La pandémie aura fait gagner dix ans à l’e-commerce, le propulsant vers ce que l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance* appelle le commerce ambiant. Avec celui-ci, l’acte d’achat est noyé dans un écosystème de services, où la santé – qui est en lien avec la salle de bains – tient une place prépondérante.
Dans le monde après-Covid, le digital organise la société, pour ne pas dire la civilisation, et c’est sans retour possible. Selon l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance – observateur depuis une décennie des innovations technologiques susceptibles d’impacter le commerce –, cette pandémie a précipité la digitalisation, qui a maintenant gagné l’éducation, la santé et le travail. Nos écrans nous (pour)suivent, et inversement.
Des éco-systèmes serviciels absorbant l’acte d’achat
Si les géants du numérique, les GAFAM américains et BATX chinois, nous ont déjà emprisonnés dans leurs toiles, ils sont maintenant rejoints par d’autres acteurs, qu’ils viennent du commerce (Walmart, Rakuten ex-Price-Minister, Grab, Cdiscount…), de la logistique (Gojek…), de la banque (Tinkoff…), de l’automobile (Renault, Toyota, Mercedes-Benz, Geely…), de la santé (Doctolib, Oscar Health…), de la fintech (Afterpay…) ou de l’assurance (Alan…). Riches des informations personnelles qu’ils collectent, avec ou sans notre consentement, tous cherchent à gérer notre quotidien à travers de super apps et des offres de service à la fois personnalisées et larges. Dans ces écosystèmes, l’acte d’achat n’est qu’une composante. C’est le commerce ambiant, le « tout serviciel connecté ».
Transformer le magasin pour ne pas le voir mourir
Si le magasin n’est pas mort, de l’avis des experts de la distribution, seuls les très gros acteurs internationaux et les hyper spécialistes survivront aux exigences de transformation qui arrivent. Toutefois, c’est à la condition qu’il offre une véritable expérience, qu’il soit un lieu d’échanges et de socialisation, ainsi qu’un outil, par exemple un studio d’enregistrement pour le shop streaming (achat par vidéo en direct, animée par des influenceurs), un centre logistique de proximité (dark store) pour adresser les achats en ligne…
Mais pour survivre, le point de vente physique doit aussi penser économie circulaire, qui est d’avenir, et devenir éco-responsable et engagé socialement, tout comme les marques qu’il accueille. Car, selon l’Echangeur BNP Paribas, les jeunes générations veulent des produits repensés en ce sens : durée de vie étendue, design, packaging et logistique… Entre autres exemples, il cite la start-up Repack, qui propose au consommateur de renvoyer l’emballage après réception du colis (et travaille déjà avec 150 marques en Europe), mais aussi Ikea, qui vend des pièces de rechange pour allonger la durée de vie de ses produits meubles, Decathlon Belgique pour ses formules de location de produits…
La voiture de demain : autonome, connectée et centre de service
Dans sa voiture devenue autonome, le consommateur ne conduit plus, il est donc disponible. Les constructeurs automobiles, de Renault à Volkswagen, sont en train de faire leur révolution numérique, intégrant de plus en plus de software (logiciels), en partenariat ou pas avec les géants de la tech que l’on connaît. L’Echangeur parle de cockpit émotionnel, de reconnaissance faciale, de gestion des postures, d’interaction avec la maison connectée (smart home), par exemple pour anticiper la préparation d’un bain ou d’un café en cas de fatigue repérée par l’intelligence artificielle, et de vente de services, sous forme d’abonnements… La ville du futur, « logistifiée », n’est pas loin « pour répondre au plus vite à des clients de plus en plus exigeants », intégrant l’autonomie, la robotique (livraison), la mobilité personnelle…
La santé, soluble dans l’intelligence artificielle
En France, la télémédecine a connu en 2020 une croissance de 40 %. Aux Etats-Unis, les grands distributeurs, Walmart en tête (qui ouvre des cliniques), ont participé à la vaccination de la population, « s’invitant chaque jour un peu plus dans le quotidien des consommateurs », tandis qu’Amazon Prime Health est une réalité, associant télémédecine, pharmacie, assurance… L’Echangeur BNP Paribas considère la santé comme « le premier secteur soluble dans l’intelligence artificielle. » D’autant que les objets connectés portables (wearables), en particulier les montres, progressent de manière importante, parfois validés par les organismes d’État comme l’Agence européenne des médicaments ou la Food & Drugs Administration aux USA.
Le miroir de la salle de bains apparaît aujourd’hui comme le plus à même d’intégrer la télémédecine, le scan d’un visage – que le smartphone peut également effectuer – permettant d’obtenir un check-up immédiat (mesures du rythme cardiaque, de la tension, du niveau d’angoisse, de la température corporelle, du taux d’alcoolémie ou d’oxygénation du sang) et de détecter rapidement les infections virales, qu’une analyse d’urine ou de selles dans un WC Toto ou Medic Life viendra bientôt confirmer. Et lorsque les objets connectés communiquent entre eux, notre corps devient « un réseau d’informations de santé en temps réel », permettant le diagnostic et le suivi quotidien, notamment en se connectant avec un médecin ou… à son avatar.
Bienvenu dans un monde de synthèse
Car la synthèse est partout : biologie (vaccins à ARNm, notamment), alimentation (agriculture cellulaire), voix (assistants vocaux) et avatars virtuels (médecins, influenceurs, présentateurs de journaux télévisés…). Déjà, des contenus médias peuvent être produits par une intelligence artificielle, bienveillante ou pas (deepfakes), tandis qu’il sera bientôt possible d’utiliser son jumeau numérique pour suivre une réunion en visioconférence (Roblox) et d’en obtenir ensuite un résumé ou encore de faire les courses dans un centre commercial en ligne, copie numérique de notre magasin préféré, qui nous livrera ensuite à domicile.
*Fondé en 1997, l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance appartient à BNP Paribas Personal Finance, numéro 1 du financement aux particuliers en France et Europe (Cofinoga, Cetelem…). Ce centre d’innovation technologique et marketing appliquée au commerce de détail décrypte pour les grands acteurs de la distribution et de l’e-commerce les nouveaux usages des consommateurs et les accompagne dans la conception de leurs stratégies de développement. La dixième édition de l’étude Commerce Realoded 2021 a été présentée en mai 2021 par Guillaume Rio et Nicolas Diacono. Plus d’infos ici.
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