D’abord commercial dans le secteur automobile, David Ruhland a créé en 2021, à La Réunion, une Sarl spécialisée dans le remplacement de la baignoire par une douche. Rapidement, il s’est entouré d’un coach d’affaires. Il nous explique pourquoi.
Sdbpro – Qu’est-ce qui vous a amené à faire appel à un coach d’affaires ?
David Ruhland – Ce n’était pas pour développer le business, là-dessus je me débrouille bien. Je ne connaissais pas le bâtiment, mais la vente, oui. Par contre, j’avais besoin de structurer, de discuter, d’avoir un interlocuteur. Je vis à La Réunion, mes amis sont en métropole, et je suis seul à mon bureau. Il n’y a personne au-dessus de moi… J’avais rencontré Philippe Henrot, coach, avant de créer mon entreprise, qui a grandi très vite, trop vite peut-être, et j’ai fait appel à lui.
Votre entreprise a grandi trop vite ?
David Ruhland – La première année, sur 14 mois, on a fait 320 000 euros de chiffre d’affaires, la deuxième année 460 000 euros, et à fin mars 2024, date de clôture de mon bilan, j’aurai dépassé les 800 000 euros. Mon agenda est plein jusqu’à fin mars. Avec le coach, on est en train de préparer le prévisionnel 2024-2025 et on anticipe un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros. Ça doit se gérer ! Une équipe de pose, c’est deux gars qui font trois salles de bains par semaine. Si j’embauche, je dois passer à six salles de bains par semaine. Il faut avoir les capacités. Nous travaillons avec les particuliers et, de plus en plus, avec des bailleurs, qui peuvent passer quarante commandes d’un coup ! Grâce au coach, je sais faire une projection financière. Je sais où j’en suis.
Avec le coach, vous avez donc mis en place des outils de gestion…
David Ruhland – Je fais venir le matériel de métropole par containeur, qui me coûte chaque fois 100 000 euros. De quoi se faire des nuits blanches ! Mais grâce à mon prévisionnel sur six mois – matériel, coût, délais, chantiers… –, à mes tableaux, je sais où je vais. Je sais combien la boîte va rentrer chaque mois, à l’euro près. Quand on crée une entreprise, on travaille beaucoup et on a tendance à avancer avec des œillères. C’est amusant, parce que souvent, on parle d’un sujet avec le coach, et dans la quinzaine qui suit, j’y suis confronté. Il m’arrive d’avoir plein d’idées dans la journée et nous en discutons, ça permet de prendre de la distance, d’envisager les choses autrement.
Le coaching vous a appris à anticiper. Et quoi d’autre ?
David Ruhland – Il m’a aussi éclairé sur la gestion humaine : « ce chef d’équipe qui te pose problème, es-tu bien sûr qu’il a saisi ce que tu lui as demandé ? Tu es un commercial, lui un technicien… Est-ce que vous vous êtes bien compris ? » On est sur le terrain, dans sa routine, ses habitudes…, et on veut aller vite. Il faut d’abord s’assurer que le message est bien passé. Le coach m’a alerté là-dessus, il m’aide également pour les entretiens annuels obligatoires, pour mes obligations en tant qu’employeur, la protection des employés sur les chantiers, les reçus clients, le SAV… Quand je me suis « attaqué » aux bailleurs sociaux, c’est aussi avec l’appui du coach. A la Réunion, notre produit n’existait pas encore, il n’était pas connu. J’ai soumis mon mail de prospection au coach, qui l’a ré-écrit avec ce qu’il faut pour attirer l’attention. Ma petite Sarl était toute jeune, il suffisait d’aller sur Societe.com pour le savoir. Donc, il fallait expliquer, mais aussi rassurer. Et ce qu’on écrit, il faut ensuite l’assumer. Ce sont des choses que l’on ne sait pas naturellement, et avec le coach, je les ai intégrées.
La gestion financière, commerciale, humaine et… ?
David Ruhland – Pour moi qui ai toujours fait du commerce, il est impossible de dire non à un client. Mais il y a un an, au cours d’une discussion, le coach a évoqué le sujet, me disant que bientôt, je choisirai mes clients : « Il faudra que tu apprennes à dire non ». Ça m’a fait rire. Pourtant, la semaine dernière, j’ai dit non à un bailleur avec lequel on a parlait de gros volumes, pour lesquels il me fallait me préparer. Je lui ai dit que je ne pouvais le faire en début d’année. « J’ai des équipes à mettre en route, des formations… D’accord, mais pour le second semestre 2024. » Il y a deux ans, j’aurais dit oui, je gère, et je l’aurais mal vécu : stress, personnel mal formé, etc. Autre chose : grâce au coach, je prends du temps pour moi. Pour lui, le planning idéal prévoit du temps pour le business, la compta… et en dégage aussi pour la vie personnelle.
Combien de temps peut durer un tel accompagnement ?
David Ruhland – Je ne sais pas. Je suppose qu’il y a des étapes. Il m’est arrivé de penser que deux fois par mois, c’était trop, et de me dire « heureusement qu’il est là » la semaine suivante. Mon responsable de pose, qui est très bon techniquement et sur les chantiers, a du mal à s’organiser et à gérer son équipe. Je vais lui prendre un petit forfait avec le coach…
C’est cher ce genre de coaching ?
David Ruhland – Oui, c’est cher. Mais le but, c’est que cela ne coûte pas, que le travail effectué compense. Ces deux rendez-vous mensuels sont très intenses…
Repères
♦ David Ruhland est gérant de la Sarl Ampah qui, créée en 2021 aux Avirons, à La Réunion, compte trois salariés (bientôt cinq). Il s’est spécialisé dans la rénovation de salle de bains à l’aide de panneaux muraux LT Showertec (Bordeaux).
♦ Philippe Henrot, coach d’affaires affilié au CNDC, Centre national du coaching, a occupé durant plus de 25 ans différents postes de direction dans des entreprises du BTP, qui ont forgé ses compétences managériales, opérationnelles, stratégiques…