Lors de son colloque annuel, l’Ipea a livré des chiffres provisoires sur le marché du meuble, y compris celui de salle de bains. Ce dernier est plutôt en hausse, laquelle est évidemment à relativiser.
L’Ipea, l’Institut de la Maison dirigé par Christophe Gazel [1], prévoit un marché du meuble de salle de bains de plus de 560 millions d’euros (prix consommateur, TTC), en progression de +1/4 % en 2022 par rapport à 2021 (et de +7/10 % par rapport à 2019). Une hausse légère qui est évidemment liée à celle des prix, mais aussi au rattrapage important qui a eu lieu au premier trimestre de l’année 2022, sachant que la salle de bains est la pièce de la maison que l’on rénove en dernier. C’est ainsi que, en valeur relative, le meuble de salle de bains fait mieux que celui de cuisine, habituellement premier de la classe.
C’est le mobilier de jardin qui enregistre la plus forte croissance. Du fait des confinements successifs et de la canicule de cet été, il devrait enregistrer une hausse de +5/7 % par rapport à 2021 et de +25/28 % par rapport à 2019. Le meuble meublant suit qui, à près de 4,9 milliards, progresse de +2/5 % et de +5/8 % par rapport 2021/2019. Notons que le mobilier de bureau est le gagnant du marché, dont les ventes sont boostées par le télétravail.
Le poids des hausses des prix
Dans son ensemble, le marché du meuble progresse de +1,7 % sur dix mois par rapport à 2021, après une croissance de +14,3 % en 2021. Le mois d’avril, particulièrement soutenu (+89,3 %), sauve l’année. L’inflation aussi, si l’on peut dire. Au final, la croissance globale restera faible. Car, indique l’Ipea, « qui dit hausse de prix, dit arbitrage. »
Par rapport à 2019, le marché est en avance de +10,2 % sur les dix premiers mois de 2022. Mais si l’on prend en compte les hausses de prix données par l’Insee, soit +8,5 % entre octobre 2022 et 2021 pour l’ameublement intérieur, on peut considérer que 2022 est au même niveau d’activité que 2019. Notons que le marché du bricolage est à -1,4 % par rapport à 2021 (sur dix mois), mais à +16,1 % par rapport à 2019.
Le poids de la baisse des mises en chantier
Le meuble étant fortement tributaire des tendances du marché de l’immobilier, l’Ipea a fait un point concernant ce dernier. Et les nouvelles ne sont pas bonnes, du moins pour le neuf. Les mises en chantier de logements sur douze mois glissants (jusqu’à fin octobre 2022), à 380 800, ont reculé, et creusent l’écart avec les permis de construire, à 500 700. De plus, les ventes de logements neufs sont au plus bas : les projets sont là, mais les délais s’allongent du fait des taux d’intérêt qui augmentent, des difficultés d’accès au crédit pour les consommateurs, des hausses des matières premières, du coût de la construction que la RT 2020 est venue renchérir… En revanche, dans l’ancien, si les transactions sont en baisse de -5,6 %, elles restent à un niveau élevé, établies à 1 145 000 sur dix mois glissants.
L’e-commerce en recul
La grande distribution ameublement, qui réalise plus de 5,6 milliards de vente de mobilier, gagne des parts de marché, à +5/8 % et +2/5 % par rapport à 2021/2019. Avec près de 4 milliards d’euros et -1/+2 % et +22/25 % versus 2021/2019, les spécialistes stagneront sans doute par rapport à 2021. En revanche, à -2/+1 % et +15/18 % par rapport à 2019, les GSB ne feront sans doute pas mieux en 2022 par rapport à 2021, d’après l’Ipea. Mais si elles reculent, les ventes restent à un bon niveau dans ce circuit de distribution.
L’e-commerce, constitué ici uniquement des pure players, qui réalisent un peu plus d’un milliard d’euros, recule plus nettement, de -8/11 % par rapport à 2021 (+1/4 % par rapport à 2019). Un reflux notamment lié à la réouverture des magasins et au développement accéléré des ventes en ligne par les enseignes physiques.
Des prévisions pour 2023
Pour le meuble de salle de bains, l’Ipea anticipe une année 2023 en recul, mais contenu à -2 %. D’une part parce que les transactions dans l’immobilier ancien se maintiennent à un bon niveau, d’autre part parce que 48,8 % des ménages interrogés en novembre 2022 prévoyaient des achats de mobilier dans les trois prochains mois, dont 6,3 % pour la salle de bains.
[1] Les données de conjoncture publiées par l’IPEA sont calculées sur la base des déclaratifs de chiffre d’affaires mensuels par familles de produits de trente-sept grandes enseignes (Alinéa, Ameublier, Atlas, Aviva, BHV, BUT, BUT Market place, Groupe Camif (Camif, Matelsom), Cdiscount, Conforama, Conforama Market place, FBD (Cuisine +, Cuisines références, Ixina), France literie, Gallery Tendances, Gautier, Grand Litier, Hémisphère Sud, Ikea, La Compagnie du lit, La Halle au Sommeil, La Redoute, Lapeyre, Groupe Maison de la literie (Maison de la literie, Mon lit et moi, Univers du Sommeil), Maisons du Monde, Maisons du Monde Market place, Poltronesofa, Sagam, Schmidt Groupe (Cuisines Schmidt, Cuisinella), Société Fournier (Mobalpa, Pérène, Socoo’c), et d’un panel de plus de cent magasins indépendants.