Quoiqu’un brin diminué et moins animé que d’ordinaire en l’absence du grand export, notamment de l’Asie et la Russie, le Cersaie, salon international des revêtements céramique et de l’équipement de la salle de bains, a ouvert courageusement la voie à la reprise des foires, avec une édition 2021 qui valait le déplacement, y compris en sanitaire.
Deux ans se sont écoulés depuis le dernier Cersaie. Alors que l’Europe connaît un répit sur le front du coronavirus, cette édition sonne comme des retrouvailles et, si dans les trois halls dédiés à la salle de bains (parfois comblés par des stands de carrelage), les exposants sont nettement moins nombreux que d’habitude, le rendez-vous a tenu ses promesses.
Explosifs, intenses, vibrants… les brillants rivalisent à nouveau avec les mats. Une profusion bienvenue, où les roses tiennent la vedette, déclinés des plus pales jusqu’au brique ou au parme (Alice Ceramica – photo ci-dessus, Arblu, Mobilduenne…). Les verts, pastel ou foncés, les suivent, céladon, émeraude, olive, mousse, tilleul, forêt… voire citron, qui se marient volontiers au bleu. Les jaunes vifs, ocre en tête, font une percée, notamment sur la céramique.
Même les bétons de résine gelcotés multiplient les couleurs, tout aussi profondes mais satinées, proposées par des fabricants de meuble (Artesi, Arblu…) qui optent souvent pour des points d’eau monochromes (un seul ton pour la vasque et les façades). On note aussi un retour des façades miroirs, par exemple chez Mobilduenne (photo ci-contre) et Antoniolupi, et des meubles toute hauteur, destinés à maximiser le volume de rangement.
Les profilés de douche, aussi fins soient-ils, s’affichent également en couleurs (Arblu, Artesi, Arbi…). Ils ne sont plus seulement coordonnés aux finitions de la robinetterie, mais à la vasque, aux façades du meuble (souvent striée, cannelée ou cadrée comme la série Renoir chez Salgar), à la baignoire… Les verres, eux, jouent la matière en se structurant ou en se teintant pour mieux exister.
Sur la céramique, les finitions métalliques sont plus que jamais d’actualité. Flaminia, par exemple, présente une cuvette WC qui semble en acier (Silver black, photo de gauche), ainsi qu’un nouvel abattant façon aluminium. De même, Itlas lance un meuble-vasque toute hauteur en métal, et Berluni Bagno avec un lavabo parallélépipédique doré.
Toujours blanc, le solid surface met en avant ses grandes possibilités créatives. C’est ce que Relax Design (photo de droite) a pu démontrer sur son stand, multipliant les baignoires – rondes, ovales, sabot… – et vasques ou points d’eau signés par différents designers. Nombre de ces propositions présentent un chanfrein que l’on retrouve beaucoup cette année (GSI, Antoniolupi…), y compris sur la céramique. Un design repris par Idea sur le lavabo Cubik, par Rak sur la collection Valet (design Patrick Norguet), par Armando Vicario sur la robinetterie Nox dont la poignée présente un pan coupé.
Notons que la forme évasée de la collection néo rétro The New Classic de Laufen (design Marcel Wanders), lancée sur ISH 2019 et élue Produit Remarquable de la Salle de bains en 2020, a manifestement « inspiré » plus d’un fabricant…
Quand il est léger, le point d’eau est volontiers accessoirisé (Olympia Ceramica, Nucci – photo de gauche…), entouré d’un valet ou d’un totem, qui met tout à portée de mains, avec des modules mobiles que chacun organise à sa guise. Les baignoires ont aussi droit à leurs serviteurs, comme chez Arbi, avec une structure en noyer Canaletto.
Chez AntonioLupi, dont le travail sur les matériaux est unique (pierre, marbre, verre acrylique…), l’offre s’élargit désormais aux tapis, qui lui permettent de créer des univers complets, hyper graphiques, envoûtants. En vedette sur le stand, le lavabo Anima Liquida (photo de droite), de Giorgio Rava, qui, en pierre tel une fontaine monumentale, fait disparaître la robinetterie, pour ne laisser voir que l’eau jaillissant du rebord. « Il s’agit de libérer l’eau du joug de la technologie et des nombreux dispositifs qui déterminent ses performances, témoins de l’ambition aveugle de l’homme à dominer les éléments » explique le designer.