Osiris amarrée au bord du Nil. Rendant grâce au fleuve nourricier, son étymologie prend sa source dans l’arabe « An-Nihal », expression qui désigne « les chameaux saturant leur soif ». Nihal incarne donc la victoire de la vie sur l’aridité du désert, « l’étoile de la soif de l’eau » selon les mots de son designer.
Promouvoir le savoir-faire français
L’imaginaire entourant ces terres sableuses et brûlantes que l’eau féconde a inspiré l’architecte d’intérieur Xavier Cartron (photo), fin connaisseur du Moyen-Orient et « passionné d’art marocain ». Pour la Maison de robinetterie française THG Paris, il a dessiné une collection précieuse dont l’ADN reflète « les collaborations, le dialogue entre les cultures, le métissage des tons et des matières. » Parmi les projets « qui vont de de l’ingénierie aux petites cuillères » sur lesquels son agence a œuvré « sur tous les continents sauf l’Océanie », du Ritz Carlton de Riyad aux Bains de Cabourg en passant par la Guinée Équatoriale, soulignons que c’est « le premier produit dessiné pour la salle de bains » que conçoit ce globe-trotter basé dans la Ville Lumière et qui « aime travailler avec le savoir-faire français ».
L’odyssée d’une collection
Invitation au voyage et au dépaysement, l’étoile rafraîchissante de Nihal est la clef de voûte d’une collaboration inédite de THG avec la manufacture de Haviland qui a façonné les manettes, véritables joyaux de porcelaine. Établie depuis plus de 175 ans, cette entreprise perpétue elle aussi un savoir-faire artisanal qui s’exporte partout dans le monde. Quintessence de l’excellence que ces deux entreprises passées maîtres dans l’art du feu partagent, cette création exceptionnelle a nécessité pas moins de dix-huit mois de recherche, le processus de fabrication comptant onze étapes, « dont quatre cuissons successives » pour fixer les décors sur l’émail. « Chaque croisillon est fini à la main et au pinceau. Un maître fileur met huit ans pour maîtriser le geste, à main levée » (photo). A Limoges comme à Béthencourt-sur-Mer, la maîtrise de l’alchimie du four a permis de façonner une pléiade d’objets au design particulièrement raffiné.
Une géométrie ornementale
Des figures savantes animent les croisillons en porcelaine de Nihal. Ces lignes brisées d’allure résolument contemporaine puisent dans le registre millénaire des motifs islamiques pour en livrer une ré-interprétation aussi dynamique qu’épurée. Pas d’arabesques traditionnelles, mais un mouvement qui se déploie à l’infini. Le dessin semble ainsi faire la part belle à l’art de la zakhrafa qui affiche ses interminables motifs sur les plus beaux édifices du monde arabo-musulman, du palais de l’Alcazar à la mosquée des Omeyyades de Damas…
Ce terme proviendrait de « zukhruf », qui désigne un objet décoré, tel que renseigné notamment dans la sourate éponyme dite de l’Ornement.
Sur les traces d’une culture millénaire
Les grands principes de cet art géométrique présent des confins de l’Inde à l’Andalousie sont clairement définis par Mohamed Benjouad dans l’avant-propos du Manuel de dessin consacré aux Motifs islamiques qu’il a publié chez Eyrolles. Pour ce spécialiste de la civilisation arabo-musulmane, « cette manière de donner l’illusion d’un rythme sans commencement ni fin renvoie à une conception d’un univers dépourvu de vide, le remplissage de tout espace vacant en étant l’illustration. D’un point de vue spirituel, la zakhrafa répond aux principes islamiques de tawhid (l’unité de toute chose) et de mizan (l’harmonie et l’équilibre, ou le principe de la voie du milieu). Elle ramène la multiplicité vers l’unicité. Ce faisant, elle reflète la perfection de ce mystère caché de la création. Création qui est représentée par la géométrie sacrée issue de l’observation de la variété de la nature. »
Multiplication de figures
Cet attachement à « la géométrie, la symétrie » Xavier Cartron le revendique, précisant : « je suis cartésien, j’aime l’intemporel, les choses proportionnées. » Deux éléments principaux de l’art mauresque sont combinés dans la collection Nihal, dans une « déclinaison évanescente, reprise sur les côtés du bouton » : l’étoile à huit branches formée de deux carrés superposés et à base arabesque (sur le dessus), cet octogone étant très présent dans les décors architecturaux d’Al-Andalus, et l’étoile à six branches faite de deux triangles équilatéraux inversés et superposés (sur les côtés), « transformées sur le dessus en un cône hexagonal », que l’on dirait émaillé d’une myriade de deltas. Visuellement, les amalgames de figures rehaussés de peinture créent du volume et cet artifice renforce l’impression de mouvement perpétuel.
Une abstraction sans volutes
Si la forme du bec du mitigeur évoque « l’ébauche d’un croissant de lune, avec des facettes pour accrocher la lumière », ce jeu de modelé est plus subtil encore sur le haut des manettes. Ciselées façon origami en suivant un tracé circulaire, « les facettes qui les couronnent ont l’aspect diamant » et assurent la brillance du croisillon avec « leurs angles rentrés ». Imaginée au départ, « l’idée des zelliges avec incrustation, s’est révélée impossible. » Malgré les craintes, le choix alternatif de la porcelaine n’a pas fait perdre « le côté sec sur les angles » un temps redouté et les arêtes sont vives. A la manière d’un dégradé associant polychromie et contrastes de matières, « le motif rétrécit progressivement pour laisser place au métal », l’élément signature de THG. Traitée comme une « petite bague octogonale », la base peut aussi être simplifiée, seule la forme subsistant dans cette version non travaillée.
Sculpter la matière
Soixante-dix accessoires accompagnent les différents robinets déclinés d’emblée sur tous les postes de la salle de bains pour créer un univers harmonieux. Sur ces compléments, la platine d’accroche reprend le motif iconique de l’étoile à huit branches, visible aussi sur le module de fixation de la douchette.
Les finitions sont aussi des éléments clés de l’enjolivement. La robinetterie Nihal mixe les codes occidentaux et orientaux, selon les marchés. « Nickel, canon de fusil… » s’unissent aux teintes les plus emblématiques de l’art musulman dont les variations d’intensité animent les surfaces, avec deux hauteurs de tons employées, hormis dans la version dorée associée à l’ivoire (masculin) ou au noir (féminin). Universel et évanescent, le bleu symbolise l’eau et une certaine fraîcheur argentique tandis que le vert émeraude, couleur de l’Islam, évoque la nature, promesse de zénitude et d’évasion rehaussée d’or, luxe oblige.
Les +
♦ Une robinetterie-bijou qui sublime les savoir-faire français (THG Paris + Haviland).
♦ Le design contemporain qui est un hommage aux arts et à la culture orientale.
♦ Cinq versions colorées, une en métal.