Selon les chiffres du Commerce extérieur, la France a importé pour 316 millions d’euros de céramique sanitaire en 2021 (éviers compris). Mais d’où vient-elle ? Et où va celle issue des quelques usines et ateliers toujours en activité dans l’Hexagone, exportée à hauteur de 75 millions ?
En cette année 2021 historique pour le marché de la salle de bains comme pour tous ceux de l’équipement de la maison, la Chine est le premier fournisseur de céramique sanitaire [1] en France, avec une valeur déclarée à la douane de près de 57 millions d’euros. On peut sans risque affirmer que l’essentiel est à destination des enseignes de distribution, grandes surfaces de bricolage et négoces, qui sourcent, en direct ou via des intermédiaires, de quoi alimenter leur offre sous marques propres. Pour autant, il ne faut pas négliger la part – que nous ne mesurons pas – due aux fabricants français de mobilier qui se ravitaillent, eux, en vasques et plans-vasques. Pas plus que l’éventuel import d’une ou plusieurs multinationales du sanitaire dépourvues de sites de fabrication en Europe de l’Est – autre zone à faible coût de main d’œuvre dont la situation géographique est favorable au RSE –, qui s’appuieraient sur leurs usines de l’Empire du Milieu pour les produits basiques ou chantier.
Talonnant la Chine, la Turquie est deuxième sur le podium, avec une valeur déclarée de 55 millions d’euros. On pense évidemment à VitrA, mais il y a aussi Godart Distribution, aussi discret que gros faiseur. En troisième position vient l’Allemagne, dont les 34 millions d’euros de marchandises sont d’abord issus des usines Duravit, Geberit, Ideal Standard et Villeroy & Boch. Du Maroc, quatrième pourvoyeur à hauteur de 27 millions d’euros environ, arrive une part des produits Jacob Delafon/Kohler. Notons que Roca exploite également deux usines dans ce pays, qui s’ajoutent à la vingtaine qu’il possède en Europe de l’Est et du Sud pour la seule production de céramique sanitaire.
Depuis l’Italie, les quelques PME actives sur notre marché (Art Ceram, Azzurra, Ceramica Cielo, Flaminia, Scarabeo, Simas…), déclarent un peu moins de 25 millions d’euros de marchandises, positionnant la Botte à la cinquième place, à laquelle a sans doute contribué Ideal Standard, grâce à l’usine Ceramica Dolomite de Trichiana, qui est en cours de cession. La Pologne, où l’on trouve Cersanit, est le sixième pourvoyeur, à hauteur de 22 millions d’euros, et le Portugal le septième, où Roca exploite quatre usines et Sanindusa deux. Pour l’Espagne, d’où proviennent 16 millions d’euros de produits, mentionnons Porcelanosa, mais aussi Roca et ses deux usines. Ce dernier est également présent en Bulgarie, de même qu’Ideal Standard, ces deux pays déclarant respectivement 16 et 12 millions d’euros de marchandises.
Il y a également la Roumanie, où Villeroy & Boch dispose d’une usine, et l’Egypte, qui est le pays d’origine de Lecico. De chacun de ces deux Etats arrivent environ 6 millions d’euros de marchandises.
Les exportations de céramique sanitaire
En 2021, on dénombrait en France trois usines et deux (petits) ateliers de production de céramique sanitaire en activité (voir notre carte), compte non tenu de La Jurassienne de Céramique Française dont la production n’a pas démarré. Les trois usines appartenant à Duravit, Geberit et Villeroy & Boch, il est normal que le premier pays de destination de la production française soit l’Allemagne, à hauteur de 44 millions d’euros environ (soit 58 % de la valeur totale), les produits rejoignant les plateformes logistiques de ces marques. De nombreux pays apparaissent ensuite, qui montrent le caractère excessivement diffus de cet export.
[1] Les nomenclatures des douanes dont ces chiffres sont tirés concernent les « Éviers, lavabos, colonnes de lavabos, baignoires, bidets, cuvettes d’aisance, réservoirs de chasse, urinoirs et appareils fixes simil. pour usages sanitaires » en porcelaine et céramique « sauf porte-savon, porte-éponge, porte-brosse à dents, porte-serviettes et porte-papier hygiénique. »