Sur ISH 2019, deux stands battaient pavillon Burgbad. Si le principal était dédié à la présentation habituelle des nouvelles collections de mobilier, le deuxième n’était pas secondaire pour autant. Dans le registre de la prospection, il mettait en avant deux projets développés par le « Lab Burgbad » en collaboration avec l’Université de Hanovre : Saguaro et Badroschka.
A Francfort où ils étaient présents pour renseigner les visiteurs, les deux groupes d’étudiants du département des Arts et Sciences appliquées de l’université de Hanovre (Basse-Saxe) qui ont pensé ces projets innovants ont eu l’occasion de confronter leurs idées disruptives avec les professionnels du sanitaire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette jeune génération déborde d’inventivité !
Projeter la salle de bains de demain
Très différentes dans leur concept, leurs créations ont en commun une vision expérimentale de la salle de bains. Celle-ci tend à libérer ses éléments de l’emprise des murs, en travaillant notamment la notion d’îlot. Pour cela, sur chaque « pop up bath », les évacuations et l’approvisionnement en eau sont regroupés au milieu de la pièce et non plus le long des cloisons. En centralisant la technique, les apprentis designers sont parvenus à regrouper les différents pôles de fonctionnalité en un seul, plus compact : lavabo, toilettes et douche sont ainsi rassemblés et non plus distribués dans l’espace. Travaillé autrement, l’agencement permet d’inventer une nouvelle forme d’architecture intérieure. Même si l’approche des deux projets est relativement identique, la proposition diffère !
Saguaro, l’oasis économe en eau
Exploitant le biomimétisme, ce projet calque son design sur celui d’un cactus géant, capable de survivre sans eau dans le désert. Le Saguaro est en effet connu pour ses incroyables capacités de rétention. On a encore tant à apprendre de la nature ! Pour performer dans les économies d’eau (y compris usées), Florian Wagner et Vitalij Krist ont choisi d’utiliser la technologie de drainage sous vide, présentée comme plus performante que les méthodes conventionnelles. Donnant forme à leur projet, ils ont dessiné un module arborescent en 3D qui s’articule autour d’un axe central, à la manière d’une tige végétale d’où partent des ramifications multidirectionnelles. Le prolongement de chaque pousse de métal (tubulure noire, avec des becs cerclés d’or) correspond une fonction (douche, WC, point d’eau), sachant que le sol/socle est matérialisé par un receveur circulaire en béton. Très sculptural et épuré, le projet Saguaro met en scène des formes géométriques simples qui transforment la salle de bains en une oasis rafraîchissante où la notion de point(s) d’eau prend tout son sens !
Badroschka, des boîtes gigognes pour « oiseaux migrateurs »
Porté par Elena Gfroerer, Giulio Grasso et Philipp Cartier, le projet Badroschka conçoit la salle de bains comme un jeu de poupées russes, avec des modules emboîtables. Le point de départ de cette étude spéculative prend en compte une donnée souvent négligée, bien qu’elle soit déterminante dans la notion de rénovation : la fréquence des déménagements, au gré d’existences (et de carrières) de plus en plus nomades. En Allemagne, 14 millions de personnes changent de logement chaque année ! Pourquoi ne pas « transporter » sa salle de bains à chaque nouveau départ, d’un logement à un autre ? Totalement en rupture avec notre façon d’appréhender la pièce comme une addition de produits – et non un produit en soi –, cette idée fait germer ici une proposition étonnante. Ainsi, en prévision de nos « migrations », des boîtes gigognes/cigognes contiennent tous les postes d’eau, prêtes à être empilées pour voyager, selon un principe (revendiqué) de nidification. Référence au style Memphis (années 1980) avec son rose fluo en contraste avec une robinetterie noire, Badroschka prend la forme d’une tour construite à 360°. Autour d’une réserve d’eau centrale, tout y est : douche, lavabo, miroir pivotant, tiroirs de rangement, et même raccordements pour une cuvette WC. Mine de rien, ce concept malin d’assemblage modulaire élève la salle de bains au rang d’objet personnel, susceptible de nous accompagner tout au long de la vie, au même titre que nos livres et nos photos, dans un rapport très personnel. Un meuble intime en somme !
Pour les générations futures
La notion de design universel figure aussi au cahier des charges du « campus Burgbad » qui planche sur un bien-être accessible à toutes les générations. Elle inclut aussi la question cruciale du développement durable, sachant que Burgbad se revendique comme le premier fabricant de meubles de salle de bains allemand à avoir reçu le label « Climate-Neutral Furniture Manufacturer ». Délivrée par le German Quality Assurance Association for Furniture (DGM), cette distinction salue « une production dont l’empreinte carbone est nulle », sans impact sur l’environnement. En plaçant la problématique de l’eco-responsabilité au cœur des réflexions de ces ateliers initiés en 2017, la marque entend aller plus loin et vise désormais « un produit sans émission de CO2 » (selon les termes du communiqué de presse).