Eco-Mobilier, organisme chargé de la collecte, du tri et du recyclage des éléments d’ameublement, veut pousser la filière dans la boucle de l’économie circulaire afin d’atteindre le zéro déchet en 2023. Une de ses armes : l’innovation, qu’il est allé sourcer aux quatre coins du monde pour ses adhérents.
Avec (Re)Set Furniture, programme d’open–innovation mis à la disposition des fabricants et distributeurs de meubles et éléments d’agencement, Eco-Mobilier veut accélérer leur recyclage en le facilitant. Ainsi, le 28 janvier 2020, l’organisme a présenté à ses adhérents différentes entreprises innovantes (matériaux et concepts) avec lesquelles ils pourraient établir des partenariats tout en bénéficiant d’un accompagnement méthodologique. Il s’agit de repenser la conception et le cycle de vie des produits afin de conjuguer les performances environnementales et économiques. Précisons que depuis le début de l’année 2020, Eco-Mobilier calcule l’éco-participation en fonction de la recyclabilité des matériaux qui composent les produits (bois massif ou panneaux de particules, perturbateur de recyclage, incorporation de matières premières recyclées…).
Les innovations, sourcées dans le monde entier (3 000 entreprises identifiées et contactées, 350 pré-qualifiées, une centaine retenues), ont été sélectionnées d’après les résultats d’une enquête effectuée auprès des adhérents d’Eco-Mobilier. Elles sont issues de start-up, laboratoires de recherche, petites/moyennes entreprises et grands groupes. Certaines sont produites en grande série, d’autres n’ont pas dépassé le stade de prototype, voire le laboratoire. Détaillées sur la plate-forme Internet réservée aux adhérents, elles s’inscrivent tout au long du processus de fabrication et concernent notamment :
♦ La traçabilité des composants ou matériaux des meubles afin de mieux les contrôler et/ou les trier et les recycler : colorants fluorescents invisibles (Chromatwist), solutions d’authentification/traçabilité (Olnica), plate-forme cloud permettant de contrôler la chaîne d’approvisionnement (Sustainabill GmbH), procédé de récupération des fibres de bois à partir de déchets de MDF en vue de réincorporation (MDF Recovery)…
♦ Les alternatives aux produits pétrochimiques : granulés de bio-plastiques issus des déchets de l’industrie alimentaire (Chip[s]Board), pigments et colorants d’origines biotechnologiques (Pili), mousses biodégradables remplaçant les mousses plastiques et le polystyrène (Cruz Foam), peinture en poudre monocouche durcie à basse température durant moins de 3 minutes (DSM Coating Resins), revêtements vernis ou peintures et adhésifs à base d’eau (Exilva)…
♦ Les matériaux revisités : intrants à base de plantes pour produire des planches solides, résistantes à l’eau et sans COV (Evertree Technologies), microfibrilles de cellulose destinées à la production de panneaux de bois recyclables sans COV (Fiberlean Technologies), panneaux MDF à base de chanvre (La Chanvrière), carton pressé dont la résistance à la flexion est supérieure à celle du contreplaqué de même épaisseur et microfibrilles de cellulose pouvant être utilisées dans les peintures, vernis, colles (Weidmann), barres de papier pour la réalisation de cadres de meubles, pieds, palettes, emballages (Woodtube)…
Repères
♦ Le programme (Re)-Set Furniture a été mis en place avec (Re)Set, spécialiste de l’organisation de programmes d’innovation dédiés à l’économie circulaire.
♦ Eco-Mobilier, société à but non lucratif, a été créée en décembre 2011, à l’initiative de 24 actionnaires, fabricants et distributeurs de meubles, pour répondre à leur responsabilité environnementale. En 2013, elle est devenue l’organisme agréé en charge de la filière de recyclage des éléments d’ameublement et d’agencement : les consommateurs qui achètent un meuble, notamment de salle de bains, paient l’éco-participation, récupérée par Eco-mobilier qui, en 2018, a ainsi recueilli 161,7 millions d’euros. Depuis avril 2019, tous les éléments d’ameublement, de bricolage et d’aménagement, y compris les plans-vasques, sont entrés dans la filière de recyclage et sont soumis à l’éco-participation.
♦ En 2018, Eco-Mobilier a collecté 686 000 tonnes de meubles usagés (plus de 100 000 tonnes supplémentaires en 2019), qui ont été recyclés à 57 %, valorisés en énergie à 37 % et enfouis pour seulement 6 %. L’objectif est de collecter un million de tonnes en 2023.
♦ Ces collectes sont effectuées par l’intermédiaire des collectivités territoriales (85 % des meubles usagés) et leurs 2 887 déchetteries équipées d’une benne Eco-Mobilier ou leurs services d’enlèvement (grandes villes) ; des 347 acteurs de l’économie sociale et solidaire qui, ayant signé une convention avec Eco-Mobilier, donnent une seconde vie aux meubles ; ou des professionnels, des distributeurs dans 92 % des cas, qui reprennent les anciens meubles lors de la livraison des nouveaux (7 % des meubles usagés).
♦ En 2018, selon Eco-Mobilier, 5 114 000 éléments de mobilier de salle de bains ont été mis sur le marché, soit 83 000 tonnes et… 2 % de l’ensemble de ce qui a été écoulé.