Telle une liane, la tendance jungle gagne les revêtements muraux qui se parent de couleurs chlorophylliennes. Nichée dans un écrin luxuriant sur fond de jade et d’émeraude, la salle de bains se met au vert, version forêt tropicale. Avec ces camaïeux dont la densité rivalise avec les décors en trompe-l’œil du papier peint, la botanique (re)devient chic. Issu de ce nouvel herbier exotique et stylisé, voici le meilleur des « phyto-carreaux » repérés sur le Cersaie 2018.
Dans nos habitations en mal de végétation, le vert connaît une forte « poussée ». Ces couleurs chlorophylliennes sont portées par le besoin de retour au naturel qui s’exprime dans toute la maison. Teintée d’exotisme, la tendance jungle oxygène aussi la salle de bains, faisant subtilement voyager le décor vers des contrées lointaines. Pour véhiculer ce désir d’évasion propice au relâchement et façonner un berceau de verdure et de fleurs paradisiaques qui transformera la pièce en un divin Eden, le carrelage revêt des motifs de végétaux extravagants.
Comme un berceau de verdure
Inspirés de la luxuriance de forêts plus tropicales que domaniales (et donc très à propos dans cette pièce humide), ces « phyto-carreaux » rappellent les ornements en vogue dans le papier peint des années 1960. Fond et feuillages se confondaient alors pour former une trame répétitive particulièrement chargée. La « Ceramic Wallper » Wide&Style proposée par ABK va dans ce sens avec le foisonnant décor Secret Garden (photo d’ouverture) de la collection capsule Dark Edition présentée en avant-première sur le Cersaie 2018. La végétation y forme un épais rideau de frondaisons dont le feuillage, semblant en suspension, confère une étonnante légèreté à cette infranchissable charmille.
Cette voie avait déjà été explorée par la très inventive firme 41zero42, avec sa gamme Paper41 Pro. Développée autour du concept de « fresques contemporaines » (épaisseur 3,5 mm), elle rassemble différents décors : les arborescences de Jane, le très psychédélique Flora, le design foliaire de Colette et de Musa, les collages en aplats faussement tridimensionnels de Midori, les langues « vertes » de Silvi (voir la galerie photos en fin d’article), mais aussi Luz, une plantation de palmiers qui par sa thématique axée Miami Beach (photo de droite) présente une intéressante parenté avec Sunday, nouveauté très remarquée du salon (dont nous reparlerons à propos d’une autre tendance).
Des palmes pas si académiques
Si l’effet décoratif prime toujours sur l’observation botanique, les feuilles de palmes sont manifestement les plus prisées de cette canopée idéalisée. S’épanouissant comme des éventails, leurs rinceaux graphiques animent le mur. Tout sauf naturalistes, ces séquences rythmées se détachent souvent sur un fond uniforme qui contribue à apaiser l’ensemble. C’est le cas par exemple du décor Domestic Jungle imprimé dans un esprit néo fiftie’s par D-Segno Studio pour Ornamenta (L 120 x H 240 cm, épaisseur 9 mm). Sur un délicat fond rose chair (référence Blush), les feuilles de palme y tracent des courbes organiques qui, associant la neutralité du blanc à des rehauts brun-rouge, contrastent en douceur avec les arabesques du camaïeu de verts (photo de droite).
Puisées dans le répertoire des formes vintage, ces ramifications sont également en vedette chez Villeroy&Boch (Urban Jungle), 14Oraitaliana (Tahiti), Fuoriformato (Oasi), ou encore Ape Ceramica (Crayon) qui diffère des autres propositions par ses contours soulignés de légers reliefs émaillés (…).
Les flowers reprennent du power
Avec cette végétation permanente dont le temps ne saurait faner la beauté (ce dont se chargera peut-être la mode), la décoration bénéficie d’un éternel printemps. Les revêtements muraux font logiquement aussi la part belle aux fleurs, dont les bouquets chatoyants se fondent ou se détachent de la verdure pour former des parterres… montants. Le flower power est de retour ! Cette ode ornementale est illustrée notamment par le carrelage façon tapisserie rehaussée de calices de couleurs vives du décor Tropica, Dark Edition, Ceramic Wallpaper Wide&Style de ABK (existe en 160 x 320, 120 x 240 et 60 x 120 cm, épaisseur 7 mm) ou l’Eclettica de Marrazzi. Du côté de la mosaïque, Bisazza cultive son art raffiné en mettant en scène un jardin merveilleux. Les « tableaux » composés de tesselles sont, comme chaque année, signés de grands noms du design, à l’instar de Carlo dal Bianco qui a imaginé le décor Tuileries (photo de droite), associé à un lavabo et un cadre de miroir en céramique vert pistache conçus par India Madhavi dans un parti-pris rétro parfaitement assumé. Les tendances sont un éternel recommencement !
En filigrane, une philosophie verte
Au-delà de la tendance, soulignons que chez Casalgrande Padana, la forme a également du fond. En effet, la collection de dalles Greentech ne se contente pas de copier la nature en imitant l’iconique cascade murale formée par du lierre mêlé à des plantes grimpantes. Au format 120 x 240 cm, ces dalles Kontinua (épaisseur 6,5 mm) offrent bien plus que leur texture bluffante en œuvrant à la qualité de l’air. Leur secret réside dans la technologie BioSelfCleaning, fruit de la collaboration entre le centre de recherche de Casalgrande Padana et la marque japonaise Toto qui, en plus de ses activités dans le secteur des produits sanitaires, développe des systèmes photocatalytiques sous la marque Hydrotec. Ainsi, les jardins verticaux hyper-réalistes composés avec ces dalles de grès cérame de dernière génération ne posent aucun problème d’entretien dans la jungle urbaine (photo de droite) : en présence de lumière solaire, les saletés déposées à leurs surfaces se décomposent automatiquement pour être ensuite éliminées par l’eau de pluie. De là à les mettre en œuvre dans la salle de bains…