Si l’hygiène avance dans les sanitaires publics – robinet et sèche-mains sans contact –, elle s’arrête à la poignée de la porte. Mais le coronavirus a réveillé les consciences et l’on peut parier que dans tous les lieux à risque (hôpitaux, Ehpad, bureaux, écoles…), les surfaces contaminantes (mains courantes, interrupteurs, claviers, souris…) vont rapidement devenir biocides.
Toute personne qui se lave et se sèche les mains avant de sortir des toilettes publiques ne manque pas de se demander, en saisissant la poignée de la porte, si tout le monde en fait autant… A raison. Selon une étude réalisée début 2020 par l’Ifop pour Diogène France [1], 29 % des Français déclaraient alors ne pas se laver les mains après être passés aux toilettes. A ce titre, il est préférable de fréquenter celles des femmes, qui sont 75 % à le faire, contre 68 % pour les hommes. Cette poignée de porte saisie par plus d’un individu sur quatre susceptible d’y laisser bactéries ou virus peut-elle nous refiler la grippe, la gastroentérite, une conjonctivite, voire le tristement célèbre Covid-19 ?
Des virus manuportés
Avant que le coronavirus ne le montre, des études avaient déjà prouvé le rôle joué par les surfaces dans les contaminations microbiennes. La société Lebronze Alloys, spécialiste des alliages métalliques, travaille depuis plus de dix ans avec des partenaires scientifiques [2] sur le comportement des bactéries, champignons et virus au contact du cuivre, matériau bactéricide. Elle a ainsi déterminé que le nombre de personnes infectées lors d’épidémies de gastroentérites ou de conjonctivites dans une aile d’un Ehpad équipée de poignées et de mains courantes en cuivre était quatre fois inférieur à celui des personnes logeant dans une autre aile du même Ehpad dotée d’accessoires classiques (suivi des infections manuportées durant dix-huit mois). De plus, les prélèvements effectués sur la surface des poignées en cuivre comptaient 60 % de bactéries en moins (1 300 prélèvements sur une période de trois ans).
Ces études [3], qui n’ont pas encore été toutes publiées, ont également permis d’optimiser la composition de l’alliage de cuivre pour assurer le meilleur compromis entre efficacité et esthétique des surfaces, et de formuler des solutions nettoyantes compatibles.
Des produits biocides ignorés
Des produits existent, dont l’efficacité est démontrée. Pourquoi ne sont-ils pas utilisés ? « Les hygiénistes se sont beaucoup focalisés sur les mains des soignants », suggère Alexis Pofilet, responsable développement de SteriAll (groupe Lebronze Alloys), oubliant celles des patients (hôpitaux) et des résidents (Ehpad). Surtout, explique Stéphane Penari, fondateur de Metalskin Technologies, qui a développé une peinture bactéricide à base de cuivre, la prescription s’appuyait sur une norme (japonaise) inadaptée à l’usage car détournée de son objet initial (mesure du caractère antiseptique des pansements revêtus d’un film plastique chargé en ions argent), certifiant ainsi des solutions inefficaces sur le terrain.
Depuis, la norme NF S90-700 est née (Surfaces à propriétés biocides – Méthode d’évaluation de l’activité bactéricide de base d’une surface non poreuse). Publiée en mai 2019, elle s’attache aux performances des procédés, évaluant leur efficacité sur quatre bactéries représentatives de celles qui posent des problèmes dans les hôpitaux (Staphylococcus aureus, Enterococcus hirae, Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa), notamment de résistance aux antibiotiques (maladies nosocomiales). Elle exige une division par cent du nombre de bactéries toutes les heures. A noter : d’ici deux ans, elle devrait avoir engendré une norme Iso transversale, c’est-à-dire prenant en compte tous les matériaux bactéricides, par exemple la céramique sanitaire…
Sans la main !
Puis le Covid-19 est apparu. Le grand public, désormais conscient que les microbes peuvent survivre jusqu’à plusieurs jours, voire plusieurs mois sur certaines surfaces si elles ne sont pas désinfectées, a pris conscience de l’importance cruciale de se laver les mains. Au point de fabriquer des accessoires (crochets, béquilles…), en bois ou imprimés en 3D, pour éviter de toucher la moindre poignée de porte, et pas seulement celle des toilettes. Aujourd’hui, tout le monde s’intéresse aux poignées actionnées avec l’avant-bras ou le coude (FSB, Ulna…), voire autodésinfectantes grâce à un l’application d’un désinfectant après chaque manipulation (Skoon Handle) ou à une lumière noire (lampe à UV) qui détruit les bactéries et stérilise en continu le revêtement semi-conducteur (Self Sanitizing Door Handle, lauréat du James Dyson Award 2019). De la plus rudimentaire à la plus sophistiquée, ces solutions font l’objet de nombreux articles sur Internet et de partages sur les réseaux sociaux.
Mais il existe, pour les sanitaires, une réponse aussi radicale qu’efficace. Mise en œuvre dans les lieux à fort trafic, aéroports par exemple, elle implique un agencement spécifique, afin que l’intimité des utilisateurs, notamment des hommes face aux urinoirs, soit assurée. Lorsque les sanitaires sont situés de part et d’autre d’un couloir – Femmes d’un côté, Hommes de l’autre – et qu’un autre couloir, jouant le rôle de sas, conduit aux toilettes, celles-ci sont invisibles à toute personne située à l’extérieur. Et se passent de porte, donc de poignées.
[1] Étude Ifop pour Diogène-France (spécialiste du débarras de logements insalubres) réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 31 janvier au 3 février 2020 auprès d’un échantillon de 2 005 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.
[2] Laboratoires Bios et Lism de l’Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca), la structure de recherche Fonderephar de Toulouse.
[3] Etudes dirigées par Sophie Gangloff (URCA), menées par Marius Colin (URCA) et pilotées par un comité scientifique indépendant réunissant notamment Fabien Squinazi (ancien directeur du Laboratoire d’hygiène de la ville de Paris), Olivier Meunier (CH de Hagueneau), Christophe de Champs de Saint-Léger (CHU de Reims et URCA), Jean-Luc Novella (CHU de Reims et URCA), Raphaël Duval (Université de Lorraine), Christine Roques (CHU de Toulouse et Faculté de pharmacie de Toulouse).
Bonjour,
et en ouvrant avec le pied
pensez vous qu’un produit de type Kadoor puisse solutionner un certain nombre de cas…
voir sur youtube ou Kadoor.fr