Mesuré à 14,6 milliards d’euros TTC, le marché du meuble a résisté en 2023, affichant un recul de -2,5 %, limité étant donné la crise de l’immobilier qui a affecté surtout le mobilier de cuisine et de salle de bains. Mais même sans déménager, les Français investissent dans leur intérieur. Et ça, c’est nouveau.
Selon l’Ipea, le marché du meuble recule de -2,5 % en valeur et de -8 à -9 % en volume en 2023, année composée de deux semestres distincts, le premier toujours porteur et le second nettement plus tendu du point de vue du trafic. Ce recul limité des volumes est une preuve, nous dit l’institut, « que l’orientation des arbitrages des ménages reste en faveur de l’aménagement de la maison », alors même que l’immobilier a décroché : les déménagements qui, traditionnellement, provoquent les achats ne guident plus la dynamique du marché ou beaucoup moins. Certes, en 2023, « le choc de l’immobilier est bien visible sur le meuble de salle de bains », mais les études montrent que celui-ci devrait, dans les années à venir, être porté par le besoin de confort des ménages qui renouvelleront leur salle de bains sans déménager, en particulier les seniors.
Un marché en révolution structurelle
Car l’effet Covid perdure, les Français souhaitant toujours améliorer leur intérieur, avec de nouvelles attentes en matière de fonctions. « Le marché est dans une réorganisation structurelle », annonce Christophe Gazel, directeur de l’Ipea. D’ailleurs, il y a une hausse du panier moyen, et ce n’est pas seulement lié à l’inflation qui, mesurée à +5-6 %, concerne essentiellement les meubles à poser. Déjà sensible en 2022, cette hausse s’est poursuivie en 2023, correspondant à une montée en gamme de la part des consommateurs par le biais de l’agencement et des configurateurs (canapés, cuisines…). Et c’est là la révolution structurelle : le marché du meuble est en train de se définir entre produits et projets, avec des consommateurs qui pensent de plus en plus m³ que m².
Le savoir-faire des points de vente fait la différence
Face à la baisse de trafic, subie par tous les canaux, seule la grande distribution ameublement progresse en valeur, au détriment des spécialistes, surtout, mais aussi des GSB. Les deux plus grandes enseignes ont d’ailleurs annoncé une stratégie de rationalisation des coûts d’exploitation, qui pourrait se traduire par un renforcement des produits par rapport aux projets, selon l’Ipea. Concernant l’e-commerce, les places de marché prennent de plus en plus d’envergure, avec un consommateur qui cherche tout de même le contact dans les points de vente. Si les performances sont très diverses entre les familles de produits et les acteurs, une chose est sûre, plus que tout, « la distinction produit par rapport à projet » joue sur les performances, tout comme la capacité à offrir des gammes singulières (marques, marques propres, fonctions et design). Le savoir-faire des points de vente, y compris du point de vue stylistique afin de renforcer leur identité, fait aujourd’hui la différence.
L’optimisme est de mise pour 2024
Pour 2024, malgré la chute des permis de construire, l’optimisme est de mise pour les acteurs de la filière, qui parlent d’un retour à la normale des affaires après les deux années post-covid que l’on a connues. D’autant qu’il n’y a pas d’érosion du nombre de points de vente, comme c’est le cas dans le textile. De plus, les enquêtes montrent que les intentions d’achat restent fortes, les consommateurs souhaitant poursuivre l’aménagement de leur maison, dans laquelle ils se sentent en sécurité.
Enfin, selon L’Ameublement Français, l’offre fabriquée en France a gagné des parts de marché, passant de 26 à 27 %, notamment parce que « plus le consommateur a envie de configurer son intérieur, plus on renforce le fabriqué en Europe, parce qu’il est difficile de proposer une offre configurée qui vienne de très loin. »
Etude de marché présentée par la Cnef, Confédération nationale de l’équipement du foyer, L’Ameublement français et l’Ipea, Institut de la Maison.