Concurrent du carrelage qu’il peut recouvrir sans dépose préalable ni poussière de chantier et tout autant des panneaux d’habillage de douche que l’on voit désormais investir l’ensemble de la pièce (en crédence autour du point d’eau ou à l’horizontale en guise de soubassement mural), le papier peint étanche a pris ses quartiers à Bologne… dans les halls dédiés à la salle de bains.
Lors de l’édition 2018 du Cersaie, pas moins de deux firmes spécialisées avaient investi les halls dédiés au bain plutôt que ceux traditionnellement voués aux revêtements (où officiait de son côté Wall&deco, leader du genre) : Glamora et London Art. La première, originaire de Sassuolo, patrie historique du carrelage, peut se targuer d’avoir habillé les murs des sièges de Tripadvisor à Boston et de Google à New York. Sur le salon, elle a dévoilé GlamFusion (présenté en avant-première quelques jours avant sur 100% Design London). Ce papier peint breveté imperméable a la particularité d’être préfini, c’est-à-dire qu’il ne nécessite aucun traitement d’imperméabilisation par l’installateur (photo de droite). La seconde, London Art, positionnée sur le créneau de l’« Exclusive Wallpaper » et basée (comme son nom ne l’indique pas) à Noventa Vicentina, en Vénétie, exposait quant à elle des extraits du catalogue Bathroom18 destiné à répondre aux besoins des architectes, concepteurs et designers.
Effet d’ensembl(ier)
Nul doute que le sujet intéresse également au plus haut point les ensembliers du secteur, à l’instar d’Arblu qui mettait également en scène son propre papier peint en fibre de verre hydrofuge (au catalogue depuis le salon de Milan). Destiné à coordonner les espaces bain, chambre et dressing (un atout indéniable pour la prescription hôtelière), ce support décoratif est déjà décliné en 16 thèmes stylistiques assortis aux lignes et finitions de ses autres productions, en particulier les gammes de mobilier (Art Déco, Dandysme ou encore Japonisme avec Madame B…). Répondant à une logique de diversification vectrice de croissance additionnelle (et signe fort d’une adaptation à la demande de la clientèle, y compris professionnelle), ce produit est disponible dans deux versions, l’une adaptée aux exigences extrêmes de l’espace douche, l’autre vinylique suffisant aux parois périphériques qui ne sont qu’indirectement exposées à l’eau. Une idée repérée en avril lors d’Il Bagno (Milan) sur le stand Artelinea qui, au travers de la collection Glass & Paper, présentait deux versions déclinant le même dessin sous forme de revêtement mural, de plateau ou de revêtement de meuble (façades +Skin) : un papier peint ou un ensemble de 9 carreaux à assembler librement en verre stratifié et Laminam.
Une trame caméléon
Souplesse, minceur (autour de 1,5 mm), légèreté, facilité de mise en œuvre, durabilité, résistance au jaunissement et aux détergents ménagers… Quelle que soit sa spécificité (laquelle fait souvent l’objet de brevets, Wall&deco faisant figure de pionnier en la matière), le papier peint waterproof nouvelle génération offre des rendus saisissants permettant de créer des décors grands formats qui ne sont pas sans rappeler ceux XXL qui font aussi fureur dans le carrelage. Et inversement d’ailleurs, ce qui rajoute à la confusion des genres, avec par exemple Palermo de Wall&deco, nouveauté représentant des tesselles en queue de paon qui rendent hommage aux mosaïques 1900 (photo de droite).
A l’impossible, nul papier n’est tenu
Au-delà des imprimés Jungle rétros proches de ceux en très vogue dans le grès cérame (chez Arblu, le foisonnant décor Brame ou le Breath of Ferns de London Art « cousinant » avec les carreaux XXL Domestic Jungle d’Ornamenta pour ne citer qu’eux), les nouvelles collections de papier peint intégrable dans la douche misent sur des imitations bluffantes de matériaux d’évidence incompatibles avec un milieu humide. Cette simple astuce graphique contribue à renforcer son caractère technique tout en apportant une certaine douceur, comme avec l’impression du papier plié en éventail des inédites Gitanes de Wall&deco. Dans la même veine sensationnelle, le décor pop typé années 80’ de Néon de London Art « éclaire » littéralement la vasque de ses tubes fluorescents…
L’art, au-delà de la reproduction
Singeant (les joints en moins, faut-il le rappeler) les possibilités procurées par l’impression numérisée sur carrelage, qui est maintenant tellement aboutie qu’elle peut reproduire avec succès (et en mega format) le flou délicat d’une esquisse ou d’une aquarelle sans paraître anormalement pixellisée, la note apportée par les papiers peints de dernière génération au décor des salles de bains, spas, salles de sport et autres centres de bien-être se révèle non seulement décorative, mais aussi artistique. Les imprimés inspirés d’illustres toiles à l’image du « paysage d’eau » quasi impressionniste du décor Terramare de la collection GlamFusion de Glamora (photo de droite) que l’on dirait sorti tout droit d’un musée, comme le lavis poétique de Windy afternoon avec son effet de toile tramée et le pastel d’Imagine, tous deux signés Wall&déco, méritent en ce sens une mention spéciale…
Habiller les murs pour créer de la 3D
Mieux, en investissant un seul pan de mur, ce papier peint 3.0 parvient à ouvrir des perspectives inédites en intégrant des éléments de bâti qui agrandissent visuellement le décor en prenant notamment la forme d’arcades épurées d’inspiration Art Déco. Cerclées d’or sur fond de stucco (autre savoir-faire rival, délicat et long à mettre en œuvre), celles constituant le motif Archi de London Art (design Carlo Colombo) ou le Tempo sospeso de Wall&déco sont représentatives d’un nouveau territoire d’expression. Un secteur porteur qui tend à faire de ce genre de papier peint imperméable un incontournable facilitateur de l’agencement de la salle de bains.