Au mois de juin 2015, les ventes de mobilier progressent de 6,9 % en France, mais de seulement 2,1 % sur les 6 premiers mois. Si le meuble de salle de bains recule de 2 % environ, le meuble de cuisine affiche une croissance forte. Pourquoi ?
Depuis 4 ans, le marché français du meuble domestique se porte mal. C’est pourquoi, la progression de près de 7 % relevée au mois de juin 2015 constitue une heureuse surprise. Rien qui puisse compenser les mauvais chiffres du passé – le premier semestre n’affiche qu’une croissance de 2,1 % –, mais peut-être l’amorce d’une reprise, pour peu que l’on fasse preuve d’optimiste. Car toutes les familles de produits ne contribuent pas à ce modeste résultat. Si le meuble de cuisine, désormais détaché des aléas de la construction neuve, maintient une croissance forte, loin devant celle de la literie, et que les « rembourrés » affichent une reprise sensible, tous les autres segments du marché régressent, y compris le mobilier de salle de bains, en recul de 2 % environ.
Le paradoxe du mobilier de bain
Pourquoi le marché du meuble de cuisine demeure positif, alors que, dans le même contexte économique, celui du meuble de salle de bains (la dernière née des pièces à vivre) reste en recul ? Pour Christophe Gazel, directeur de l’Ipea, il ne fait aucun doute que le secteur de la cuisine a une belle longueur d’avance, grâce au maillage serré des enseignes de fabricants (Mobalpa, Schmidt…) qui contrôlent, forment et animent des réseaux de cuisinistes connaissant parfaitement les attentes de leurs clientèles, et à celui des représentants de la grande distribution qui ont su construire une offre simple, claire et lisible, tel Ikea. Le moteur qui transforme les motivations en achats ne se trouve pas dans les résultats de l’immobilier, les émissions de télé Déco ou la presse Maison, mais dans le savoir-faire de certaines enseignes, qui séduisent par la pertinence de leur offre. Or, dans le secteur de la salle de bains domine une distribution éclatée, avec une offre souvent peu lisible, qu’il s’agisse de prix, de matériaux, de styles ou du service…
Communiquer pour soutenir le marché
La production mondiale de meubles progresse de plus de 7 % par an depuis près de dix ans, totalisant 327 milliards d’euros : la France en représente à peine 2,7 % ! Il y a donc du grain à moudre. La distribution, via la Fnaem (Fédération française du négoce de l’ameublement et de l’équipement de la maison), va lancer une campagne en faveur de l’ameublement, sur le thème de la « Meublothérapie» ou l’art de se faire du bien avec le meuble. Elle débutera le 7 décembre, à l’occasion du salon Esprit Meubles, et utilisera internet pour développer un ensemble incitatif d’informations et de conseils. Par ailleurs, L’Unifa, représentant des industriels, va abonder pour un million d’euros au capital du fonds de soutien à la filière bois-ameublement, fonds ouvert par Bpifrance et déjà doté de 25 millions d’euros. L’objectif est d’aider les entreprises du secteur, en phase de consolidation, à se développer en intervenant sur le financement de projets, l’investissement, les transmissions ou les alliances. Le secteur, essentiellement composé de TPE, PME-PMI, manque d’ETI.
Débloquer les PEL pour relancer la consommation
En France, le meuble est considéré comme un bien d’équipement (qui dure longtemps), pas comme un bien de consommation. Dans un contexte économique défavorable, les arbitrages de dépenses lui sont souvent défavorables. Pour la filière, accorder aux ménages l’autorisation temporaire, et plafonnée, de débloquer une partie des 201 milliards d’euros des PEL pour acheter du mobilier neuf de moyen ou haut de gamme, sans pour autant le fermer, aurait un effet fortement incitatif. De nombreux députés de toutes tendances y sont favorables, mais les banques, qui y voient un détournement de l’épargne de long terme, y sont opposées. Selon la profession, cette mesure, qui ne coûterait rien à l’Etat, n’entre pas en contradiction avec l’épargne longue des banques (la durée de vie moyenne d’un meuble en France est de 15 ans), et s’orienterait en majorité vers des produits de fabrication française.
Construction : une reprise… très partielle
Au deuxième trimestre 2015, les permis de construire progressent de 3,9 % par rapport à la même période en 2014, à 92 100 unités. Sur la même période, les mises en chantier reculent de 7,4 %, à 86 100 unités, tandis que, pour les logements en résidence, la chute, de 31,2 %, est brutale. Sur 12 mois, le total des mises en chantier est en recul de 5,8 %, à 344 000 unités. Au premier semestre, l’activité « matériaux de construction » accuse un repli de 9,4 %. La Fédération Française du Bâtiment (FFB) considère le secteur comme sinistré, tous les indicateurs étant dans le rouge : activité, emploi, intérim, dépôt de bilan… Cependant, on assiste à une reprise du logement neuf. L’Observatoire de la Fédération des promoteurs immobiliers note que l’embellie constatée au premier trimestre 2015 se confirme au deuxième, avec une progression de 23 % et un total de 30 764 logements réservés. Mais cette progression est le fait des investisseurs, essentiellement liée à l’élargissement du dispositif Pinel. En revanche, les ventes pour l’accession à la propriété continuent de stagner à un bas niveau, malgré des conditions de crédit exceptionnelles. Dans l’immobilier ancien, la Chambre des Notaires de Paris-IdF constate une progression de 18 % des ventes à fin mai, sur un an.