Les douches maçonnées ne sont pas celles qui, dans l’habitat, génèrent le plus de problèmes d’étanchéité. Selon l’Agence Qualité Construction, qui publie une étude sur les pathologies, ce sont celles équipées d’un receveur qui les additionnent. Ces désordres, inventoriés ici, doivent constituer des points de vigilance accrus lors de la mise en œuvre.
C’est dans sa collection Focus désordres que l’Agence Qualité Construction (AQC) a publié une étude sur les pathologies liées à la mise en œuvre des douches avec ou sans ressaut, dans l’habitat et les lieux résidentiels, en neuf et en rénovation [1]. Réalisée par la Commission Observation, elle s’appuie sur les données de la base Sycodés, où la douche cumule près de 6 000 dommages, attribués pour 92 % à un défaut d’exécution et 5 % à un défaut de conception. Des dommages qui apparaissent dans deux types d’éléments d’ouvrage – « carrelage » (pour 19 %) et « équipements sanitaires » (pour 81 %) –, de un peu plus de trois mois à près de dix ans après la réception du chantier (et en moyenne à 4,7 ans), note l’étude, mais tout dépend de leur nature.
91 % des désordres concernent l’étanchéité de la douche (parois, carrelage de sol, joints, raccordements, évacuations…) et 6 % la sécurité d’utilisation (risque de glissance). Le défaut de stabilité est également mentionné, qui est principalement dû à un mauvais ajustement du receveur, entraînant souvent sa fissuration.
Plomberie : des raccordements défaillants
Concernant la plomberie, le rapport évoque plusieurs types de défauts : emboîtement sur les évacuations, raccordement sur les alimentations, serrage ou raccordement de l’évacuation au siphon, pentes ou contrepentes non conformes, ruptures de canalisations en gaines techniques ou encastrées en plancher, qualité de matériel insuffisante ou inadaptée. Sont aussi signalés des manques d’isolation thermique de canalisations d’eau chaude ou l’absence de bouclage de réseaux. Attention également aux sorties des alimentations, les étanchéités n’étant pas effectuées.
Bonnes pratiques : réalisation soignée des raccordements de canalisations d’alimentation ou d’évacuation, des sorties murales, puis entretien régulier. Veiller à ce que les pentes pour les évacuations soient conformes, soit 2 cm/m au moins.
Receveurs : fissurations et infiltrations
Quel que soit le matériau du receveur – céramique ou synthèse – , que celui-ci soit associé ou pas à une cabine préfabriquée, dans un tiers des cas, la fissuration est liée à « un phénomène de fatigue sous sollicitations alternées conjugué à l’insuffisance de rigidité du sol des cabines ou du receveur, en fonction du point d’application des charges […]. » En clair, soit les receveurs sont mal calés, soit il y a une rupture de l’étanchéité à la liaison receveur/mur (insuffisances de continuité du sol support ou du joint souple par rapport au revêtement mural).
Bonnes pratiques : calage correct des receveurs ou des cabines – nombre de plots conforme aux prescriptions du fabricant –, notamment ceux en matériaux de synthèse « en raison de leur souplesse intrinsèque et des sollicitations auxquelles ils sont soumis. » Le rapport rappelle que les règles de pose des receveurs, de la robinetterie, de l’évacuation et des siphons sont sont mentionnées dans le DTU 60.1, partie 1-1-3, aux paragraphes 4.2.9 (receveurs en céramique) et 4.2.10 (receveurs en acrylique), 4.3.1.1 (robinetterie), 4.3.2 (évacuation) et 4.3.3 (siphons).
Etanchéité : des points faibles multiples
Les points faibles liés à l’étanchéité sont nombreux ! A commencer par l’utilisation de plaques de plâtre non hydrofuges, l’absence d’une étanchéité sous carrelage (Spec) des parois verticales de la douche ou de sa mise en œuvre défaillante. Le rapport souligne également des manques au niveau des raccordements des évacuations et des alimentations, mais aussi de l’étanchéité périphérique et de la jonction de l’étanchéité sol/murs.
Bonnes pratiques : les revêtements carrelés n’étant pas étanches, le Spec, ou système de protection à l’eau sous carrelage, s’impose dans la douche. De plus, souligne le rapport, l’article 45 du Règlement sanitaire départemental type (circulaire du 09/08/1978 modifiée) impose « que les sols des salles d’eau des locaux d’habitation soient en parfait état d’étanchéité, au sens courant de la non-migration d’eau au travers des parois vers des espaces attenants (et non au sens strict du NF DTU 43.1). La présence de siphons au sol doit conduire les concepteurs à traiter particulièrement les locaux concernés vis-à-vis du risque de migration d’eau à l’extérieur de ces pièces. »
Parois et cloisons de douches : les revêtements
Si les désordres liés à l’absence de parois de douche concernent – tout de même – 16 % des cas, d’autres surviennent à cause d’un revêtement inadapté des cloisons qui, parfois, sont tout simplement peintes.
Concernant les revêtements souples, l’étude souligne les ruptures de soudure entre lés, qui provoquent leur rétractation, généralement sur les murs ; mais aussi l’association d’un sol souple et d’un revêtement carrelé au mur, qui favorise les infiltrations.
A noter encore, les décollements de faïence, généralement dus à des retraits et fissuration du support.
Bonnes pratiques : éviter de combiner les procédés, « qui augmentent notoirement les risques d’infiltrations (faïence murale associée à des sols souples notamment). »
Beaucoup de désordres liés aux joints
Les joints ! Certains sont inadaptés au support, d’autres inaccessibles à l’entretien ou, tout en l’étant, ne sont pas du tout entretenus. Dans 14 % des cas dans cette famille de pathologies, ils sont inexistants sur les robinetteries… Le rapport met en doute la présence effective de fond de joint en périphérie des appareils sanitaires, qui n’est jamais précisée, de même que celle sous les cloisons périphériques de la pièce d’eau.
Bonnes pratiques : l’étude indique, sous la forme d’un schéma (ci-dessus), les dispositions assurant une bonne étanchéité des douches : la présence des fonds de joints aux endroits stratégtiques, l’utilisation de bandes d’étanchéité, etc.
Pathologies relatives à la pose des ouvrages ou du revêtement de sol
Nombre de pathologies sont dues aux liaisons inadaptées du receveur au support (pose du receveur après la réalisation du carrelage, par exemple) ou au défaut de préparation de celui-ci. D’autres sont liées aux revêtements de sol, par exemple le retrait différentiel du mortier de pose du carrelage scellé, retrait du support dans le cas de douche sans receveur ou insuffisance d’encollage et de marouflage.
Bonnes pratiques : calage et marouflage soigné des revêtements afin de limiter les possibilités de migration de l’eau à l’interface de ceux-ci et de leurs supports.
[1] Focus désordres, douches avec et sans ressaut, étude réalisée par Jean-Pierre Thomas, expert construction à la direction technique du cabinet 3C, spécialiste Béton et étanchéité Crac, à partir des données de la base Sycodés (à télécharger sur le site de l’AQC). Celle-ci regroupe les pathologies dans la construction et concerne majoritairement les déclarations DO (Dommages-Ouvrage) prises en garanties. Les données collectées correspondent à 80 % des sinistres déclarés. 510 dossiers ont été analysés (travaux de rénovation ou ouvrages neufs), qui correspondent à 1 144 rapports d’expertise.
Photo : @iStockphoto, Yevhen Smyk.