Etudiant la possibilité d’un rachat, Manuel Rodriguez, président du groupe Kramer, a visité l’usine de céramique sanitaire de Damparis, dont le groupe Kohler a récemment annoncé la fermeture.
« La visite de ce site historique a créé chez nous une émotion immense et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour le sauver », confie Manuel Rodriguez, qui s’est rendu le 18 décembre 2020 à Damparis, dans le Jura, accompagné de son fils Tristan, directeur commercial et marketing du groupe, et de François Retailleau, directeur général associé de Horus. Le groupe Kramer est en train de réaliser une pré-étude de faisabilité. « D’ici la fin du mois de janvier 2021, nous nous positionnerons plus clairement… » en abandonnant le projet ou en se déclarant repreneur potentiel, afin d’entrer en négociation avec Kohler, l’actuel propriétaire.
Ce site, qui appartient à Jacob Delafon depuis 1899, est (encore) dédié aux pièces spéciales et aux collections confort et haut de gamme de la marque. Il y a quelques années, il a fait l’objet de plusieurs investissements (acquisitions d’un four de cuisson, d’une ligne robotisée d’émaillage et d’une ligne de convoyage des produits). Ce que Manuel Rodriguez a pu constater, observant que, malgré une vétusté apparente – les bâtiments sont plus que centenaires –, le site « était très bien maintenu » et bénéficiait d’un « savoir-faire humain et technique impressionnant. »
Kramer fabrique de la robinetterie sanitaire sous marques de distributeurs (MDD) pour 60 % de son chiffre d’affaires et sous ses propres marques, Kramer et Horus, pour 40 %. Parce que « les MDD sont celles qui brassent le plus de volume et que les fabricants capables de les produire dans les règles de l’art se comptent sur les doigts d’une main », il appliquerait le même business model à la production de céramique en cas d’acquisition de cette usine, qui la fabriquerait également pour Horus, dont la céramique est actuellement importée d’Angleterre. Une stratégie qui est aussi « un gage de non concurrence directe pour le vendeur. » Toutefois, parce que la création de nouveaux produits exige du temps, « une reprise serait impossible sans l’accompagnement de Kohler. » Un accompagnement que les salariés de l’usine espèrent, mais pas seulement eux si l’on considère les enjeux actuels : réindustrialisation du territoire, politique RSE de la distribution, réduction de l’empreinte carbone liée aux importations, attachement grandissant des consommateurs au « made in France »…
Repères
♦ Le groupe Kramer fabrique 650 000 robinetteries par an (y compris Horus) sur deux sites industriels situés à Etain dans la Meuse (55) et Obernai dans le Bas-Rhin (67), et réunit environ 110 salariés.
♦ L’usine Jacob Delafon de Damparis dans le Jura (39) emploie actuellement près de 150 personnes.
A ce stade, de saluer cette très belle initiative qui a tout son sens. Puisse – t’elle se confirmer et pérenniser ce précieux savoir faire industriel !