Le 9 décembre 2021, la cession par Kohler France du site industriel de Damparis a été officiellement signée. L’occasion pour le groupe Kramer, repreneur, d’accueillir dans cette usine emblématique les représentants de l’Etat et de la Région ayant contribué à sa concrétisation, ainsi que les salariés en train de la remettre en route.
Stoppée en juin 2021 par Kohler, la production redémarre à l’usine de céramique sanitaire de Damparis, dans le Jura. Cinquante-quatre salariés, pour la plupart des anciens de Jacob Delafon/Kohler, sont déjà ou seront rapidement à pied d’œuvre pour livrer, d’ici six mois, les premières vasques, cuvettes… de la Jurassienne de Céramique Française (JCF) aux clients historiques de Kramer, notamment Saint-Gobain Distribution Bâtiment France. Mais pas uniquement : le groupe, qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires en fabriquant de la robinetterie sous marques de distributeurs, va appliquer ce même modèle à la céramique, en produisant des pièces sous MDD et d’autres, haut de gamme, sous ses marques propres (Horus et Kramer).
La mobilisation des collectivités locales
Lors de cette inauguration, les personnalités politiques [1] ayant travaillé sur le projet ont expliqué, d’un discours à l’autre, comment l’Etat et les collectivités locales se sont mobilisés pour que l’usine Jacob Delafon, partie intégrante de ce territoire, ne disparaisse pas. Ainsi, le premier a versé une subvention d’un million d’euros et octroyé différents prêts, tandis que la communauté d’agglomération du Grand Dole a racheté à Kohler, par l’intermédiaire d’Aktya, société d’économie mixte du Grand Besançon dont elle est actionnaire, les terrains et les bâtiments – 75 000 m² couverts –, qu’elle loue au groupe Kramer jusqu’à ce qu’il en devienne le propriétaire.
Toutefois, aussi nécessaire soit-il, cet accompagnement économique et juridique ne peut suffire : « Pour que la réindustrialisation puisse exister, il faut avant tout des chefs d’entreprise volontaires » a observé Anne Vignot, maire de Besançon et présidente d’Aktya. Ce que Jean-Marie Sermier, député du Jura, a exprimé plus clairement encore : « On se demandait comment un groupe industriel pouvait vouloir reprendre, mais on ne connaissait pas encore Manuel Rodriguez. »
La volonté d’un chef d’entreprise
Il est vrai que le groupe Kramer n’a pas ménagé ses efforts pour mener à bout cette reprise. Après un an ou presque de bataille, il vient d’acquérir les équipements industriels du site, mais s’est également engagé à investir cinq millions d’euros sur trois ans (à mettre en balance avec son chiffre d’affaires annuel, de trente millions d’euros).
« Le made in France fait partie intégrante de notre ADN », a expliqué Manuel Rodriguez, président du groupe Kramer. Non sans émotion, il a fait part de son « amour inconsidéré pour la France » où sa famille a été accueillie dans les années 1950, qui l’a poussé à faire ce pari et à permettre à l’usine Jacob Delafon – non pas la dernière en France mais, en activité depuis 1898, la plus ancienne – de rester dans l’Histoire de la céramique sanitaire française non pas comme l’incarnation d’un savoir-faire perdu, mais plutôt le symbole d’une possible réindustrialisation du pays.
Rendez-vous à Idéobain
Avec plus de cinquante salariés ultra motivés – soixante-dix à la fin de l’année prochaine et cent cinquante à l’horizon 2026 –, dont le savoir-faire, complet, permet une fabrication 100 % française, Kramer ambitionne de développer une douzaine de modèles d’ici le milieu de l’année 2022. Ceux-ci seront présentés sur le salon Idéobain à l’automne 2022. Rendez-vous est donc pris.
[1] Sont intervenus durant l’inauguration, outre Manuel Rodriguez, président du groupe Kramer : François Hommeril, président de la CFE-CGC – Anne Vignot, maire de Besançon et présidente d’Aktya – Jean-Pascal Fichère, président du Grand Dole – Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté – Jean-Marie Sermier, député du Jura et vice-président de la Commission Développement Durable, conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté – David Philot, préfet du Jura – et, par l’intermédiaire d’une vidéo pré-enregistrée, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie.
Repères
♦ Kramer, groupe familial implanté dans la Meuse depuis 1981, annonce 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en France et 112 employés (hors la JCF). Il fabrique à hauteur de 40 % pour ses marques Kramer et Horus (Entreprise du Patrimoine Vivant) et de 60 % pour des marques de distributeurs.