Le site Materiopro.com, créé par un entrepreneur du bâtiment, permet aux professionnels de vendre leurs retours de chantier et d’acheter à bas prix des matériaux neufs. Une manière de réduire les déchets et d’éviter le gâchis.
Quand Patrick Torcol (photo), ex-patron d’une entreprise de peinture et revêtements, parle des retours de chantier, on sent que c’est du vécu. « Toute ma carrière, j’ai rencontré ce problème de surplus de matériaux. » Un problème que tous les professionnels rencontrent : « Nous avons tous commandé des produits pour un client qui, au dernier instant, n’en a plus voulu » ou commis une erreur lors de l’achat qui fait que l’on se retrouve avec une palette de lave-mains sur les bras. On les stocke dans l’espoir de les réutiliser un jour, puis on finit par les envoyer en déchetterie parce qu’il faut faire de la place…
Selon la FFB (Fédération française du bâtiment), les invendus représentent 40 millions de tonnes de déchets et 1 % de la valeur des achats des entreprises, soit en moyenne 4 078 €/an pour chacune d’elles et 1,24 milliard d’€ pour toutes… Le coût de leur destruction serait compris entre 2 et 4 % de leurs chiffres d’affaires, soit 1 à 1,25 milliard d’€ par an. Ce n’est pas rien.
Sur Materiopro.com, je vends et j’achète
Réservé aux professionnels du bâtiment, Materiopro.com permet de mettre en vente et d’acheter des invendus de chantier. L’accès au site est réservé aux professionnels, qui s’inscrivent en fournissant un numéro de Siret et un code APE, lesquels sont contrôlés, et qui paient en ligne un abonnement de 193 €/an ou de 20 €/mois. Dès l’inscription, ils peuvent acheter. Pour vendre, il faut créer un compte vendeur, en fournissant un IBAN. Le site prélève 5 % sur chaque transaction.
Ne peuvent être vendus que les matériaux neufs et emballés, de marque (pas de MDD). Le vendeur indique le prix d’achat du produit et son prix de vente, le site calcule la remise. On peut acheter près de chez soi grâce à la géolocalisation ou faire appel à un transporteur, dont le coût est immédiatement indiqué. L’acheteur peut faire une (seule) contre-offre, qui ne doit pas excéder 20 % du prix affiché, et le vendeur l’accepter ou la refuser.
Le grand public à la rescousse
L’initiative est intéressante, mais sera-t-elle efficace ? Pas sûr : problème de couleur de la peinture, de dimensions du lave-mains, de numéro de lot du carrelage, de nombre de m² du parquet… Les clients des professionnels sont exigeants. En revanche, l’acheteur grand public est plus souple, prêt à adapter son projet pour faire une bonne affaire. C’est pourquoi, Materiopro.com ouvrira au mois de septembre 2018 un site destiné au grand public, qui pourra non pas vendre mais acheter les invendus des professionnels qui le souhaitent, dès la mise en ligne sur la plate-forme Materiopro.com ou après un délai de mois. Priorité aux pros oblige.