Yves Danielou, directeur de Geberit France, vient d’être élu président de l’Afisb, Association des Industries de la Salle de bains, en remplacement de Serge Lecat, désormais retraité. Interview.
Comment se porte le marché de la salle de bains en 2017 ?
Yves Danielou – Il y a différents échos. L’Afisb comme la Fnas annoncent un marché en légère progression, inférieure à 1,5 %. Mais sur le terrain, les clients sont plus optimistes, anticipant une hausse de l’ordre de 2,5 à 3 %. Le neuf tire le marché, alors que la rénovation marque le pas. Est-ce à dire que le chauffage a déjà rempli les carnets de commande ? C’est le cas en Allemagne, dont le marché stagne parce que les installateurs sont saturés de travail. Cela étant, les relations avec les distributeurs restent tendues, car les marges sont très faibles, alors que nous sommes dans une période de renouveau. Entre 2008 et 2015, le marché de la salle de bains a perdu 25 % de sa valeur. Quand tout le monde a faim les prix baissent. Mais, alors qu’il faudrait reconstruire les marges, nous connaissons une véritable guerre des prix. Il n’y a pas si longtemps, les conditions se discutaient une fois par an. C’est non stop aujourd’hui. Cette pression sur les prix est nouvelle. Il est vrai que la situation est compliquée, car les clients de la distribution font jouer la concurrence.
Se peut-il qu’il y ait des glissements des achats vers d’autres circuits ?
Yves Danielou – Oui, peut-être. Quoique la GSB ne progresse pas énormément, ou de manière inégale. Quant au e-commerce, oui, il gagne des parts de marché, en particulier Amazon qui réalise des chiffres d’affaires importants avec certains fabricants.
Quels sont les enjeux des prochaines années ?
Yves Danielou – On se rend compte que l’on n’arrive pas à créer le besoin. C’est très frustrant. On voit circuler de belles voitures, mais le marché de la salle de bains reste tendu. Il y a des gens qui ont de l’argent mais on n’arrive pas à aller les chercher. Notre filière est pleine de paradoxes. Les enseignes sont peu connues du grand public et le trafic est insuffisant dans les salles d’expo. Dans ce contexte, les nouveaux modes de distribution n’ont aucun mal à s’installer. Si l’on peut acheter n’importe quoi n’importe quand, ce n’est pas le cas dans le négoce. Le risque majeur aujourd’hui ? Que la source d’achat ne soit plus la source de pose, si le distributeur ne fait pas venir le consommateur. Le sujet n’est pas seulement de vendre ou pas au grand public, mais tout simplement d’exister à ses yeux.
Comment va l’Afisb ?
Yves Danielou – L’Afisb compte une trentaine de fabricants, avec des entrées et des sorties chaque année. Serge Lecat a fait un travail de fond et des choix judicieux, par exemple celui de ramener IdéoBain dans le giron du Mondial du Bâtiment, vers les professionnels. Il y a eu, également, la création du concours des « Produits remarquables de la salle de bains », une bonne idée qui a séduit. L’objectif de l’Afisb est de faire parler de la salle de bains, des marques et des produits. Son rôle est important. Il faut maintenir ce dynamisme.
Quel avenir pour Idéobain ?
Yves Danielou – Villepinte et le Mondial du Bâtiment ont donné un nouveau souffle à Idéobain, qui est également lié à Interclima. Nous verrons ce que décidera Interclima. Il y a toujours de l’usure. Un salon doit se renouveler, quitte à faire évoluer les cibles, prescripteur ou consommateur.