Le « commerce ambiant », qui s’appuie sur l’humain quand il est physique, se sert de la data et de l’ultra connectivité quand il est digital, pour vendre au consommateur des bouquets de service. C’est l’industrie de la vie, selon l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance, qui ose affirmer qu’elle ira bientôt puiser dans l’espace ce qui lui manque sur terre.
Le « commerce ambiant » vient après l’e-commerce, émergeant grâce à l’effacement progressif des limites entre le monde physique et le monde virtuel. Il se nourrit, selon l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance*, des données captées – les fameuses data – pour fournir au consommateur les réponses qu’il attend sans qu’il ait à les chercher. Quand il est physique, il tend à devenir local et à reposer sur l’humain. Mais entre les mains des géants de la technologie (les GAFAM américains et les BHARX asiatiques), il s’appuie sur nos données pour nous vendre des services, notamment de santé. Les innovations technologiques en cours, en particulier l’intelligence artificielle (IA), l’internet des objets (IoT) et les nanotechnologies le lui permettent, ainsi que l’avènement d’un commerce digitalisé, de villes et de transports connectés et de plateformes en prise directe avec notre quotidien. Cette évolution du commerce semble inéluctable, d’autant que les générations à venir – notamment l’Alpha, née à partir de 2010 en même temps que ces technologies – l’adopteront sans frémir.
Depuis le coronavirus, le commerce ambiant physique est local
Avec le Covid-19, explique l’Echangeur BNP, les magasins de proximité, le local, les circuits courts, les drives, le shop streaming… sont les modes d’achat gagnants. Mais si 97 % des consommateurs nés à partir de 1995 déclarent vouloir toujours aller dans les magasins physiques, c’est pour y vivre des expériences, se divertir, socialiser… Ainsi, le commerce physique doit être repensé comme une activité de plaisir, qui passe par la digitalisation des services, le shop streaming et un engagement sociétal, jouant sur les deux fronts, local et digital.
Le shop streaming ou live shopping consiste, à la manière du téléshopping, à utiliser la vidéo diffusée en streaming sur les réseaux sociaux ou les plateformes pour acheter en direct les produits présentés. Cette technique qui, par rapport à l’e-commerce, remet l’humain dans la boucle, reproduit la vente en magasin grâce à la possibilité d’interagir avec le vendeur ou l’influenceur. Utilisée en Chine depuis 2013, elle est ludique et, terriblement efficace, poussant les achats d’impulsion (+20 % sur le taux de transformation)…
La ville intelligente et les nouvelles mobilités
Si le Covid-19 a fait rêver de campagne, la ville reste le territoire de la majorité de la population mondiale, qui abritera 65 % d’entre elle en 2050. « La technologie devra être déployée de manière intelligente pour répondre aux besoins stratégiques, » explique l’Echangeur. D’autant que les Européens, comme les Américains ou les Chinois, sont devenus réfractaires aux transports en commun, co-voiturage et autres systèmes partagés…
Concernant le dernier kilomètre, les initiatives se multiplient : possibilité de livraison dans une voiture bloquée dans un embouteillage, grâce à la géolocalisation ; retrait des commandes en ligne dans un camion qui vient à vous (Ikea à Anvers), tandis que des partenariats se nouent (Ikea et Décathlon). Mais la robotisation est en marche : il y a Digit, le robot de Ford, et sa voiture autonome, mais aussi les Vending chinoises, machines autonomes réfrigérées qui vont au consommateur, lequel à l’aide de son appli et d’une visualisation biométrique, peut récupérer sa commande. D’ici 2030, Amazon prévoit de déployer cent mille camionnettes électriques qui porteront des drones et des petits transporteurs, alimentés par des anciens magasins transformés en micro fulfillment centers – micro centres de distribution – dédiés à la logistique et entièrement automatisés.
Si chacun sait qu’il faut réinventer la ville de demain, il semble bien que le secteur privé soit en train de s’en occuper, en lieu et place des pouvoirs publics. Il y a Woven City, que Toyota va édifier au Japon (dès 2021) et Net City créée par Tencent (dès la fin 2020) en Chine. Des villes dans lesquelles ces géants mondiaux vont greffer leurs services bancaires, de santé, de transport, d’assistance à la personne…, et de livraison, avec des robots autonomes qui viendront au devant des consommateurs, qui n’auront plus à se déplacer, le magasin venant à eux. Plus que la voiture autonome, c’est la robotique qui est en marche sur terre, mer et dans les airs (taxis volants autonomes Uber Elevate, bateaux à hydrogène SeaBubbles…).
La digitalisation de la santé, cheval de Troie de l’industrie de la vie
La digitalisation de la santé, qui a débuté avec la télémédecine, est basée sur l’intelligence artificielle et les objets connectés, la 5G et le contrôle des instances médicales (IMA en Europe).
La reconnaissance d’image, via un selfie de 40 secondes, permet de mesurer le rythme cardiaque d’une personne, sa saturation en oxygène, son niveau de stress, ses troubles respiratoires, sa tension et bientôt sa température et son taux d’alcoolémie… Halo, le bracelet connecté d’Amazon, est également capable de calculer sa masse graisseuse et de représenter son corps en 3D pour suivre son évolution (voire suggérer sa garde-robe…). A partir de l’ADN d’un individu, une start-up britannique propose, via un bracelet et une appli, de scanner les produits alimentaires qu’il veut acheter, afin de les autoriser ou pas.
Plus près de la salle de bains, Baracoda va prochainement commercialiser CareOs, un miroir qui centralise les objets connectés de la maison, synthétisant toutes les données santé et réunissant télémédecine, conseils beauté, analyse dermatologique… pour exploiter au mieux le temps passé devant le miroir et améliorer la santé et l’apparence par l’organisation et la mise en valeur des informations… « C’est la retailisation de la santé », commente l’Echangeur BNP.
Amazon, Apple, Google, Ratuken, Suning, Alibaba, Walmart, voire Orange…, ces géants sont en train de s’approprier la santé, mais pas seulement. Elargissant leur rayon d’action au-delà de leurs métiers d’origine, ils construisent des éco-systèmes intégrant de multiples services dans le commerce, la finance, l’assurance, la distribution, les télécoms, la maison intelligente…, pour créer un modèle d’assistant de vie personnel qui s’appuie sur la connaissance des individus. C’est, selon L’Echangeur BNP, « l’industrie de la vie ou le commerce ambiant », qui passera par un seul acteur.
Les scénarios pour le futur sont en marche
Les quatre scénarios définis par L’Echangeur BNP au mois d’avril 2020 sont toujours d’actualité, renforcés par la crise sanitaire, et entre les mains des consommateurs.
« Star Systems » s’impose aujourd’hui, à la croisée du consommateur accompagné et des marques et enseignes. Il valorise les plus grandes, grâce à leur capacité à innover pour s’imposer face aux GAFAM et BHATX en bâtissant leurs propres éco-systèmes de services, valorisant le rôle de l’humain dans le dispositif.
« Made Locally » est le scénario évident à court terme, qui valorise le progrès à l’échelle humaine, légitime les actions locales, satisfait à beaucoup d’aspirations. Par rapport au commerce ambiant, il a son rôle à jouer, invitant à une vigilance accrue en termes de données personnelles.
« Life Control » incarne le commerce ambiant, de plateforme, mis en œuvre par les géants des technologies pour accompagner l’intégralité de notre quotidien, à commencer par notre santé. Alors que la distribution avait les yeux rivés sur l’e-commerce, travaillant son omnicanalité, ces géants ont méthodiquement déployé de puissants éco-systèmes.
« Earth in progress », à la différence des précédents scénarios marqués par l’urgence, s’inscrit dans le long terme. Il doit répondre aux trois défis de notre siècle : sécurité, connectivité, climat, et ouvrir la voie à la prochaine révolution du commerce, qui viendra après le commerce ambiant pour soutenir le futur de l’humanité. Un nouveau monde que les prochaines générations auront à inventer, explique l’Echangeur BNP, et que la conquête spatiale soutiendra.
Le futur de l’humanité est dans l’espace
Car l’économie de l’espace est en train de se transformer en économie de marché. Voyages suborbitaux, colonisation de Mars, vivier de métaux et terres rares, délocalisation des data centers en orbite…, l’espace est potentiellement une solution aux enjeux climatiques à venir, voire une réponse à l’économie circulaire. Les acteurs s’appellent Elon Musk, Jeff Bezos ou Richard Bronson… L’espace est au centre d’une nouvelle guerre froide entre la Chine et les USA, qui a délégué au privé la recherche spatiale. Ainsi, prévient L’Echangeur BNP, s’agissant de veille technologique, il faut dorénavant regarder le ciel pour ne rien perdre de la future guerre des étoiles.
*L’échangeur BNP Paribas Personal Finance, appartient à BNP Paribas Personal Finance, numéro 1 du financement aux particuliers en France et Europe (Cofinoga, Cetelem…), a développé une stratégie active de partenariat avec les enseignes de distribution, sites d’e-commerce, institutions financières… Cette étude a été réalisée et présentée le 20 septembre 2020 par Cécile Gauffriau, Guillaume Rio et Nicolas Diacono.
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