La deuxième partie du rapport de l’Agence Qualité Construction sur les causes des pathologies des réseaux de plomberie sanitaire dans le résidentiel s’attache aux légionelles, qui peuvent aussi se développer dans les réseaux d’eau froide lorsqu’ils sont trop chauds…
Quoique nettement moins fréquents que les phénomènes de corrosion, ceux liés aux légionelles dans les circuits d’eaux sanitaires des bâtiments résidentiels existent. C’est en tous cas ce qu’a constaté Stelliant Expertise dans le rapport d’études des pathologies sur ces réseaux, réalisé à la demande de l’Agence Qualité Construction [1] : il peut y avoir des légionelles dans les réseaux d’eau chaude et d’eau froide non isolés.
Parce que les bactéries prolifèrent lorsque la température de l’eau est comprise entre 25 °C et 45 °C, l’étude rappelle qu’en tous points des réseaux de distribution, celle-ci doit être supérieure à 50 °C, « à l’exception de la partie terminale avant puisage pour laquelle il existe une tolérance » [2], qui s’applique « lorsque le volume entre le point de mise en distribution et le point de puisage le plus éloigné est supérieur à 3 litres. »
Respecter les exigences du DTU Plomberie d’août 2013
Le DTU Plomberie (NF DTU 60.11 P1-2, Conception et dimensionnement des réseaux bouclés) va plus loin : en plus d’un volume inférieur à 3 litres, les antennes doivent avoir une longueur de moins de 8 mètres. De plus, le nombre de boucles doit être limité « pour rester compatible avec l’exploitation de l’ouvrage. » Enfin, chaque boucle doit être pourvue d’un organe d’équilibrage, « sélectionné dans la plage de fonctionnement définie par le fabricant », afin de bien répartir les débits dans l’installation.
Le rapport révèle les principaux défauts constatés : température de départ de l’eau chaude sanitaire insuffisante ; diamètre des tuyauteries trop faible ; équilibrage hydraulique défaillant (absence de vanne ou réglage incorrect) ; présence de bras morts dans l’installation ; calorifuge absent ou pas assez performant.
Un équilibrage « correctement réalisé et maintenu » est nécessaire, indique le rapport. Car une vitesse de circulation trop faible de l’eau chaude sanitaire engendre des baisses locales de sa température. De même en cas de diamètres trop petits du réseau.
Gare aux légionelles sur les réseaux d’eau froide !
Le rapport signale la présence croissante de légionelles dans les réseaux d’eau froide, dont la température devrait être inférieure à 25 °C (Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine).
Sont en cause : des réseaux d’eau froide circulant à proximité des réseaux d’eau chaude bouclés, en particulier quand ils sont encastrées en dalle, donc non calorifugées la plupart du temps du fait des contraintes liées à la hauteur d’encastrement ; des réseaux d’eau froide circulant dans des espaces dont la température peut être élevée, par exemple des combles ; des phénomènes de retour d’eau chaude dans l’eau froide et inversement.
Eviter les légionelles dans les réseaux d’eau froide
En résumé, le rapport conseille, en plus d’éviter de multiplier les bouclages, de limiter le volume des tuyauteries non bouclées à 3 litres et leur longueur à 8 mètres ; de veiller à ce que la vitesse de circulation de l’eau soit comprise entre 0,2 m/s et 0,5 m/s ; et de maintenir l’ouverture des organes d’équilibrage à 1 mm. Il met aussi en garde sur les conséquences de modifications éventuelles du réseau et recommande, pour les ERP, de réaliser régulièrement des analyses bactériologiques de l’eau.
[1] Etude réalisée en mai 2022 par Daniel Oisel et Brahim Bayri du réseau Stelliant Expertise pour le compte de l’AQC. A noter, un autre rapport, à destination des bureaux d’études et autres concepteurs, a été publié en 2024, qui traite plus largement et plus précisément des problèmes de légionelles dans les installations hydrauliques des bâtiments (sauf tours de refroidissement et climatisation), résidentiels ou pas.
[2] Article 1 de l’arrêté du 30 novembre 2005 modifiant celui du 23 juin 1978 relatif aux installations fixes destinées au chauffage et à l’alimentation en eau chaude sanitaire des bâtiments d’habitation, des locaux de travail ou des locaux recevant du public.
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