Les élèves de l’ESAM Design ont imaginé « la salle de bains THG Paris de demain », thème du concours organisé par THG dans le cadre de sa stratégie de diversification initiée en 2017 avec le développement de sanitaires haut de gamme. 14 projets ont été présentés et 3 distingués : Suitcase de Maryne Bernardon, Ascendant de Margareth Laug et Caelesti de Laurine Vallone.
Dans cette promotion, la valeur n’attend manifestement pas le nombre des années. Le corpus de projets développé par les élèves de l’ESAM Design – l’Ecole Supérieure des Arts Modernes, section architecture d’intérieur – recèle quantité d’idées convaincantes, lesquelles ouvrent des perspectives intéressantes pour la salle de bains dont la mutation continue de s’opérer. Bien que seulement trois d’entre ces propositions prospectives aient été distinguées par un prix, la somme a fait l’unanimité. Photo : croquis de Maryne Bernardon, 1er prix.
De l’apprentissage mutuel
Comment se projeter dans le futur afin de concevoir des typologies inédites de produits, des agencements en phase avec les nouveaux usages émergents ? La question taraude tous les fabricants, soucieux que leur production accompagne les évolutions profondes du marché. Parce que, de son propre aveu, son emploi du temps ne lui permet guère d’aller à la rencontre de toutes les écoles d’art et de design à Paris, ce concours, Michel Gosse, directeur général de THG Paris France, y tenait « pour avoir une bonne perception de ce que les jeunes pensent de la salle de bains de demain ».
Pour Véronique Maire, enseignante en design qui a supervisé les travaux de ses élèves de 4e année, « la réussite d’un projet, c’est rentrer dans une marque : accéder à l’outil de production est essentiel ». Justement, la classe a été conviée par THG à faire le déplacement jusqu’à l’usine et au showroom picards où elle été reçue notamment par Olivier Rolland, directeur commercial France et prescription. Pour la professeure, les projets se sont nourris « sans arrêt d’une mise en perspective de cette visite, au plus près des savoir-faire, fascinants ». Pour se préparer au monde professionnel, les étudiants ont en effet selon elle besoin « d’être au plus près des gens qui font, pour que la création ne soit pas déconnectée du savoir-faire ». Sous-jacente au travers de cet accueil et de l’organisation de ce concours qui « a nécessité la mise en place d’un vrai suivi », la qualité humaine a joué un rôle décisif, comme un moteur dans « l’envie des élèves de leur redonner cette même générosité ». Photo : croquis de Margareth Laug, 3e prix.
Un temps de maturation exceptionnel
De mi-mars à fin mai, les élèves âgées de 21 à 24 ans (pas de garçon dans cette promotion), se sont donc projetées dans « le futur » pour (ré)inventer la salle de bains de demain selon THG, après avoir collaboré avec Cosentino (1er semestre) ou encore Cinna. Pour cela, encore intégrées à leur école, durant un trimestre entier, elles ont « bénéficié d’un temps de maturation exceptionnel, le temps est un luxe dont on dispose moins une fois en agence ». Nul doute que leurs réflexions conceptuelles ont été « décantées, affinées, perfectionnées, amenées le plus loin possible ». Parmi les pistes suggérées par la pédagogue, des questions centrales pour un designer comme « La salle de bains est-elle toujours un espace ou est-elle devenue un objet ? » ou « A-t-on encore besoin de murs ? » (…). Personnelle tout en cadrant au brief**, chaque proposition est in fine une projection sur de possibles envies générationnelles, si ce n’est sociétales.
En ressortent une appétence particulière pour la végétalisation des espaces, une quête de bien-être accrue ou encore un travail subtil sur la sonorité et l’écoulement de l’eau participant à la zénitude… Des tendances fortes selon Michel Gosse qui, convaincu par l’expérience « souhaite la refaire » : « Naturel, végétal, emploi de la pierre et jeux de matériaux nobles, les projets des élèves sont manifestement plus sensibles à ça qu’on ne l’est aujourd’hui encore. Dans les projets, l’espace est souvent cloisonné, avec, dans la même pièce, des séparations distinctes en trois zones : lavabo/bain/douche ».
1er prix : Suitcase de Maryne Bernardon
Grand vainqueur de ce concours, le projet de Maryne Bernardon puise son inspiration dans le voyage, contrée encore peu investie encore par la salle de bains mais dont les hôtels sont depuis toujours le relais incontournable. Le point de départ de son concept est une baignoire gainée de cuir qu’elle a pu admirer au showroom de Béthencourt-sur-Mer. Cet objet d’exception lui a rappelé les précieuses cabines Vuitton et « donné l’idée de proposer une malle fixe dotée de portes intégrant un point d’eau ainsi qu’une déclinaison mobile ». Belle pièce complémentaire, un Vanity de la taille d’un bagage à main et destiné à contenir les produits liés à la toilette fait subtilement le lien entre chambre, dressing et salle de bains. Bois, cuir, laiton… Suitcase met en valeur les matériaux et les savoir-faire ancestraux pour proposer un agencement et un mobilier qui réinventent la salle de bains en adaptant d’anciennes formes aux usages contemporains. Un premier projet de salle de bains inventif et en harmonie avec l’ADN de THG dont les créations portent également le sceau du luxe et « voyagent » dans le monde entier !
2e prix : Ascendant de Margareth Laug
Margareth Laug souhaitait offrir une Interprétation nouvelle de ce que l’on entend par salle de bains en bannissant les standards, à commencer par celui qui place d’ordinaire tous les éléments sur un seul plan. Très mature et réaliste, sa réflexion s’est portée sur le rite originel du bain qui était autrefois partagé par plusieurs utilisateurs. Un soin collectif et purificateur qui appelait tout d’abord un espace généreux. Dans un grand volume épuré, elle a donc « construit un cheminement vers la purification » dont l’aboutissement est une baignoire encastrée, symboliquement « ancrée dans le sol et dont le pourtour est dématérialisé pour offrir une immersion totale ». Récompensé par un 2e prix, le projet Ascendant rythme l’espace grâce à des niveaux formés d’estrades ainsi que de panneaux verticaux. « En caillebotis, ils permettent à plusieurs utilisateurs simultanés d’être le moins vu possible dans le fond dédié au bain alors que l’espace de préparation où l’on n’est pas nu est le seul pourvu de miroirs parce que l’on n’aime pas toujours se voir ». Si le minimalisme est de rigueur, un astucieux banc dissimule des rangements mobiles et les surfaces font la part belle aux matériaux naturels comme l’ardoise et le teck. Par sa forme étagée et sa poignée rectangulaire en onyx noir, la robinetterie THG intégrée fait d’ailleurs intelligemment écho aux lattes du plancher et des claustras. Bien qu’Ascendant se réfère à la tradition ancienne pour concevoir un protocole complet d’ablutions, il intègre une technologie de pointe : les murs projettent des hologrammes pour que « l’ambiance évolue au gré des saisons et des envies ». Dernier clin d’œil au mouvement qui dirige ce projet très réfléchi, l’image choisie pour concourir exprime et renforce cette idée d’action dynamique dans l’espace puisqu’il s’agit d’une chute de neige.
3e prix : Caelesti de Laurine Vallone
Distillant dans l’espace une poésie certaine, le projet Caelesti se définit comme « une progression dans le temps et dans l’intimité au travers d’un univers céleste ». Par un jeu original, des paravents circulaires cerclés de laiton dont l’esthétique, au comble du chic, n’est pas sans rappeler le meilleur de l’Art Déco, instaurent trois plans successifs. Laurine Vallon a ainsi imaginé une constellation de planètes dont les matériaux, rares et assez peu usités, symbolisent la matière stellaire : Litracon (béton transparent), Eternal Marquina (marbre), lave émaillée (de chez Made a Mano)… « Coiffeuse avec fauteuil et porte-serviettes masqué à l’arrière, double plan-vasque pour la toilette cerclée d’un « soleil » en laiton, puis espace douche figurant « une lune » grise auréolée d’une source lumineuse avec assise en Corian et étagère verticale » (…), Caelesti « créé de larges unités de passages entre chaque cercle, pour ne pas se sentir oppressé ». Malin : des bandes dont la largeur est calibrée cachent les canalisations au niveau du plan-vasque et de la douche. La robinetterie Métamorphose Carbone a été choisie pour son design, allant du carré vers le rond, en symbiose avec le projet.
* Le jury était composé de Michel Gosse, directeur général de THG Paris France, de Laurence Bloch, directrice de l’hôtel Plaza Athénée, de Catherine Exer, directrice de l’Esam design et de Claudine Penou, journaliste spécialisée et fondatrice de l’Ambassade du Bain.
** « Imaginez la salle de bains THG Paris de demain »
Le brief
♦ Une salle de bains d’intérieur
♦ Au moins trois produits de robinetterie THG Paris existants (robinetterie de lavabo, ensemble douche, ensemble bain).
♦ Au moins deux produits sanitaires THG Paris existants (vasque, baignoire, receveur de douche).
♦ Au moins deux produits complémentaires de diversification, créés par l’élève (radiateur, meuble, miroir, luminaire, pont de baignoire, table d’appoint, tabouret, etc.).