Les produits hydrophobes à base de fluor (PFOA) appliqués sur certaines parois de douche pour limiter l’accroche du calcaire seront, dès le 20 juillet 2020, interdits par la règlementation Reach. L’occasion de faire le point sur une technique pas vraiment claire.
Il existe deux manières de traiter le verre contre la corrosion et le calcaire. La plus utilisée par les fabricants de parois de douche passe par l’application d’un produit hydrophobe sur la face intérieure du panneau, effectuée après les découpes et la trempe.
Le produit hydrophobe en question peut être à base d’acide perfluorooctanoïque ou PFAO, une famille de composants chimiques dont les déclinaisons sont nombreuses. Toutes sont avérées dangereuses pour l’environnement et les personnes. En effet, totalement synthétiques, ces différents acides et sels sont ce que l’on appelle des POP ou produits organiques persistants, qui sont également bioaccumulables, toxiques et mobiles (des concentrations élevées ont été relevées jusque dans l’Arctique). Ils sont utilisés dans de nombreuses applications, notamment les mousses anti-incendie, mais aussi les textiles (vêtements outdoor, tapis, moquettes…) et papiers – même les cartons à pizza ! –, lesquels, grâce à la propriété hydrophobe apportée, deviennent résistants à l’eau, à l’huile, à la graisse et à la saleté.
A partir du 4 juillet 2020, dans le cadre de la réglementation européenne Reach, les substances apparentées au PFOA ne doivent plus être employées, sinon dans des cas très encadrés, excluant l’application qui nous concerne [1]. Si l’on peut faire confiance aux fabricants de douche européens pour se conformer à Reach – qu’ils ont sans doute anticipé pour la plupart –, qu’en est-il des produits d’import asiatiques sourcés par la distribution ?
L’alternative à l’application d’un produit hydrophobe
L’effet de ces produits hydrophobes (wet coating) est démonstratif, car l’eau perle sur la surface du verre. Mais il n’est pas durable la plupart du temps. D’ailleurs, il est rarement garanti par les fabricants de parois et, souvent, les distributeurs, notamment la GSB, commercialise des solutions à pulvériser lorsque la protection ne fonctionne plus. A force de racler la surface, de la nettoyer avec des produits anticalcaires ou solvants, la couche hydrophobe finit par disparaître et le verre par perdre de sa transparence, se recouvrant du voile blanc que l’on cherche à éviter.
Mais il existe un autre traitement, moins spectaculaire quant à l’effet perlant, mais protecteur s’agissant du calcaire. Il est proposé par les fournisseurs de verre qui, eux, utilisent des oxydes métalliques pour boucher les pores du verre (hard coating) et empêcher sa corrosion et l’accroche du calcaire (Luxclear de AGC, Timeless de Saint-Gobain Glass…). Il n’y a pas de capacité autonettoyante, mais l’entretien est facilité, la protection est solide et non toxique du point de vue de la règlementation et durable, garantie d’ailleurs 10 ans par les industriels du verre.
La couche est appliquée par les verriers avant la trempe et peut supporter les transformations industrielles nécessaires à la production des parois de douche. Ainsi traitée, la plaque de verre coûte évidemment plus cher, de l’ordre de quelques euros par m², mais elle supprime une étape dans la production de parois et, surtout, permet d’être en conformité avec la règlementation Reach tout en tenant la promesse de protection anticalcaire, même après plusieurs années d’utilisation.
[1] Règlement 2017/1000 de la commission du 13 juin 2017, modifiant l’annexe XVII du règlement (CE) n° 1907/2006 du Parlement européen et du conseil concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (Reach), en ce qui concerne l’acide pentadécaluorooctanoïque (PFOA), ses sels et substances apparentées.
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