Racheté par Bemis, leader mondial de l’abattant WC, Dubourgel, fabricant français, entre dans une dynamique de reconquête de parts de marché sur cette gamme de produits et sur les autres. Entretien avec Saïd Mahmoudi, son directeur commercial.
Quand est-ce que Dubourgel a intégré Bemis ?
Saïd Mahmoudi – Dubourgel a été cédé à Bemis en 2016. Ce groupe américain plus que centenaire, qui emploie 2 200 personnes, est le leader mondial incontesté de l’abattant WC, avec 24 millions d’exemplaires vendus chaque année, tous matériaux confondus. Il dispose de trois usines en Europe, qui fabriquent un peu plus de 10 % de ce volume, dont la nôtre pour un tiers, et celles de Croatie et d’Angleterre pour le reste. Outre des abattants en thermoplastique et en thermodur, notre usine de Fontaine, dans l’Isère, fabrique des pieds de receveurs de douche, qui se développent beaucoup chez nous. Ces produits sont vendus dans le négoce comme dans la grande distribution, et nous travaillons aussi pour d’autres industriels en première monte.
Que représente Dubourgel by Bemis sur le marché français ?
Saïd Mahmoudi – Je ne vais pas donner de chiffres… Disons simplement que nous n’avons pas la place qui devrait être la nôtre. Mais nous sommes en phase de reconquête de parts de marché, qui passe par des innovations, des outils promotionnels, de l’animation dans la distribution… Notre offre évolue sur nos trois familles de produits – abattants, mécanismes de chasse et pieds de receveur –, pour devenir plus attractive et plus tendance, tandis que nous développons des outils, notamment digitaux (site Internet, communication, réseaux sociaux, YouTube…), mais aussi de merchandising, pour la faire connaître. Nous allons lancer, par exemple, une nouvelle gamme de pieds de receveur, pour laquelle des investissements sont en cours dans l’usine, un abattant en polypropylène recyclé à (quasi) 100 %, couvercle et lunette, ainsi que des fixations qui facilitent l’installation. Nous allons également élargir notre gamme de mécanismes à étrier.
Est-ce que le fait que vous fabriquiez en France est un atout ?
Saïd Mahmoudi – C’est en tout cas un fait que nous mettons en avant. Nos abattants ne sont pas aux mêmes prix que les modèles d’import, mais ils sont de qualité et fabriqués à proximité. Il y a là un savoir-faire, sur le thermodur et le thermoplastique, et des spécialistes passionnés. Deux fabricants d’abattants demeurent sur le territoire national, dont Dubourgel, qui emploie près de cent personnes. De même sur les pieds de receveur, nous avons des concurrents sérieux et bien implantés, qui fabriquent aussi en France. Cela ne nous empêche pas, petit à petit, de prendre plus de place dans les linéaires. C’est un long travail, mais nous existons depuis 75 ans et bénéficions d’une image de fiabilité, d’une manière générale. Nous avons de quoi nous développer davantage.
La marque Dubourgel est-elle appelée à disparaître ?
Saïd Mahmoudi – Bemis est déjà installée dans le circuit grand public, depuis le début de l’année 2020. Dans le réseau professionnel, qui est encore attaché à la marque historique, nous sommes, avec Dubourgel by Bemis, dans une phase de transition. Elle devrait durer au moins trois ans.
Comment s’est passée l’année 2020 ? Connaissez-vous des problèmes de matières premières ?
Saïd Mahmoudi – Malgré la crise et une baisse des ventes de presque 50 % sur les mois de mars, avril et mai 2020, nous avons connu une année de croissance de notre chiffre d’affaires. Concernant les matières premières, c’est sur le polypropylène que l’impact est le plus fort, donc les abattants et les pieds de receveur. Les hausses ont atteint près de 30 %… On ne peut plus les absorber, c’est pourquoi nous sommes en train de les répercuter.