Si le marché du bricolage profite de la crise sanitaire, bondissant de +13 % en 2020, sa croissance, entamée en 2019, paraît s’inscrire dans la durée. Cependant, la salle de bains enregistre une hausse moindre, les particuliers ayant privilégié les travaux plus légers.
31 milliards d’euros, soit +13 % : en 2020, le marché du bricolage affiche une croissance « hors du commun » selon ses protagonistes, boostée par la crise qui a ouvert les yeux des particuliers privés de sorties sur les défauts de leurs logements. Mais ce bilan d’une année pas comme les autres montre aussi la pertinence du phygital et du commerce de proximité, qui tous deux répondent aux attentes en évolution des consommateurs.
Un marché porté par les ventes en ligne et les magasins de proximité
En 2020, les ventes des grandes surfaces de bricolage (GSB) évoluent de +6,5 % grâce, précise l’étude FMB et Inoha [1], aux ventes en ligne (+111 %), à une meilleure rentabilité au m² (+8 %) et à la performance des magasins de proximité (+11 %).
Ainsi, les 236 magasins de plus de 10 000 m² – les big box Leroy Merlin et Castorama –, qui pèsent 36 % des surfaces et 51 % des ventes, voient leur chiffre d’affaires progresser de +4 % (+8 % au m²). Pour les 195 formats dépôts (Brico Dépôt, Bricoman, Entrepôt du Bricolage), dont les surfaces sont comprises entre 4 000 et 10 000 m², l’augmentation est de +4 % (soit +3 % au m²). En revanche, les ventes des 1 914 magasins de proximité de moins de 4 000 m² grimpent de +11 % (soit +12 % par m²).
Concernant l’e-commerce, les pure players, ManoMano en tête, gagnent +84 % (contre +12 % en 2019 par rapport à 2018), et voient leur part du marché du bricolage atteindre 14 % en 2020. Toutefois, les ventes en ligne de la GSB, qui s’élèvent à 938 millions d’euros, avancent plus rapidement, de +111 %.
Le négoce en léger recul en 2020
Si la GSA, qui représente 3 % du marché, progresse de +7,7 % – chiffre d’affaires de 805 millions d’euros – en profitant de sa proximité avec le consommateur et de périodes de fermeture moins larges, ce n’est pas le cas du négoce, qui ne gagne que +4,20 % par rapport à 2019, avec -1 % de part de marché. De plus, indique l’étude, il recule aussi sur le marché professionnel, de -4,5 %, du fait de l’arrêt des chantiers et de son retard sur les ventes en ligne qui ont beaucoup pesé lors du premier confinement.
Petite hausse de 2 % pour la salle de bains dans la GSB
Du point de vue des produits, les ventes évoluent différemment en fonction de leur adéquation avec le commerce en ligne. Pour exemple, ceux du gros-œuvre, qui passent forcément par la cour des matériaux des GSB, ont subi plus fortement les confinements.
Tous circuits confondus, le rayon Salle de bains/cuisine/plomberie progresse de +9 %, mais de +3 % seulement en GSB, dont +2 % pour la seule Salle de bains. Globalement, ce rayon pèse 3,137 milliards (3,052 en 2019) en GSB et 518 millions (estimation) chez les pure players (276 en 2019, soit une progression de… 88 %), probablement grâce aux produits de remplacement. Rénover une salle de bains exige réflexion et anticipation. Or, en 2020, priorité a été donnée aux projets simples à mettre en œuvre et à effet immédiat, profitant notamment aux rayons peinture/droguerie/colle (+ 22 %, tous circuits confondus, après avoir été à la peine depuis cinq ans), quincaillerie (+20 %), décoration (+16 %)…
Mais c’est le rayon Outillage qui, en croissance de +28 % sur tous les réseaux (y compris pure players, à 1,010 milliard), mais de +7 % en GSB (1,799 milliard), montre des ventes records. L’étude en déduit l’arrivée de nouveaux bricoleurs – notamment celle des jeunes de 18 à 30 ans. Les plus belles performances concernant des outils proches de l’univers professionnel (défonceuses, rabots, outillage stationnaire…), elle y voit là non pas un report des achats des artisans bloqués par l’arrêt du négoce, mais l’implication des particuliers dans les projets complexes.
[1] L’étude annuelle FMB (Fédération des magasins de bricolage) et de Inoha (Union nationale des industriels du bricolage, du jardinage et de l’aménagement du logement), est réalisée depuis 2015 par Juliette Lauzac.