Indépendamment des tendances esthétiques – notamment la poursuite du travail sur les surfaces – la vraie nouveauté est l’arrivée de l’électronique, qui fait le grand écart entre les économies d’eau et le bien-être sous la douche. Gageons que ce n’est qu’un commencement.
A ISH 2019, les finitions métallisées ne sont plus un axe de différenciation. L’exceptionnel ne l’est plus : Hansgrohe en bénéficie tout autant que Axor, la marque haut de gamme pionnière en la matière, mais aussi les plus petits des robinetiers, pour le meilleur – Officina Nicollazi par exemple – et pour le pire, avec d’étranges finitions que le style industriel nourrit : bronze griffé, noir patiné, vert de gris… (qui ont par ailleurs fait disparaître les cuivrées, délicatement féminines). Quoi qu’il en soit, concernant les finitions métallisées, l’enjeu consiste dorénavant à assurer leur disponibilité, donc le stockage des produits, afin de réduire les délais de livraison. Photo : Mitigeur plat Check d’Ideal Standard, design Ludovica et Roberto Palomba.
En revanche, la couleur, la vraie, repointe son nez, joliment mise en scène par Dornbracht, qui la décline sur sa collection Meta, intemporelle. Mais on a vu aussi des mitigeurs de style industriel « repeints » en orange ou en vert des années 1970, affichant un effet pop surprenant.
Guillochage, incisions… et autres reliefs
Les surfaces guillochées ou incisées progressent encore, donnant lieu à des robinetteries ultra sophistiquées, comme c’est le cas de Axor Edge. Dessinée par Jean-Marie Massaud, cette collection sculpturale combine des cubes et des parallélépipèdes aux angles chanfreinés et aux surfaces polies ou luxueusement travaillées à l’aide d’une pointe de diamant (photo de droite).
Le guillochage est toujours à l’ordre du jour chez Gessi, qui l’associe à ses très belles finitions en inox PVD mat, que ce soit avec Inciso, que l’on connait déjà, ou Anello, une nouvelle série dotée d’une manette de commande en forme d’anneau.
Etonnante, sa collection de mitigeurs thermostatiques encastrés Hi-Fi et leurs commandes par boutons-poussoirs et boutons ronds (photo de gauche) ressemble à s’y méprendre aux chaînes Hifi d’avant les années 2000. Après le lancement de ses pommes de tête sur pivot en forme de haut-parleur (Wellness 316), désormais déclinées sur des colonnes outdoor, Gessi poursuit son allégorie à la musique. Celle-ci inspire d’autres spécialistes : citons Antonio Lupi (pommes de tête Azimut) et Olympia Ceramica (point d’eau Vinyl).
L’électronique dans la douche holistique
L’électronique associée à la robinetterie s’inscrit dans deux tendances contradictoires (mais la clientèle de l’une n’est pas la clientèle de l’autre) : la douche holistique et la réduction des consommations d’eau.
Après Dornbracht (Aquamoon), Hansgrohe, qui a longtemps résisté à l’électronique, s’est lancé sur le créneau de la douche holistique avec RainTunes, qui combine l’eau, la lumière, le son, le parfum et même l’image (grâce à un écran toute hauteur diffusant des photos de paysage). Plusieurs scénarios, développés en collaboration avec des spécialistes, peuvent être activés – baptisés Bonjour, Vitalité, Relaxation, Nature… – jouant sur la quantité d’eau et le type de jet, l’éclairage et la musique, pour transformer la douche en un moment unique de bien-être (photo de droite, pas avant 2020 en France).
Avec Multi-Sense, Hansa s’inspire aussi de la nature et appuie sur les mêmes leviers – les jets d’eau (cascade, pluie d’été…), la lumière, les parfums, la musique – pour anticiper la douche de demain. Déjà en 2017, le fabricant dévoilait la colonne de douche HansaEmotion Wellfit. Désormais commercialisée, celle-ci s’inspire des préceptes du docteur Kneipp en matière de soins par l’eau, proposant trois programmes alternant eau chaude et eau froide, via la douchette à main. Mais avec Future Wash Basin, Hansa s’intéresse au point d’eau, modifiant les jets et la nature de l’eau : jets larges (pour le rinçage des mains) et intenses (pour nettoyer le rasoir ou la brosse à dents), eau filtrée ou vapeur d’eau pour les soins de la peau.
La nouvelle gamme RainFinity de Hansgrohe compte une pomme de tête murale (à 3 jets) orientable pour éviter de se mouiller le visage et les cheveux, ainsi qu’une intéressante douche d’épaule intégrant une tablette.
Après avoir sorti une pomme de tête lumineuse en forme d’abat-jour (Fred), l’italien Alpi étonne avec Fade (photo de droite), un système de douche de tête intégré au plafond, qui ne laisse apparaître que les picots anticalcaires en silicone. Le plafond est la douche (et vice et versa).
Citons encore Melograno de Fima, conçu avec un spécialiste de l’éclairage : ses gouttes d’eau lumineuses, en verre soufflé, sont suspendues tel un lustre, déjà exposé à Milan l’année dernière.
L’impression 3D, l’autre révolution à venir ?
Après l’évier, la filtration de l’eau au lavabo intéresse aussi Grohe, sur un stand inspirationnel (une première !). Afin de composer des lignes complètes, le fabricant annonce sa collaboration avec Bette, spécialiste de la baignoire acier (griffée Grohe) – un choix surtout destiné au marché allemand – et avec Burgbad pour le mobilier (qui, lui, affichera sa marque). Mais c’est avec ses deux mélangeurs imprimés en 3D, Atrio Icon 3D et Allure Brilliant Icon 3D, que le robinetier a fait le buzz (même si avant lui l’italien Webert a déjà introduit la 3D sur deux de ses gammes), évoquant « le mélange ultime de personnalisation et de production industrielle. » Les mélangeurs surprennent par la finesse de leur bec, au point que l’on doit les toucher pour sentir le léger renflement dans lequel l’eau circule.
Réduire et contrôler les consommations d’eau
Classique, le mitigeur électronique Bau Cosmopolitan E est déjà au catalogue 2019 de Grohe. En apparence, il s’agit d’un modèle infrarouge traditionnel. Mis à part qu’il est fabriqué en polymère, donc accessible au petit prix de 209 euros HT et compatible avec le grand public, à qui le fabricant souhaite le proposer, via la grande distribution.
En lançant Pontos, Hansgrohe emboîte le pas à Grohe et son Sense Guard (devenu plus compact) pour traquer les fuites d’eau dans l’habitat, via des applications. Un sujet très start-up, tout comme la réduction des consommations d’eau aux points de puisage. D’ailleurs, les robinetiers sont en train de suivre le mouvement initié par les Insens, Hydrao, Amphiro… et autres (nombreuses) jeunes pousses entrées sur le marché de la salle de bains avec des robinets ou accessoires électroniques dont la vocation est d’informer les particuliers sur leurs consommations d’eau afin de les inciter aux économies. Citons le mitigeur d’évier Alessi Sense by Hansa, dont le bec plat accueille un bandeau Led sur lequel s’affiche la température de l’eau, la durée de l’écoulement, ainsi que le modèle lavabo D1 de Duravit avec son croisillon de réglage de la température qui change de couleur en fonction de celle-ci et permet des réglages personnalisés (également chez Treemme et Grohe : photo de droite…).
Dans la tendance
♦ Les jets doux dans la douche (Nikles, Hansgrohe, Axor…). ♦ Les robinetteries aux lignes rondes et continues, tel un simple tube cintré (Allen de Alpi, Tubo de Treemme…). ♦ Le design en aile d’avion (Hansgrohe, Kludi…). ♦ Les solutions de personnalisation de la robinetterie (Alpi, Grohe…). ♦ Les becs ultra plats, façon ruban (Toto, Duravit, Hansa, Grohe…). ♦ Les coordonnés robinetterie et vasque, aux lignes organiques (Teka-Strohm, Toto, Ideal Standard…). ♦ Les robinetteries de baignoire sur pied avec tablette circulaire intégrée (Cristina, Fir…). ♦ Les finitions mates et satinées ♦ Le noir mat agrémenté d’un liseret de couleur contrastant (Presto, Esse Bagno…). ♦ Les mitigeurs de douche encastrés mécaniques ou thermostatiques monotrous (Dornbracht, Keuco…).
Photo d’ouverture : stand Dornbracht à ISH (©Messe Frankfurt).