Les pouvoirs publics l’ont rappelé : les robinetteries destinées aux établissements médico-sociaux doivent répondre d’une part à des critères d’hygiène, d’autre part à des critères de sécurité. Il s’agit de protéger les utilisateurs des légionelles et des brûlures. Le point sur les exigences et les moyens d’y répondre.
Dans les établissements médico-sociaux, la sécurité anti-brûlures et anti-légionelles est prise très au sérieux par les pouvoirs publics. Suite à plusieurs signalements de brûlures et de légionelloses, la ministre des solidarités et de la santé, dans une note du 15 février 2019 destinée aux agences régionales de santé, attirait l’attention des responsables d’établissements sur « la gravité du risque de brûlure par l’eau chaude sanitaire (ECS) ». Elle appelait à leur vigilance et à la sécurisation des « points d’usage », en soulignant que les deux risques, brûlures et légionelles, devaient « être gérés concomitamment » puisque étroitement liés.
La prévention de la légionellose impose en effet une température d’ECS supérieure à 55 °C, laquelle induit des risques de brûlures pour les enfants et les personnes âgées. Des risques qui, détaille la circulaire, dépendent de trois facteurs : la température de l’eau, la durée de l’exposition et la résistance de la peau à la chaleur : « A température égale, les enfants se brûlent environ quatre fois plus rapidement que les adultes. » C’est également le cas des personnes âgées et/ou ayant une déficience physique ou mentale.
Photo ci-dessus : Mitigeur thermostatique de lavabo Presto intégrant la technologie Mastermix, spécial maternité et petite enfance, avec ou sans douchette, certifié NF 077 M et NF EN 1111. Mastermix est déclinée à tous les postes d’eau.
Eviter les légionelles et empêcher les brûlures
Prévenir les légionelles implique le maintien des installations de production et de stockage d’ECS à une température supérieure à 55 °C ou, à défaut, la possibilité d’une élévation quotidienne et suffisamment longue de cette température au-delà de 60 °C. De même pour le réseau de distribution d’ECS, qui doit être maintenu en tout point à plus de 50 °C, ce qui passe par la suppression des bras morts, l’isolation des canalisations, et son équilibrage. Quant à l’eau froide sanitaire (EFS), elle ne doit pas dépasser les 25 °C.
Concernant la prévention des brûlures, les pouvoirs publics recommandent que « la température de l’ECS n’excède pas 50 °C au niveau de l’ensemble des points de puisage destinés à la toilette. » La mise en place de dispositifs de réglage de la température est donc indispensable, lesquels doivent être adaptés au degré d’autonomie des utilisateurs. Pour des raisons évidentes de sécurité et d’usage, la température de consigne est comprise entre 38 et 41 °C. Ainsi, indique la circulaire, la robinetterie équipant les points d’usage destinés à la toilette, notamment les douches, douchettes, baignoires et lavabos, doit :
♦ Disposer d’une butée de blocage de la température maximale de l’eau chaude,
♦ Comporter un dispositif d’arrêt immédiat de l’écoulement de l’ECS en cas de coupure de l’eau froide,
♦ Ne pas favoriser le développement des légionelles grâce à des dispositifs durables, notamment de protection contre les retours d’eau,
♦ Être accessible, démontable, interchangeable et compatible avec la mise en œuvre d’opérations préventives et curatives de désinfections chimiques ou thermiques sur le réseau ou avec la mise en place de filtres anti-légionelles.
La responsabilité engagée des directeurs d’établissements médico-sociaux
« Le choix de la ou des solutions de sécurisation des points d’usage par rapport au risque de brûlure relève de la responsabilité de l’établissement », prévient la circulaire, lequel doit identifier et analyser les risques compte tenu des pathologies des utilisateurs, de l’état du réseau d’eau chaude sanitaire et de celui des équipements aux points d’usage. Une fois évalué, le risque est traité, grâce à l’élaboration de solutions visant à le réduire, la meilleure sécurité consistant « à équiper les points d’usage d’une robinetterie assurant le réglage automatique de la température de l’eau. »
Par ailleurs, une surveillance de la température de l’ECS aux points d’usage à risque d’exposition aux légionelles doit être mise en œuvre, ainsi qu’au départ de la production et aux retours des boucles d’ECS. Les informations recueillies sont conservées et consignées dans un fichier sanitaire, au même titre que celles relatives à la surveillance des légionelles. Enfin, les équipements doivent être vérifiés et entretenus.
Photo ci-dessus : Mitigeur thermostatique de douche Securitherm H9769 de Delabie, en cours de certification NF M et conforme à la EN NF 1111, absence de clapet antiretour sur les arrivées, intercommunication impossible, maîtrise de la prolifération bactérienne.
La norme NF M (Médical) : nécessaire mais pas suffisante
Deux normes encadrent les robinetteries capables d’assurer « le réglage automatique de la température de l’eau » aux points d’usage. Il s’agit de la norme NF EN 1111 (Robinetterie sanitaire – Mitigeurs thermostatiques – Spécifications techniques générales), qui prévoit les différents dispositifs de sécurité anti-brûlures des mitigeurs thermostatiques, et la NF 077 M (Robinetterie sanitaire – Médical).
Photo ci-dessus : Okyris Pro Clinic, Porcher, mitigeur thermostatique séquentiel conforme à la norme NF 077 M, avec levier commandable avec le coude, résistant aux chocs thermiques et chimiques, cartouche déverrouillable sans démontage de la poignée, garantie 10 ans.
La norme 077-15 NF M ou NF M concerne les mitigeurs mécaniques, les mitigeurs thermostatiques et les robinets électroniques. Elle détaille, en plus de la résistance des matériaux, trois dispositions destinées à répondre aux exigences spécifiques du milieu médical.
♦ L’alimentation des robinetteries : les deux canalisations d’alimentation en eau des mitigeurs de lavabo doivent être des tubes en cuivre ou des flexibles PEX ou silicone. Les flexibles en EPDM ne sont pas autorisés parce qu’ils ne résistent pas aux chocs thermiques et chimiques nécessaires au maintien de l’hygiène. De plus, en sortie des robinets, les brise-jet doivent remplacer les aérateurs, qui favorisent les proliférations bactériennes en ajoutant de l’air dans l’eau et en retenant les impuretés dans leur tamis.
♦ Les caractéristiques dimensionnelles des robinetteries : les longueurs des manettes, ainsi que les longueurs et hauteurs de becs sont définies par la NF M afin de faciliter leur préhension avec le coude, mais aussi de permettre la pose de filtres terminaux et d’éviter les rétro-contaminations (qui peuvent se produire lorsque la main sale entre en contact avec le bec du robinet).
La manette de commande doit mesurer au moins 110 mm de long, que la robinetterie soit un mitigeur monotrou ou un mitigeur mural. La longueur du bec doit atteindre 100 mm pour un mitigeur monotrou (à partir de l’axe du corps) et 175 mm pour un mitigeur mural (du mur au bout du bec). Quant à la hauteur de goutte, elle doit être, pour les deux modèles de robinetterie, d’au moins 90 mm afin de permettre l’installation de filtres anti-légionelles.
La manette de commande des robinetteries murales de douche ne doit pas être horizontale et/ou perpendiculaire au mur en position fermée, mais parallèle à celui-ci.
♦ Les robinetteries thermostatiques : les chambres de mélange sous pression situées en amont de la fermeture ne sont plus autorisées car elles favorisent les développements bactériens. La fermeture doit être réalisée avant la chambre de mélange, afin d’assurer le vidage de celle-ci. Exit, donc, les robinetteries thermostatiques avec clapets anti-retour, la fiabilité de ces derniers n’étant pas assurée dans le temps.
Deux normes pour plus de sécurité
La norme NF 077 M n’encadre pas le système anti-brûlure des robinets thermostatiques et ne permet donc pas de s’assurer que les produits conformes ou certifiés comportent bien « un dispositif d’arrêt immédiat de l’écoulement de l’ECS en cas de coupure de l’eau froide », ainsi que l’exige la circulaire du 15 février 2019.
Pour que la sécurité anti-brûlures soit totale, et le risque d’intercommunication entre l’ECS et l’EFS évité, le maître d’ouvrage a tout intérêt à choisir une robinetterie certifiée NF EN 1111 (Robinetterie sanitaire – Mitigeurs thermostatiques – Spécifications techniques générales), validée 077-15 NF M, qui exige et vérifie les deux dispositifs. Certifiée ou simplement conforme car, rappelons-le, les normes ne sont pas obligatoires. En revanche, elles sont l’assurance d’une qualité minimale, qui a son importance si l’on en croit la circulaire, qui précise : « … l’entretien et la vérification régulières des dispositifs de sécurisation des points d’usage, selon les préconisations définies par le fabricant, s’avèrent nécessaires, des cas graves de brûlure liés à des dysfonctionnements de ces dispositifs ayant en effet été recensés (casse de la butée, mauvais réglage de la température maximale, notamment). »